Alors que le système éducatif marocain a développé les scolarisations de manière significative pendant les 10 dernières années, la qualité des acquisitions des élèves reste faible par rapport à ce qui est observé dans d'autres pays, aussi bien pour l'enseignement primaire, que pour le premier cycle de l'enseignement secondaire. Les données utilisées pour analyser cette question sont celles des enquêtes TIMSS (Trends in Mathematics and Science Study) de l'année 2007 ; 36 pays ont participé à l'évaluation des acquis en quatrième année d'études (primaire) et 48 pays pour ceux en huitième année d'études (collège). De ce corpus de données, nous avons extrait une estimation du niveau moyen des acquisitions des élèves du primaire dans 20 pays (dont le Maroc) ayant un PIB par habitant compris entre 1 000 et 10 000 dollars des Etats-Unis de l'année 2008. Nous avons complété l'échantillon par huit pays d'Afrique subsaharienne dont le PIB par habitant est dans la même fourchette et pour lesquels nous disposons d'une mesure des acquisitions des élèves du primaire dans le dispositif PASEC ou SACMEQ et pour lesquels un recalibrage des échelles de mesure a pu raisonnablement être réalisé. On observe que le résultat du Maroc (score moyen d'acquisitions de 345) est plutôt inférieur à la moyenne de l'échantillon global des pays comparateurs considérés (374); et que le déficit du pays est même sensiblement plus accentué si on ne prend pas en compte les pays d'Afrique Subsaharienne pour lesquels la mesure du résultat provient d'une estimation éventuellement moins robuste (score moyen de 412). Par ailleurs le score du Maroc est très en deçà de celui des pays les plus performants tels que l'Arménie et la Hongrie qui ont respectivement des scores moyens de 492 et 523. Quelle efficience pour le système éducatif marocain Jusqu'ici, les résultats du système éducatif marocain ont été jugés en eux-mêmes sans tenir compte de ce que coûte leur production. Or on peut considérer que la référence au coût est essentielle, car il est évidemment souhaitable de produire le maximum de résultats en utilisant le minimum de ressources, dans une optique d'efficience, qui permettrait de dégager des marges de manoeuvre pour une couverture plus large (donc plus équitable) dans les services ou pour des usages alternatifs. Si on analyse les dépenses publiques consacrées au système éducatif, on observe qu'elles représentent 6,3 % du PIB du Maroc en 2010. Dans une perspective comparative internationale, les dépenses publiques pour l'éducation sont beaucoup plus importantes aux Maroc que dans d'autres pays. Si on considère les autres pays dont le PIB par habitants est compris entre 1 000 et 10 000 dollars des Etats Unis, les dépenses publiques d'éducation représentent 4,4 % du PIB seulement. L'analyse de l'efficience dans le système éducatif concerne à la fois les aspects quantitatifs relatifs à la couverture scolaire et les aspects qualitatifs liés aux acquisitions des élèves. Sur le plan quantitatif, la mesure utilisée met en rapport l'espérance de vie scolaire (durée moyenne de scolarisation) et les dépenses du secteur de l'éducation mesurées en pourcentage du PIB. Sur le plan qualitatif, étant donné que l'évaluation des acquisitions au test TIMSS est réalisée dans l'enseignement primaire, la mesure utilisée est le rapport entre le score moyen et le coût unitaire de l'enseignement primaire mesuré en pourcentage du PIB par habitant. Le graphique 6 ci-dessus synthétise les résultats du Maroc sur ces deux plans et fournit une image directe de la position du Maroc par rapport à d'autres pays. On peut en premier lieu constater une tendance assez marquée à ce que les pays qui sont plus performants au plan de l'efficience quantitative (au niveau système) le soient aussi au plan de l'efficience qualitative (ici confinée au cycle primaire). On identifie aussi, la situation défavorable du Maroc (point rouge dans le graphique) dans la comparaison internationale en matière d'efficience dans l'usage des crédits publics mobilisés pour le système éducatif. Le Maroc mobilise des ressources publiques relativement substantielles mais réussit moins bien que de nombreux autres pays à générer i) autant de couverture scolaire pour sa jeunesse qu'il apparaît possible et ii) un niveau d'apprentissages chez ceux qui sont scolarisés qui soit aussi élevé que ce qui pourrait être raisonnablement anticipé. Jusqu'à ce point, deux faits centraux ont pu être établis : - le pays mobilise un volume important de ressources publiques pour le secteur de l'éducation; - mais, en référence à la plupart des autres pays comparables, cela ne se traduit pas en des niveaux satisfaisants de résultats tant en matière de quantité et de couverture globale du système que de qualité des apprentissages des élèves. Ceci soulève donc des questions sérieuses en matière d'efficience. Ces questions sont d'autant plus sérieuses que dans la mesure où les dépenses publiques sont à des niveaux très élevés, il sera forcément difficile de les augmenter, sachant par ailleurs que le système a des besoins évidents de progresser. Dans ce contexte, la recherche de l'amélioration de l'efficience constitue plus qu'une option, une sorte de nécessité.