La France, qui a reconnu mardi la nouvelle Coalition de l'opposition syrienne, reçoit samedi son président, poursuivant une stratégie diplomatique qui tranche avec la prudence de ses partenaires occidentaux et suscite parfois quelque scepticisme. Le président François Hollande accueillera à 10H00 GMT à l'Elysée Ahmad Moaz al-Khatib, président de la Coalition syrienne créée dimanche à Doha après plusieurs jours d'intenses pressions occidentales - américaines et françaises notamment - et qataries. Selon la présidence française, les deux dirigeants s'entretiendront des «voies et moyens d'assurer la protection des zones libérées, de l'aide humanitaire aux réfugiés et de la constitution d'un gouvernement provisoire». Quatre jours après avoir reconnu la nouvelle Coalition comme «seule représentante légitime du peuple syrien» et évoqué la nécessité de revoir l'embargo européen sur les armes pour mieux aider l'opposition, François Hollande affiche avec cette première rencontre à l'Elysée à nouveau un activisme sans équivalent parmi ses principaux alliés dans le monde. Les Etats-Unis ne considèrent la nouvelle Coalition que comme «une» représentante légitime du peuple syrien. La Grande-Bretagne, qui accueillait vendredi Ahmad Moaz al-Khatib, ne le fait recevoir que par son ministre des Affaires étrangères, William Hague. Toutes proportions gardées, les déclarations cette semaine de François Hollande et sa rencontre programmée samedi ne sont pas sans rappeler les efforts déployés en 2011 par Nicolas Sarkozy en faveur de l'opposition libyenne à Mouammar Kadhafi. Ces efforts s'étaient traduits en avril 2011 par une rencontre secrète du président d'alors avec les chefs militaires de l'opposition libyenne, venus à l'Elysée avec une liste de demandes d'armes, selon l'écrivain Bernard-Henri Lévy, aiguillon à l'époque de la mobilisation française. Dans le dossier syrien, la France justifie son approche offensive par «la responsabilité de la communauté internationale d'accompagner» la nouvelle Coalition de l'opposition syrienne. «C'est la bonne démarche», insiste-t-on à Paris. «Le processus est fragile, mais il n'y aura pas d'autres occasions de cette nature là, et si on la rate, il ne faudra pas pleurer des larmes de crocodile ensuite», souligne un diplomate. A en juger par les déclarations prudentes de la plupart de ses partenaires européens, sans parler de la réaction américaine, Paris semble cependant encore bien isolé dans sa stratégie. Jusqu'à présent, la Coalition syrienne n'est reconnue comme seule représentante légitime du peuple syrien que par, outre la France, les monarchies du Golfe et la Turquie. Pour Daniel Cohn-Bendit, président du groupe écologiste au Parlement européen, l'Union européenne devrait sans tarder rejoindre les positions françaises sur la reconnaissance et les armes.