Deux Mirage 2000 français et des hélicoptères de l'Onu ont parcouru jeudi le nord du Mali à la recherche de l'épave d'un avion d'Air Algérie qui devait assurer la liaison entre Ouagadougou et Alger avec 116 personnes, dont 51 Français, à son bord. Selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, aucune hypothèse ne peut être exclue pour expliquer la disparition de l'appareil, avec lequel tout contact a été perdu tôt jeudi matin. «C'est une saison très difficile là-bas météorologiquement, cela peut être à l'origine bien sûr de la catastrophe, mais il y a aussi d'autres hypothèses et on ne doit exclure aucune hypothèse avant d'avoir tous les éléments», a déclaré le ministre sur France 2. Le Mali et le Burkina Faso ont livré des versions contradictoires sur la localisation du MD-83 de la compagnie charter espagnole Swiftair affrété par Air Algérie. Le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, a affirmé que l'épave avait été repérée dans le nord du pays, non loin de la frontière avec l'Algérie, entre les villes de Kidal et Aguelhoc. Le général Gilbert Diendéré, membre de la cellule de crise au Burkina Faso, a quant à lui déclaré que ses équipes avaient retrouvé les débris de l'avion dans le sud du Mali, à 50 km de la frontière avec le Burkina Faso. A Gossi, une ville située dans cette zone, les autorités locales ont également dit à Reuters avoir trouvé l'appareil manquant. Un peu plus tôt dans la journée, un responsable de l'aviation civile algérienne avait confirmé que l'avion, qui assurait le vol AH 5017, s'était écrasé. Hollande reporte un voyage Le président français François Hollande a annoncé le report de son voyage dans l'océan Indien. «Je resterai à Paris tout le temps nécessaire», a-t-il dit à l'Elysée. «Tous les moyens seront mobilisés pour retrouver cet appareil.» Selon l'agence de presse algérienne APS, le contact a été rompu une heure après le décollage de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Dans une note postée sur son site, Swiftair a précisé que l'appareil, qui avait 18 ans, avait décollé à 01h17 locale (01h17 GMT) de Ouagadougou et qu'il était censé atterrir à Alger à 05h10 (04h10 GMT) mais n'a jamais atteint sa destination. Le dernier contact avec l'appareil a eu lieu à 01h55 GMT, alors que l'avion survolait Gao, au Mali, a déclaré un responsable algérien. Mais les autorités du Burkina Faso disent que le vol a été pris en charge par la tour de contrôle de Niamey, au Niger, à 01h38 (01h38 GMT) et que le dernier contact avec l'appareil a eu lieu juste après 03h30 GMT. A Niamey, on affirme n'avoir eu aucun contact avec l'avion. Laurent Fabius a précisé à Paris que 51 Français étaient à bord. «L'appareil survolait probablement l'espace aérien malien» lorsque l'équipage a indiqué devoir sortir de sa route pour des raisons météorologiques, a-t-il indiqué. Le représentant d'Air Algérie au Burkina Faso, Kara Terki, a précisé que tous les passagers étaient en transit et devaient se rendre ensuite en Europe, au Proche-Orient ou au Canada. Les autorités du Burkina Faso ont dit que la liste des passagers comprenait, outre les 51 Français, 27 Burkinabés, huit Libanais, six Espagnols (les membres d'équipage), six Algériens, quatre Allemands, deux Luxembourgeois, cinq Canadiens, un Camerounais, un Belge, un Egyptien, un Suisse, un Nigérian, un Malien et un Nigérian. Le ministère libanais des Affaires étrangères a toutefois fait savoir que son ambassade à Abidjan évaluait à au moins 20 le nombre de ses ressortissants qui se trouvaient à bord - certains d'entre eux peuvent avoir une double nationalité. Les six membres d'équipage sont espagnols, selon l'association des pilotes de ligne espagnols SEPLA. Le pilote a demandé à modifier sa route à 01h38 GMT en raison d'une tempête dans la région, a dit pour sa part le ministre burkinabé des Transports, Jean Bertin Ouédraogo. A Bamako, la capitale du Mali, un diplomate a déclaré que le nord du pays avait été touché par une puissante tempête de sable durant la nuit. Deux Mirage 2000 français basés en Afrique ont été mobilisés pour mener des recherches, a-t-on appris auprès de l'état-major des armées françaises. La dernière catastrophe aérienne frappant Air Algérie remontait à 2003, lorsqu'un de ses avions s'était écrasé peu après son décollage de Tamanrasset, dans le sud de l'Algérie. L'accident avait fait 102 morts. En février dernier, un avion de transport militaire s'est écrasé sur une montagne dans l'est du pays faisant 77 morts.