A deux jours d'un vote crucial au Sénat, la Maison blanche ne ménage pas ses efforts pour convaincre les parlementaires américains de donner leur feu vert à une intervention militaire en Syrie tandis le président syrien Bachar al Assad nie être responsable de l'attaque chimique du 21 août près de Damas. Alors que le vote des sénateurs américains est attendu mercredi, le secrétaire général de la Maison blanche, Denis McDonough, a été vu dimanche sur cinq plateaux de télévision où il a plaidé pour des frappes limitées en représailles au bombardement à l'arme chimique du 21 août. Cet effort de lobbying doit se poursuivre lundi avec une interview que Barack Obama doit accorder à six chaînes de télévision et atteindra son point culminant mardi soir avec une adresse du président américain à la nation. A Paris, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, n'a pas exclu la suggestion de la France de revenir vers le Conseil de sécurité des Nations unies pour tenter d'obtenir le vote d'une résolution sur la Syrie une fois publié le rapport des inspecteurs de l'Onu sur l'attaque du 21 août, qui a fait plus de 1.400 morts. Face à l'opposition à une opération militaire de la Russie et la Chine, ainsi qu'aux réticences exprimées par de nombreux autres pays et par les opinions publiques française et américaine, François Hollande s'est dit favorable samedi à ce que le Conseil de sécurité de l'Onu soit une nouvelle fois saisi, malgré le veto prévisible de Moscou et Pékin. Washington n'a pour le moment aucune intention de soumettre une résolution au vote, a toutefois précisé un responsable américain. Les inspecteurs des Nations unies pourraient rendre leur rapport cette semaine, à peu près au moment où le Congrès américain votera pour autoriser ou non des frappes contre la Syrie. Bachar al Assad a une nouvelle fois nié dimanche les accusations à son encontre. «Il n'y a aucune preuve que j'ai utilisé l'arme chimique contre mon propre peuple», a-t-il déclaré dans une interview réalisée à Damas et qui sera diffusée lundi par la chaîne de télévision américaine CBS. «L'évidence parle d'elle-même», a rétorqué le secrétaire d'Etat américain John Kerry, interrogé à Londres. Dans les rangs républicains comme du côté démocrate, beaucoup craignent que des frappes même limitées ne donnent lieu à un nouveau conflit susceptible d'embraser le Proche-Orient. Mike Rogers, le président républicain de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, s'est ainsi dit pour les frappes, mais estime que Barack Obama s'est «embrouillé» dans ses arguments. «Il est très clair qu'il a perdu du terrain au cours de la dernière semaine. Le président n'a pas su convaincre», a-t-il jugé devant les caméras de CBS. Selon le décompte du Washington Post, 223 membres de la Chambre des représentants sont hostiles ou plutôt hostiles à la résolution autorisant le recours à la force, alors que 217 voix suffisent pour qu'elle soit rejetée. La Maison blanche a fait avoir que le président pourrait quand même donner son feu vert à des frappes militaires sans l'aval du Congrès, mais elle n'a pas dit qu'il le ferait. Les pays arabes attendent une «réponse forte» de la communauté internationale, a indiqué John Kerry à Paris à l'issue d'un entretien avec ses homologues d'Arabie saoudite, d'Egypte, des Emirats arabes unis et du Qatar. En intervenant militairement en Syrie, les Etats-Unis déclencheraient un incendie dans tout le Proche-Orient, a estimé dimanche le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères. Le Wall Street Journal a rapporté jeudi que les Etats-Unis avaient intercepté un ordre émanant d'un dirigeant iranien appelant des activistes en Irak à mener des attaques contre des intérêts américains à Bagdad en cas d'opération contre la Syrie. Tout en cherchant à se tenir à l'écart dans le dossier syrien, le gouvernement israélien s'inquiète d'éventuelles représailles de la part de la Syrie si Washington met à exécution ses menaces d'intervention militaire en Syrie. Un responsable israélien a déclaré dimanche que les Etats-Unis informeraient Israël de l'imminence d'une frappe en Syrie plusieurs heures avant le début des opérations. Selon le Bild am Sonntag qui s'appuie sur des informations des services secrets allemands, l'attaque chimique du 21 août a peut-être été commise sans l'aval du président Assad. Selon le journal allemand, des officiers supérieurs syriens ont demandé à plusieurs reprises ces quatre derniers mois au palais présidentiel de pouvoir recourir à l'arme chimique et la réponse a toujours été négative. La chancelière Angela Merkel a pour sa part répété au journal que l'Allemagne ne participerait pas à une intervention militaire mais que le recours à l'arme chimique ne pouvait rester sans réponse de la part de la communauté internationale.