La tournée de SM le Roi dans les pays du Golfe scelle un nouveau partenariat stratégique pour le Maroc qui ne cesse d'élargir le champs de sa coopération, de le diversifier et de l'étendre aux quatre coins du monde. Le développement de relations économiques fortes et structurées avec les monarchies du Golfe détentrices de fonds souverains importants, relève d'une vision perspicace au moment où les turbulences de l'économie mondiale semblent s'inscrire dans la récurrence fragilisante. Mais ce choix ne doit nullement être interprété comme un éloignement du pays de son espace naturel qu'est le grand Maghreb. Loin s'en faut. L'alliance du Maroc avec les Etats du Conseil de coopération du Golfe (CCG) peut aussi être bénéfique pour les pays du Maghreb, à la seule condition que l'Union maghrébine parvienne enfin à sortir de sa léthargie et à vaincre les obstacles artificiels qui entravent sa mise en marche. Il faut bien noter qu'après avoir longtemps attendu et épuisé en vain, toutes les voies de recours pour que le projet maghrébin prenne sa vitesse de croisière, il était devenu tout à fait légitime pour le Maroc de chercher des partenaires ailleurs, dans le cadre de sa liberté de choisir sa destinée et de défendre ses propres intérêts. Ceci ne l'empêche cependant pas de continuer à défendre farouchement l'idéal maghrébin et d'oeuvrer constamment pour sa concrétisation. C'est là un fait avéré que traduisent les actions concrètes sur le terrain et les appels incessants de SM le Roi aux dirigeants algériens pour la normalisation des relations entre les deux pays, condition sine qua non à la relance de l'union du Maghreb. Les opinions publiques maghrébine et internationale réalisent parfaitement que le blocage du Maghreb émane de l'attitude hostile des dirigeants algériens à l'égard du Maroc et de ses intérêts vitaux et de leur entêtement à maintenir un climat de tension dans la région. Les entraves au plan d'autonomie au Sahara et la fermeture injustifiée et aberrante des frontières terrestres entre les deux pays, depuis 1994, en sont la parfaite expression. Devant cette situation pénalisante pour les peuples de la région, la plus haute autorité du Maroc n'a eu de cesse de tendre la main aux responsables du voisin de l'Est en vue de transcender les obstacles et d'aplanir les difficultés qui se dressent devant la construction maghrébine. Le Souverain soulignait, à juste titre, dans le discours du Trône de 2009: “Notre pays est animé par une volonté sincère de contribuer à l'émergence des conditions nécessaires à la dynamisation de l'action maghrébine commune, en tant que choix stratégique propre à concrétiser les ambitions des cinq peuples de la région en matière de développement intégré et complémentaire. Cette démarche est à même de répondre aux exigences inhérentes au partenariat régional et aux impératifs liés à l'ère des groupements internationaux. Aussi, réaffirmons-Nous Notre volonté sincère de normaliser les relations maroco-algériennes dans le cadre d'une vision prospective et constructive, qui tranche avec les positions anachroniques héritées d'une époque révolue. Incompatibles avec l'esprit d'ouverture prévalant au vingt-et-unième siècle, ces positions sont marquées notamment par l'obstination des autorités algériennes à maintenir la fermeture unilatérale des frontières terrestres. Cette attitude, regrettable et injustifiée, est contraire aux droits fondamentaux de deux peuples voisins et frères, notamment celui d'exercer leurs libertés individuelles et collectives en matière de circulation et d'échanges humains et économiques". Deux années plus tard, à l'occasion de la fête du Trône de 2011, SM le Roi revenait sur la question et renouvelait son appel: “Fidèle aux liens séculaires de fraternité qui unissent nos deux peuples et soucieux de répondre aux aspirations des générations montantes, Nous tenons à l'amorce d'une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales entre nos deux pays frères, y compris la réouverture des frontières terrestres. Cette démarche exclut tout immobilisme ou ostracisme incompatible avec les liens de bon voisinage, l'impératif d'intégration maghrébine et avec les attentes de la communauté internationale et de notre espace régional". Ces appels solennels, loin d'être occasionnels ou isolés, témoignent d'une conviction profonde chez le Souverain marocain pour qui la normalisation des relations entre les deux pays voisins est une nécessité vitale pour les deux peuples. Le discours du Trône de 2008 insistait là-dessus tout particulièrement: “Nous réaffirmons la ferme volonté du Maroc de poursuivre sa politique de la main tendue, pour rapprocher les points de vue et aplanir les différends, consolider la confiance par le dialogue et parvenir à une réconciliation totale et globale avec toutes les parties concernées. Nous entendons continuer, à cet effet, de prendre des initiatives en toute sincérité et d'être à l'écoute de toutes les bonnes volontés, pour rétablir des relations normales entre le Maroc et l'Algérie, et bâtir un partenariat constructif avec ce pays voisin et frère. Ce voeu procède naturellement de Notre attachement fidèle aux liens de bon voisinage qui unissent nos deux peuples frères. Notre dessein est de répondre aux ambitions des jeunes générations qui souhaitent voir les ressources et les potentialités des peuples marocain et algérien frères, déployées et mises en oeuvre pour relever les vrais défis du développement et de la complémentarité, au lieu de les engloutir dans les gouffres d'un conflit légué par un passé révolu. Quelles qu'elles soient, les différences de points de vue dans ce conflit ne sauraient justifier la poursuite de la fermeture des frontières. Cette mesure unilatérale est vécue par les deux peuples comme une sanction collective incompatible avec leurs liens de fraternité historique, les exigences de leur avenir commun et les impératifs de l'intégration maghrébine". A un moment donné, le Roi du Maroc n'avait de choix que de hausser le ton pour marquer l'exaspération devant l'attitude négative et hautaine du pouvoir algérien, et ce en prenant à témoin le monde entier. C'était dans son discours marquant le 33ème anniversaire de la Marche Verte où il déclarait: “Le refus obstiné de tous les efforts de normalisation consentis par le Maroc, ainsi que ceux déployés par des pays frères et amis, et par des puissances influentes sur la scène internationale, va à l'encontre de la logique de l'histoire et de la géographie, laquelle est incompatible avec la fermeture des frontières entre deux pays voisins et frères. A cet égard, l'attachement de notre pays à l'ouverture des frontières et à la normalisation des rapports doit être considéré comme l'expression d'une fidélité aux liens de fraternité et de bon voisinage. Il traduit, en outre, le souci de respecter les droits de l'homme à la libre circulation et à la liberté d'échanges. Il constitue, enfin, une réponse appropriée aux exigences de l'intégration maghrébine qui est inéluctable. En tout état de cause, le Royaume entend rester fidèle à son identité civilisationnelle et à l'esprit d'ouverture qui l'a toujours caractérisé, se prévalant dans sa démarche, de la crédibilité dont jouit le modèle marocain au sein de son environnement régional et au plan international". Les intentions sincères du Maroc et sa démarche responsable et engagée ne trouvent, hélas, chez les dirigeants algériens qu'obstination, quitte à immobiliser le Maghreb et à hypothéquer l'avenir et les intérêts de tous les pays de la région. A la main continuellement tendue par le Maroc, le pouvoir algérien, aveuglé par son orgueil, n'a jamais prêté qu'une oreille sourde. Mais comme le Maroc a horreur de l'immobilisme, au même titre que la nature a horreur du vide, la recherche par notre pays de nouveaux horizons et de cieux bien plus cléments est une démarche tout à fait légitime et raisonnable.