Le temps du noir et blanc, l'époque où pour « tirer » une photo, c'est-à-dire procéder à toutes les étapes du développement de la pellicule, il fallait au minimum deux heures de travail minutieux dans une chambre noire. Désormais à l'ère du numérique où tout se fait en un « clic », tous ces procédés longs et fastidieux ne signifient plus rien pour les reporters de l'an 2000 et suivants. Il n'empêche qu'autrefois les photographes ont sué sous le harnais pour laisser à la postérité des témoignages émouvants. Ainsi de cette photo qui donne une image, un instantané, disait-on alors – d'un match Wydad-U.S de Mohammadia (U.S.M., datant de 1975). Au premier plan, on reconnaît Safari solide technicien international qui est parti vivre en Suisse. Derrière lui chevelu et barbu c'est Houcine le joueur le plus célèbre de Mohammadia après Acila et Faras. Au fond de la photo c'est le légendaire Abdelkader Lachhab, aujourd'hui ambassadeur du Maroc à Moscou et qui retrouvera avec plaisir les joueurs de l'équipe nationale de Zaki ces jours ci pour le match amical du 6 juin dans la capitale de Poutine. Lachhab avait été transféré par le président Mékouar du Mouboudia d'Oujda au Wydad. Il y a réussi aussi bien qu'il l'avait fait au MCO et auparavant à l'USMO son club d'origine. Au Wydad ses talents d'attaquant et surtout de buteur firent merveille. Et Belmejdoub le mit en tête de sa sélection pour la CAN 1976. Lachhab n'ira jamais en Ethiopie, car appelé en sélection il refusa fort poliment dans une lettre adressée à la FRMF expliquant qu'il menait des études supérieurs parallèlement au foot, et que la CAN réclamait un temps trop long pour qu'il puisse y aller sans porter préjudice à ses examens. Belmejdoub en fut très contrarié mais il comprit l'intérêt du joueur, et accéda à sa demande. Un autre wydadi partit en 1976 renforcer l'attaque composée de Faras, Acila, Tazi et Guezzar, ce fut Bouali qui fit une remarquable prestation. Le Maroc sera Champion d'Afrique, et Lachhab cette année là réussit avec brio ses examens, en sciences politiques. Après le foot et le Wydad, il entama une carrière diplomatique qui le mena dans plusieurs capitales (Madrid, Montréal, Tokyo) et à Moscou où le foot l'a rejoint. Bonnes retrouvailles.