Les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (« région MENA ») accusent du retard par rapport à d'autres régions du monde dans le déploiement des réseaux haut débit, l'accès à l'Internet et son utilisation, et la création des contenus numériques. C'est ce qui ressort, en tout cas, d'un nouveau rapport de la Banque Mondiale sur les réseaux à large bande dans le monde arabe, intitulé : « Les réseaux haut débit dans la région MENA : pour une accélération de l'Internet haut débit ». Les services Internet haut débit se développent plus lentement dans la région MENA que dans d'autres régions émergentes d'Europe et d'Asie. À l'exception des pays du Golfe, où les populations ont déjà largement accès au Web, la Banque constate que dans beaucoup de pays du monde arabe, cet outil de communication essentiel n'est accessible qu'à moins du quart des ménages. Des millions de gens n'ont pas les moyens de s'offrir ces services et risquent donc d'être les laissés pour compte de la révolution de l'information qui définit le monde moderne. Pour le Maroc, le rapport estime que les ménages disposant des revenus les plus faibles devraient dépenser environ 30 à 40% de leurs revenus pour bénéficier du service Internet haut débit fixe ou mobile. Et la même source d'ajouter qu'un ménage représentatif appartenant aux 40% les plus démunis de la population marocaine devrait payer 33% de son revenu disponible pour avoir accès au haut débit mobile. Ce même ménage devrait payer près de 30% de son revenu disponible pour avoir accès au haut débit fixe. La situation est légèrement plus favorable pour les 60% les plus démunis de la population marocaine en termes de revenu. L'accès au haut débit mobile leur coûtera près de 26% de leur revenu disponible et l'accès au haut débit fixe près de 23% de ce même revenu. En dépit de l'importance des réformes entreprises au Maroc, pionnier à bien des égards, les services haut débit restent encore inabordables pour la majorité de la population. Pour autant, le Maroc reste le pays le plus performant de son groupe. Le haut débit, aussi bien fixe que mobile est loin d'être abordable pour au moins 60% de la population marocaine, estime la Banque mondiale. Celle-ci tient à noter qu'un seul câble à fibres optiques (Ibn Khaldoun) assure la connectivité à haut débit au niveau régional entre la Libye, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. Publié le 6 courant, le rapport rappelle que le déploiement des réseaux à large bande stimule le développement économique et est devenu incontournable pour la compétitivité des pays. « Le monde arabe affiche une croissance économique plus lente et un niveau élevé de chômage, en particulier chez les jeunes et chez les femmes, déplore Carlo Maria Rossotto, coordinateur régional du secteur des TIC à la Banque mondiale pour la région MENA et co-auteur du rapport. L'Internet haut débit peut modifier radicalement les perspectives socioéconomiques de la région et contribuer à une croissance accélérée et à une prospérité partagée. » Le rapport évalue pour la première fois les ressources encore inexploitées des réseaux de fibres optiques appartenant aux compagnies de services publics d'énergie, d'électricité et de transport, et comment ils pourraient contribuer à la mise en place de services Internet abordables. Une meilleure utilisation de ces réseaux pourrait élargir l'accès au service Internet sur large bande, y compris dans les régions rurales. L'Algérie pourrait devenir un chef de file régional dans ce secteur grâce aux 49 000 km de fibres optiques déployées par Algérie Telecom et aux réseaux de plus de 20 000 km dont disposent les services publics. Par ailleurs, en Libye, les sociétés pétrolières et gazières possèdent de vastes réseaux de fibres optiques qui pourraient jouer un rôle important dans le développement de l'Internet. Le rapport propose un certain nombre de stratégies à l'intention des pays de la région MENA qui souhaitent entreprendre une réforme du secteur Internet. Il préconise en particulier de favoriser la concurrence entre les différents services de télécommunications pour les inciter à offrir à plus de clients des services Internet haut débit basés utilisant toutes les plateformes technologiques. Explorer de nouveaux modèles de partenariat public-privé permettrait aussi une exploitation plus efficace des réseaux haut débit et d'en élargir l'utilisation au niveau local. La Banque mondiale considère enfin que l'accès aux technologies de l'information et de la communication est une condition essentielle pour réaliser de véritables transformations. Selon M. Rossotto, « l'investissement dans les réseaux haut débit pourrait créer des milliers d'emplois dans le secteur des infrastructures tout en favorisant une progression généralisée de l'emploi fondée sur l'économie du savoir dans la région»