Les ministres iranien et américain des Affaires étrangères se sont rencontrés jeudi pour évoquer le dossier du nucléaire lors de discussions dont le ton a été qualifié de positif même si la prudence reste de mise de part et d'autre.La réunion entre John Kerry et Javad Zarif est intervenue après d'autres rencontres organisées par la délégation iranienne depuis l'ouverture de la 68e Assemblée générale des Nations unies. Depuis plusieurs années déjà, les occidentaux soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de la bombe atomique sous couvert de son programme nucléaire, ce que Téhéran dément, affirmant que ses recherches ne visent qu'à maîtriser les usages civils de l'atome. «Nous avons eu une réunion très constructive», a déclaré John Kerry à des journalistes après cette rencontre d'une trentaine de minutes lors de laquelle les deux hommes étaient assis côte-à-côte témoignant de la volonté des deux parties de mettre de côté, provisoirement du moins, des tensions qui remontent à plus de 30 ans. John Kerry a toutefois ajouté: «inutile de dire qu'une réunion et un changement de ton, qui furent les bienvenus, ne suffisent pas à répondre à toutes les questions et qu'il reste encore du travail à faire.» Javad Zarif, un diplomate qui a fait une partie de ses études aux Etats-Unis, a également fait preuve de prudence au sortir de la rencontre tout en insistant sur la nécessité d'une levée des sanctions occidentales qui pèsent sur la République islamique en raison du refus de Téhéran de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium. «Cette première étape est satisfaisante. A présent, nous devons voir comment nous pouvons traduire ces mots en action afin d'avancer», a-t-il déclaré. «Bien sûr, à mesure que nous avancerons, il faudra qu'il y ait une levée des sanctions et en fin de compte, il faudra une levée totale de toutes les sanctions, unilatérales, bilatérales, multilatérales ainsi que celles qui proviennent des Nations unies et nous espérons y arriver dans un court laps de temps.» John Kerry a déclaré que son homologue avait mis des propositions sur la table tout en soulignant qu'il restait beaucoup à faire. Les Etats-Unis ne lèveront pas les sanctions qui pèsent sur l'Iran sans un processus vérifiable et transparent montrant que Téhéran ne cherchait pas à se doter de l'arme atomique, a déclaré John Kerry sur le plateau de CBS. Un responsable du département d'Etat a déclaré que jamais depuis la révolution iranienne, une rencontre n'avait été organisée à un tel niveau de responsabilité même si des réunions informelles ont été organisées au cours des 10 à 12 dernières années. Qu'il s'agisse de John Kerry ou d'autres représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France), tous ont constaté un changement de ton du côté iranien par rapport à l'attitude vindicative de Mahmoud Ahmadinejad. Comme son ministre des Affaires étrangères, le président américain Barack Obama observe une ligne prudente vis-à-vis du changement de ton. Le fait qu'il n'ait pas été possible d'organiser une poignée de main entre le chef d'Etat américain et son homologue iranien montre que beaucoup de chemin devra encore être parcouru avant de parvenir à une normalisation des relations. Le changement de ton de Téhéran montre aussi à quel point la République islamique a besoin d'une levée des sanctions. Les exportations de pétrole iranien ont chuté d'environ 60% au cours des deux dernières années, notamment parce que l'Union européenne a cessé d'acheter du pétrole iranien et que les pays asiatiques ont diminué drastiquement leurs importations, faisant suffoquer l'économie iranienne. Discussions «solides» selon Ashton Pour sa part, la Haute représentante de l'Union européenne pour la politique étrangère, Mme Ashton, a indiqué que les discussions sur le programme nucléaire iranien tenues jeudi en marge de l'Assemblée générale de l'Onu avaient été «solides» et que les parties avaient décidé de se retrouver à Genève les 15 et 16 octobre. «Nous avons eu une discussion sur la manière d'aller de l'avant avec un calendrier ambitieux pour voir comment nous pouvons faire des progrès rapides», a-t-elle déclaré. Catherine Ashton a indiqué que l'Iran pouvait répondre aux propositions existantes faites par le groupe P5+1 (cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu et l'Allemagne) ou qu'il pouvait formuler ses propres propositions. La diplomate européenne a jugé qu'une période de 12 mois était une bonne durée pour réfléchir à la mise en oeuvre des mesures en ce domaine par l'Iran. Le ton et l'atmosphère de la rencontre entre le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et ses homologues du groupe des Six avaient été «extrêmement bons», a dit le secrétaire du Foreign Office William Hague. Cette rencontre visait à relancer les négociations sur le programme nucléaire conduit par la République islamique d'Iran dans l'impasse depuis des années. «Nous voulons utiliser la rencontre à Genève pour mettre tout cela en pratique», a dit Catherine Ashton. «Je suis très ambitieuse sur ce que nous pouvons faire».