L'ONG des droits de l'Homme Walk Free Foundation, basée en Australie, vient de publier, pour la première fois, un rapport sur l'indice de l'esclavagisme moderne. « Chaque année, Walk Free Foundation va produire l'image globale plus détaillée du nombre de personnes asservies disponibles. L'indice permettra également d'identifier les facteurs qui mettent en lumière le risque d'esclavage moderne dans chaque pays et d'examiner la solidité des réponses du gouvernement à s'attaquer à ce problème », souligne l'ONG américaine. Le rapport souligne que la note attribuée à chaque pays est un agrégat de trois facteurs: la prévalence de l'esclavage moderne, le taux de mariage de mineurs et le niveau de trafic de personnes. En termes de cet indice, le Maroc occupe, plutôt, une position confortable. Sur un total de 162 pays, le Royaume est classé 91ème avec une estimation d'environ 50.000 «esclaves». Au niveau maghrébin, la Tunisie est classée 122éme, l'Algérie au 93ème rang, et la Libye au 78ème. Quant à la Mauritanie, elle arrive première au niveau même mondial avec 150.000 esclaves. Dans le Maghreb et le Moyen-Orient, on compte près de 2,5% du nombre total d'esclaves dans le monde, soit plus de 29 millions de personnes qui vivent aujourd'hui dans le monde dans des conditions d'esclavage, notamment comme travailleurs sexuels ou main-d'œuvre non qualifiée exploités par des bandes criminelles. Dans le tableau des dix meilleurs pays de l'Indice sur l'esclavagisme moderne, on trouve respectivement Islande, Irlande, Grande-Bretagne, Nouvelle Zélande, Suisse, Suède, Norvège, Luxembourg, Finlande et Danemark. Les pays ayant le plus grand nombre de personnes asservies sont l'Inde, la Chine, le Pakistan, le Nigeria, l'Ethiopie, Russie, Thaïlande, République démocratique du Congo, le Myanmar et le Bangladesh. Pris ensemble, ces pays représentent 76% de l'estimation totale de 29,8 millions d'euros en esclavage moderne. Au Maroc, l'esclavage moderne prend la forme du travail des « petites bonnes ». Une pratique qui est malheureusement courante dans le Royaume. Ce sont surtout les petites filles âgées entre 6 et 10 ans qui souffrent de l'esclavagisme moderne. A cause, certes, de la pauvreté, elles sont envoyées par leurs parents, vivant à la campagne, aux villes pour travailler comme bonnes. Et là, elles seront, pour la plupart, mal payées, mal nourries, mal logées et mal traitées... Elles sont dépourvues de l'affection parentale, éloignées du système d'éducation, privées d'instruction, leurs droits bafoués et sujettes aux pires formes de violences physiques, psychologiques et sexuelles. Selon les chiffres officiels, il y a entre 50.000 à 80.000 petites bonnes au Maroc. Néanmoins, d'après le Haut Commissariat au Plan (HCP), le travail des enfants en général est en forte régression. Quelque 92.000 enfants de 7 à moins de 15 ans travaillaient en 2012, soit 1,9% de l'ensemble des enfants de cette tranche d'âge, contre 9,7% en 1999. A. C.