Ce sont non pas un, mais deux volumes, qui nous content en détail l'Histoire de Rabat et de sa région. Volumes publiés et diffusés cependant au compte goutte, à cause de leurs prix jugés excessifs dans les librairies. Ces recherches ont été rédigées par des chercheurs français, arrivés en 1918 sur recommandation du Résident Général à Rabat, le Maréchal Hubert Lyautey, l'un des bâtisseurs du Maroc. L'œuvre en question vise à faire connaître aux administrateurs français la nouvelle capitale du Maroc. Une capitale nommée Ribat El Fath (camp des conquêtes), qui s'enrichit de constructions de différentes époques, comptant des populations plus ou moins nombreuses en fonction des époques traversées, sous les règnes almohade, saâdien, puis alaouite. L'Histoire de la ville de Salé, voisine par le fleuve Bouregreg, est également décrite avec force détails, rendant compte des influences romaines, almoravides, almohades, mérinides et enfin alaouites qui se succèdent. Les deux villes de Rabat et Salé connaissent aux 15ème et 16ème siècles, l'invasion des Andalous Hornacheros et Morisques, de même que celle d'un certain conquérant nommé Al Ayyachi. L'Histoire du Chellah n'est pas oubliée non plus, qui connut des périodes phéniciennes et romaines. Elle devint par la suite la nécropole des sultans mérinides et lieu des saints et des moussems auxquels venaient assister les sultans alaouites. On revient à l'Histoire de Rabat, pour préciser qu'elle fut quasi-indépendante, dotée d'une organisation administrative, d'un gouvernement composé d'Andalous. Les deux villes tombèrent par la suite entre les mains des Dilaites, berbères zaïans venus du Moyen Atlas, puis furent libérées par un certain Ghaïlan venu du Nord. Plus tard, vinrent les chérifs filaliens avec Moulay Rachid et Moulay Ismail. Le principal bâtisseur de certaines places de Rabat fut le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah. Peu avant la mort du Sultan Moulay Slimane, sous les pressions des Européens, la course et la piraterie se termina, suite au bombardement des deux villes par l'amiral français Dubordieu. Salé fut gouvernée par des hommes de haute influence, appartenant à la famille des Fennich et des Maâninou. Mais par malheur, la peste et le choléra s'installèrent dans ces deux villes et les Sultans Hassan Ier et Moulay Abdelaziz n'eurent pas assez de leurs règnes pour en venir à bout. Les habitants s'adonnèrent à la bénédiction des Saints, d'où la construction du Maristan Sidi Ahmed Ben Achir... Ces péripéties sont racontées dans ces deux volumes, documents en arabe et en français à l'appui. De nombreux chercheurs et historiens sont cités, de quoi enrichir les connaissances des Rbatis et Slaouis sur l'Histoire de leurs villes respectives. Avant de terminer, il y a lieu d'évoquer les relations commerciales de ces deux villes avec l'Europe. Durant le Moyen-Age, Salé eut ainsi des relations étroites avec les républiques italiennes, faites d'échanges commerciaux. La France et l'Angleterre se disputaient les marchés salétins et rbatis. Finalement, c'est la France qui l'emporta par la présence constante de ses divers consulats, qui abusaient de leur situation en accordant la nationalité à leurs intermédiaires marocains. Les deux volumes en question, après avoir décrit l'Histoire des deux villes, passent à la description des deux villes : remparts, ports, borjs, quartiers, mellahs, portes des quartiers, quartiers européens, mosquées, hammams, casbah des Oudayas, fontaines publiques et souks. Puis les auteurs de ces deux volumes n'omettent pas de décrire les comportements des habitants des deux villes à commencer par les chorfas Alaouites, les Idrissides, les Ouazzanis, les Kadiris, les Andalous et les Etrangers. Vient ensuite la description de la vie religieuse, animée par les confréries, leurs zaouias et marabouts... Les deux villes Rabat et Salé sont entourées de populations rurales connues : les Haouzias, les Oudayas, les Arab, les Amer, les Hsein. Les auteurs n'ont pas non plus oublié de parler de l'existence des Juifs qui étaient nombreux dans les deux Mellah, confinés dans leurs habitations... On ne se lasse pas de lire ces deux volumes attachants. A faire lire aux Marocains, notamment les Rbatis et les Slaouis. Il faut rendre hommage à l'initiateur de l'écriture de cette Histoire des deux villes en 1918, le maréchal Hubert Lyautey. Car aucun autre livre ne fut écrit de la sorte jusqu'à nos jours, pour actualiser les deux volumes précités, alors même qu'il existe un Office public, dépendant des Habous et confié au professeur Mohammed Tawfiq, chargé soit disant de la réécriture de l'Histoire de notre pays...