Issa Hayatou avait été élu en 1988 Président de la CAF, à Casablanca. Il avait sorti le Togolais Ekoue et succédé à l'Ethiopien Ydnekatchew Ilo Tessema, fort connu des habitants de Ben Msik dont le stade est baptisé du nom de l'Ethiopien, en hommage à son œuvre et à la sympathie qu'il portait au Maroc. D'ailleurs, la délégation éthiopienne à Marrakech s'est enquérie du sort du stade qui porte le nom d'un des leurs et qui avait fait le bonheur de l'Olympic Casablancais, du temps des grands exploits d'un club aujourd'hui dissous. Ils voulaient y aller en pèlerinage sur conseil de Fekrou Kidane, doyen des journalistes africains et dépositaire de la mémoire sportive continentale. Casablanca 1988, Marrakech 2013, 25 ans de présidence de Issa Hayatou, un anniversaire dignement fêté par les leaders du football mondial, Joseph Sepp Blatter et Michel Platini. Le sort a voulu que même Blatter consomme ses 77 printemps à Marrakech et y soit dignement fêté, comme un vrai seigneur de l'Atlas. Il y mettra son savoir chiffrologique, comme un sage africain pour parler du chiffre 7 comme porte-bonheur, à multiplier par 2 en l'espèce. Comme quoi la FIFA génère la richesse et rien d'autre ! La CAF ressort grandie, avec un seul candidat à sa propre succession, M.Issa Hayatou. Il y a eu, certes, la candidature avortée de l'Ivoirien Jacques Anouma, tombée sur une décision du TAS (Tribunal Arbitral du Sport) et non par un autre biais, comme dans le cas de M.Binehammam, à jamais banni du football. Autre signe qui valorise la CAF et en fait une institution foncièrement attachée à la bonne gouvernance: Danny Jordaan, le candidat sud-africain à été éconduit par ses pairs, en ayant le minimum de suffrages et donc être éliminé. L'Afrique du Sud, organisatrice par deux fois de la CAN (1996 et 2013), premier pays à avoir abrité la Coupe du Monde, futur hôte du CHAN à venir, mis en ballottage et privé de siège? À la CAF, on a adopté le même principe qu'à la FIFA, un pays, une voix. Et ce sont donc les États exigus qui font l'opinion et ont fini par prendre le pouvoir des urnes. Hadj Mohamed Raouraoua, désormais homme fort du foot nord-africain et maghrébin serait-on tenté d'ajouter, a pourtant tout essayé pour adapter les textes à la réalité, en protégeant Danny Jordaan, après avoir légalement écarté Anouma. Mais la réalité africaine est très complexe pour admettre un modèle unique, sans y mettre ses spécificités, traduisez ses intérêts directs, c'est à dire utilitaires. Issa Hayatou, soutenu en cela par Michel Platini, en tant que président de l'UEFA, défend la CAN tous les deux ans, contre quatre pour l'Euro, car il en fait un moyen de développement horizontal, destiné à doter tous les pays du continent, grands ou petits soient-ils, de stades et d'infrastructures footballistiques. La meilleure réussite à ce propos est l'exploit du Burkina Faso parvenu en finale de la dernière CAN. Mais ce modèle, qui a réussi jusqu'à présent survivra-t-il à son initiateur, soutenu par Blatter qui ne voit d'autre Afrique que pourvoyeuse de voix ? Le Maroc est mal placé pour y répondre et se suffira longtemps de réactions normatives. Et cela se justifie amplement pour un pays qui accumule les manifestations de haut niveau, les U 17, la Coupe du Monde des Clubs Champions, la CAN 2015 et pourquoi pas la Coupe du Monde 2026 au Maroc ? En attendant d'ester, un jour, au poste de membre du Comité Exécutif de la CAF ou de la FIFA, un moment honoré par Haj Saïd Belkhayat.