L'ancien président français Nicolas Sarkozy, mis en examen, dans la nuit de mardi à mercredi, pour corruption active, trafic d'influence et recel de violation du secret de l'instruction, a dénoncé une instrumentalisation politique d'une partie de la justice, se disant choqué que ses conversations téléphoniques soient écoutées et diffusées par des journalistes. Dans un entretien, mercredi soir à la chaîne de télévision TF1 et à radio Europe 1, M. Sarkozy, qui a été placé mercredi en garde à vue pendant quinze heures dans les locaux de l'office anti-corruption, avant d'être conduit au pôle financier du Tribunal de Grande Instance (TGI ) où deux juges lui ont signifié sa mise en examen, a souligné qu'il n'a rien à se reprocher. « J'ai été en garde à vue pendant 15 heures sous la surveillance de policiers. Les juges qui instruisent l'enquête m'ont donné rendez-vous à deux heures du matin. Il y avait une volonté de m'humilier en me convoquant sous le statut de la garde à vue qui n'est pas un statut normal», a estimé l'ancien président français. Il a également dénoncé le choix d'une juge membre d'un syndicat de magistrats étiqueté à gauche pour instruire l'enquête, y voyant une obsession politique de le détruire. «Je suis profondément choqué de ce qui s'est passé. Mais si j'ai commis des fautes, j'en accepterais toutes les conséquences», a-t-il dit, qualifiant de «grotesques» les faits qui lui sont reprochés. A la question de savoir s'il allait se présenter à la présidence de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP), Sarkozy a répondu qu'il aurait à décider, après un temps de réflexion, à la fin du mois d'août ou au début septembre de ce qu'il va faire. Dans la matinée, le Premier ministre Manuel Valls avait qualifié les faits reprochés à Nicolas Sarkozy de «graves», alors que les ténors de l'UMP ont dénoncé un acharnement judiciaire contre l'ancien président français. Trois autres personnes proches de Nicolas Sarkozy ont été également mises en examen dans le cadre de cette affaire à savoir son avocat Thierry Herzog et deux hauts magistrats de la Cour de Cassation. Nicolas Sarkozy avait déjà été mis en examen en mars 2013 pour abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire Liliane Bettencourt avant de bénéficier d'un non-lieu sept mois plus tard. L'enquête sur cette deuxième mise en examen avait été ouverte en février dernier sur la base d'écoutes téléphoniques qui ont visé Nicolas Sarkozy et ses proches. Ces interceptions téléphoniques auraient révélé que l'ancien chef de l'Etat français et son avocat étaient renseignés d'une procédure judiciaire en cours à la Cour de cassation.