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Colloque «Enseignement, langues et cultures» en l'honneur à Leïla Messaoudi : Une nouvelle exploration du plurilinguisme et des problèmes d'enseignement des langues au Maroc
L'enseignement des langues au Maroc continue à avoir une actualité brûlante avec des enjeux de développement économique et social de premier plan. Des centaines de milliers d'étudiants arrivés dans les campus universitaires se trouvent pris au piège avec le handicap linguistique lourd qui entrave gravement leur parcours. «Enseignement, langues et cultures » est le thème d'un nouveau colloque qui revient en long et en large sur le sujet. Il se tient aujourd'hui et demain (jeudi 10 et vendredi 11 avril) à la Faculté de Lettres et sciences humaines de Mohammedia organisé «en l'honneur du professeur Leila Messaoudi» sociolinguiste à l'Université Ibn Tofeil avec un riche parcours de recherches scientifiques étalées sur plus de quatre décennies. La manifestation, qui verra la participation de professeurs chercheurs des universités marocaines, autour de la question du plurilinguisme et de l'apprentissage des langues au Maroc, est organisée par le laboratoire d'Etudes et de recherches sur l'interculturel (Faculté de Lettres El Jadida) et le laboratoire Ingénierie pédagogique et sciences humaines (Faculté de Lettres Mohammedia). Plusieurs thèmes seront débattus au cours du colloque autour du problème de l'apprentissage des langues, du phénomène de la diglossie, de la darija, de l'apprentissage de l'amazigh, de l'arabe, du français, de l'anglais. La question de l'enseignement des langues d'une part et de la langue d'enseignement de l'autre figurent les deux axes principaux autour de la question de l'enseignement, problème brûlant de l'heure avec les enjeux économiques et sociaux impliquant développement et emploi des jeunes. Problème constamment débattu et dont les solutions, conçues dans l'urgence, ont désormais vu leurs limites. Près de trente communications en arabe, français et anglais vont devoir revenir sur le sujet à travers ses multiples aspects scientifique, pédagogique, économique, social et culturel refaisant l'état des lieux et proposant des solutions. La séance d'ouverture sera marquée par des témoignages sur le parcours de Leila Messaoudi en tant que sociolinguiste, avec notamment des interventions de Ahmed Boukous recteur de l'IRCAM, et Ouidad Tabaa doyenne de la Faculté de lettres de Marrakech. Pour sa part, Abdelhamid Ibn El Farouk, linguiste (Fac de Mohammedia) reviendra aussi sur le brillant parcours de sociolinguiste de Leila Messaoudi, son originalité et son apport pour la recherche. Mohamed Eassaouri parlera, quant à lui, de l'enseignement des langues à l'université marocaine. De son côté, toujours dans la même séance inaugurale, Leila Messaoudi, objet d'hommage du colloque, donnera une communication sous le thème «Langue et développement, quelle place pour les technolectes ?». A côté des horizons scientifiques entre théorie et pratique qu'offre le panorama des communications, il y a surtout l'accent qui est mis sur les problèmes qui continuent à se poser pour les étudiants universitaires avec le taux toujours très élevé de décrochage et les difficultés cognitives et d'insertion dans la vie active à cause toujours des problèmes de maîtrise des langues. C'est surtout les bacheliers arrivés à l'université (établissements supérieurs publics à accès ouverts) qui ont les difficultés insurmontables pour poursuivre leurs études à cause des handicaps linguistiques pour des langues d'enseignement, instrument véhiculaires du savoir qu'ils ne possèdent pas. Comment acquérir des connaissances tout en étant dépourvu totalement de moyens linguistiques? Pourtant ce sont 1200 à 2000 heures d'enseignement de la langue française par exemple qu'ils auraient en principe reçu au cours de leur scolarité sans résultat. On parle du français parce qu'il s'agit de la langue requise en tant que «langue d'enseignement» à l'université. Des réformes pour essayer de remédier au problème ont été introduites au niveau des universités, histoire de tendre la perche aux étudiants pour un hypothétique repêchage. Ce fut le cas en 2003 et ensuite avec le fameux Plan d'urgence en 2010. Peine perdue ! En fait, tout le système d'enseignement des langues est à revoir depuis l'école primaire. Leila Messaoudi, sociolinguiste, professeur chercheur à l'Université Ibn Tofeil Kénitra avec un parcours scientifique de 43 ans a à son actif de nombreux ouvrages et études «Temps et aspect ; Approche de la phrase simple en arabe écrit» éditions Geuthner Paris 1985, «Etudes sociolinguistiques» éditions Okad 2003, Rabat, «L'aménagement linguistique au Maroc» éditions Okad, «Le parler des Jbala : questions de phonologie» in «Espace et pratiques», publication du groupe pluridisciplinaire d'études sur les Jbala, Casablanca , Imprimerie Najah al Jadida 2001, «Eléments pour un dictionnaire des sciences humaines et sociales au Maroc» etc. Ces nombreux articles démontrent le choix de chercheur Leila Messaoudi dont les travaux s'incarnent dans des recherches pointues d'où la prépondérance des articles-études comme cela se passe pour les travaux de sciences exactes.