La collecte des peaux de mouton s'est déroulée dès le matin du jour de l'Aïd Lakbir dans les quartiers de Casablanca. Partout, des centres de vente informels se sont organisés. Ainsi les ramasseurs des btana à Sidi Moumen étaient rassemblés près de Kariane Rhamna, rond-point Hay El Alaa. Ils transportaient les peaux dans des charrettes tirées par des baudets ou encore des triporteurs. Souvent des jeunes, parfois des adolescents et même des enfants déposent leurs marchandises autour de camions de grossistes livreurs de tanneries. Les peaux sont récupérées chez les familles en faisant le porte à porte. Les familles les remettent sans contrepartie car il ne faut rien vendre du mouton du sacrifice pour ne pas fausser les préceptes de la Sounna. Les familles respectent la Sounna en donnant en aumône une partie du mouton. Les peaux sont donc généralement offertes gratuitement aux ramasseurs qui les revendent à 15 Dh l'unité. Du moins quand la peau n'est pas abîmée. Or bien des fois les peaux sont trouées ce qui les déprécie aux yeux des grossistes qui viennent acheter chez les ramasseurs en remplissant des camions entiers. Cette marchandise est emportées vers les usines, des tanneries de Casablanca, Marrakech et Fès contre 25 à 30 Dh l'unité pour servir par la suite comme matière première précieuse pour l'artisanat du cuir (blousons, babouches, poufs) etc. A moins d'être tout simplement exportées en produit semi fini à l'étranger où des industriels en tirent une forte valeur ajoutée tandis qu'on laisse le marché local dénudé, ce qui provoque la fermeture de tanneries et entraîne des difficultés d'approvisionnement en matière première pour les artisans à cause des prix qui montent en flèche. Il faut rappeler que la production de l'Aid en matière de peau représente presque plus du tiers de la production annuelle, mais étant donné l'amateurisme en matière d'écorchage (tout le monde se fait passer pour boucher professionnel le jour de l'Aid) ou encore une mauvaise conservation, une bonne partie des peaux se perd. Une récupération des paux abîmées est cependant possible du côté des artisans potiers fabricants d'instrument à percussion (taarija, bendir, derbouka), dont les produits investissent les marchés à l'occasion de l'Achoura qui correspond au 10 Moharram, premier mois de l'Hégir. Comme il a été observé, les peaux abîmées refusées par les grossistes sont ensuite jetées aux poubelles par les ramasseurs qui s'empressent d'aller quémander d'autres peaux dans les quartiers dans l'espoir d'en trouver en bon état, donc vendables. Si la peau ne trouve pas acquéreur, il y a la laine mais personne ne s'en préoccupe. La laine est dévalorisée semble-t-il, ce qui fait qu'elle n'intéresse pas les ramasseurs. Il faut attendre les éboueurs pour ramasser ces peaux jetées et en tirer profit en les orientant là où il y a intérêt. Ces éboueurs qui ont plutôt bien trimé la veille et le jour de l'Aid pour faire la collecte des milliers de tonnes de déchets du mouton permettant du coûp aux sociétés de collecte de déchets de faire bonne impression.