Banque Mondiale vient de publier un rapport alarmant sur les perspectives environnementales de la planète et leurs implications économiques et sociales si nous laissons la température s'élever à 4°C à l'horizon 2060. Même si de telles perspectives sont insaisissables dans leurs détails, il n'en demeure pas moins que les plus probables et prévisibles annoncent tout simplement des catastrophes telles qu'elles sont imaginées dans les scénarios des films d'apocalypse. L'alarme donnée par la Banque Mondiale n'a rien de fictif et les prévisions du rapport qu'elle vient de publier nous annoncent des vagues de chaleurs extrêmes, de graves sécheresses, des inondations, des destruction des côtes et des risques de déplacement des populations. Le monde a-t-il besoin d'un choc pour réagir aux menaces qui pèsent sur l'Homme et la planète dont les principales sont induites par ses activités et excès qui dégradent l'environnement. Un tel choc est nécessaire et constitue pour Dr. Jim Yong Kim , Président, Groupe de la Banque mondiale « l'espoir qui pousse à agir ». et même pour ceux d'entre nous qui sont déjà impliqués dans la lutte contre le changement climatique, j'espère que ce rapport les fera travailler avec un sentiment d'urgence encore plus fort, estime le Président de l'institution internationale. Selon Jim Yong Kim, ce rapport décrit ce que sera le monde si le réchauffement climatique atteint 4°C, et selon les prévisions quasi-unanimes des scientifiques c'est ce qui se produira avant la fin du siècle en l'absence d'un changement drastique de politique. Les scénarios d'élévation de 4°C de la température sont accablants : inondation des villes côtières, menaces sur la production alimentaire menant à une hausse des taux de sous-alimentation et de malnutrition ; désertification accrue des régions sèches, humidification accrue des régions humides ; vagues de chaleur sans précédent dans de nombreuses régions, en particulier sous les tropiques ; aggravation substantielle de la pénurie d'eau dans de nombreuses régions, augmentation de la fréquence des cyclones tropicaux de grande intensité ; perte irréversible de biodiversité, avec notamment la disparition des récifs coralliens. Plus grave encore, dit M. Jim Yong Kim, une planète à +4°C serait si différente de celle que nous connaissons actuellement qu'elle susciterait de grandes incertitudes et que de nouveaux risques menaceraient les capacités de prévision et de planification indispensables à notre adaptation à ces nouvelles exigences. Si des mesures ne sont pas prises pour lutter contre le changement climatique, non seulement l'accession à la prospérité de millions d'habitants des pays en développement sera compromise mais les efforts de développement durable déployés depuis des décennies seront remis en cause. Il est clair que nous en savons déjà beaucoup sur la menace qui nous guette, affirme le président de la BM. La science a déterminé sans équivoque que les humains sont responsables du réchauffement climatique ; d'importants changements s'observent déjà. Le réchauffement moyen à l'échelle de la planète atteint 0,8°C par rapport à l'époque préindustrielle ; la température des océans a augmenté de 0,09°C depuis les années 50 et l'eau s'est acidifiée ; le niveau des mers a monté d'environ 20 cm par rapport à l'époque préindustrielle et cette tendance se poursuit à un rythme de 3,2 cm par décennie ; un nombre exceptionnel de canicules a été observé au cours des dix dernières années ; les grandes régions agricoles sont de plus en plus touchées par la sécheresse. Malgré les bonnes intentions de la communauté mondiale déterminée à limiter l'élévation de la température à 2°C au-dessus du niveau de l'époque préindustrielle, un réchauffement supérieur apparaît de plus en plus probable. Les scientifiques s'accordent à prévoir que les engagements de limitation des émissions de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques aboutiront très probablement à un réchauffement de l'ordre de 3,5 à 4°C. Et plus ces promesses tardent à être tenues, plus une élévation de 4°C de la température de la planète paraît probable. Le travail du Groupe de la Banque mondiale est guidé par des données et des faits. Les rapports scientifiques, notamment ceux produits par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ont motivé notre décision d'intensifier notre travail sur ces questions. Nos efforts ont débouché sur un Rapport sur le développement dans le monde portant sur le changement climatique (qui a permis d'approfondir notre compréhension des implications du réchauffement climatique), sur un Cadre stratégique de développement intégrant le changement climatique et sur un rapport relatif à la Croissance verte et solidaire. La Banque mondiale est l'un des principaux défenseurs d'une ligne d'action ambitieuse en matière de changement climatique, d'une part parce qu'il s'agit d'un impératif moral et d'autre part parce que de telles mesures relèvent du bon sens économique. Le président de la BM pose la question de savoir ce qui se passerait si nous ne réussissons pas à intensifier les efforts d'atténuation ? Quelles sont les implications d'une élévation de 4°C de la température de la planète ? Ce rapport a été commandé au Potsdam Institute for Climate Impact Research et à Climate Analytics pour mieux appréhender l'état actuel de la science et les impacts potentiels d'un tel réchauffement sur le développement. Le monde serait si radicalement différent de celui que nous connaissons aujourd'hui qu'il est difficile d'en faire une description exacte ; de nombreux aspects relèvent de projections et d'interprétations complexes. Nous sommes parfaitement conscients des incertitudes qui entourent ces scénarios et nous savons que les experts et les études ne s'accordent pas toujours sur l'ampleur du risque, dit-il. Néanmoins, il n'est pas possible d'écarter ces scénarios, ce qui justifie en soi la nécessité d'un renforcement des politiques actuelles de lutte contre le changement climatique. Il est vital pour la santé et le bien-être des populations du monde de trouver des moyens d'éviter la réalisation d'un tel scénario. Toutes les régions du monde seront touchées mais ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui seront le plus durement frappées. Une élévation de la température de 4°C peut – et doit – être évitée. Le Groupe de la Banque mondiale continuera à oeuvrer vigoureusement en faveur d'accords internationaux et régionaux et de l'augmentation du financement des interventions climatiques. Nous redoublerons nos efforts de soutien aux initiatives nationales – qui se multiplient – visant à limiter les émissions de carbone et à renforcer les capacités d'adaptation ; nous appuierons une croissance verte et solidaire et un développement intelligent intégrant l'aspect climatique. Nos efforts en faveur d'une croissance verte et solidaire ont montré qu'une utilisation plus efficace et plus intelligente de l'énergie et des ressources naturelles ouvre de nombreuses possibilités de réduction drastique de l'impact du développement sur le climat, sans pour autant freiner ni la lutte contre la pauvreté ni la croissance économique. Il affirme que le rapport de la B.M. rappelle avec force que le changement climatique influe sur tout. Les solutions ne se trouvent pas uniquement dans le financement des interventions climatiques ou les projets climatiques. Il faut aussi les chercher dans la gestion efficace des risques et s'assurer que tous nos efforts, toutes nos réflexions intègrent la menace d'une planète à +4°C. Le Groupe de la Banque mondiale se montrera à la hauteur de ce défi, dit- M. Kim.