Une agréable journée est pressentie dés les toutes premières heures de sa matinée, d'après l'adage marocain. De plus, sachant que l'Orchestre Philharmonique du Maroc (O.P.M) allait se produire ce 06 octobre, à El-Jadida pour le bonheur des mélomanes et, particulièrement, des amateurs de musique classique, il pouvait difficilement en être autrement. Néanmoins, une fois l'heure du rendez-vous arrivée et dès le moment magique où le chef d'orchestre est rentré sur scène pour diriger l'orchestre, tout l'espace n'était plus que réconfort et volupté. L'accord parfait de l'ensemble des instruments faisait baigner l'assistance dans une ambiance empreinte de sensibilité et de bien-être. Comme une invitation aux voyages du corps et de l'esprit, nous nous sentions comme balayés, de suite, de notre milieu habituel, arrachés à ce Moi conscient qui nous collait au quotidien, pour nous sentir glisser vers un autre univers des murs desquels jaillissaient l'amour et la passion. L'Orchestre Philharmonique du Maroc, qui en est à sa 17ème saison d'existence, est devenu la référence en matière de musique classique dans notre pays. Il s'adresse à toutes les catégories de mélomanes et a su fidéliser son public grâce à une programmation riche et originale. Ayant à son actif une production de plus de 300 concerts, il a présenté et offert à son public l'occasion d'écouter des œuvres qui comptent parmi les plus importantes du répertoire classique. Pour leurs concerts d'ouverture de cette saison, les musiciens de l'O.P.M, sélectionnés parmi les meilleurs diplômés des grands conservatoires marocains et européens, ont choisi de faire leur entrée autour de deux compositeurs mythiques Mozart et Ravel. Et selon l'usage maintenant installé, l'OPM à débuté sa saison musicale en donnant la préséance à l'instrument phare de la famille des cordes, le violon, dont l'archet a été tenu ce soir-là par le soliste virtuose Gilles Apap. Pour rappel, le grand Yehudi Menuhin avait qualifié ce dernier de « violoniste du 21ème siècle ». Mais qu'il s'agisse de la 40ème symphonie de Mozart ou du Boléro de Ravel, ces deux œuvres monumentales si connues du grand public, ont constitué un véritable piège pour l'orchestre car nécessitant un incontestable travail de précision. C'est une musique où tout se jouait dans la pureté et la légèreté de la ligne mélodique pour Mozart et la gestion progressive de ce grand crescendo dans les deux œuvres de Ravel, Tzigane et Boléro. Quant au soliste de la soirée, en l'occurrence Gilles Apap, ses qualités artistiques sont telles qu'il parvient à stupéfier plus d'un par son étonnante capacité à établir une communication saisissante, entre l'orchestre et le public. En fait c'est un artiste qui œuvre pour le décloisonnement des genres. Avec une impressionnante virtuosité il peut s'échapper, sans transition, d'un concerto de Mozart pour rendre visite au Jazz, au blues, au folk ou encore à la musique irlandaise qu'il affectionne particulièrement. Faisant montre d'une inventivité incroyable, en suscitant des ponts entre les portions classiques et autres genres de musique, ce grand ambassadeur des musiques du monde fait entendre autrement ces œuvres connues entrainant avec enthousiasme musiciens et public hors des sentiers battues. Benoît Girault ,qui eut l'honneur de diriger l'Orchestre Philarmonique du Maroc est lauréat du Conservatoire National Supérieur de musique de Paris. Ce pianiste de formation, dont on apprécie le talent aux côtés des solistes de renommée internationale, tels que Paul Meyer, Jean-Philippe Lafont, Abdel Rahman El Bacha, Gilles Apap, David Guerrier, Pascal Godard, Karen Vourc'h, Nicolas Dautricourt ou encore Siheng Song, dirige aussi plusieurs représentations lyriques et concerts dans le cadre du Concours International de Piano. Le concert a été une réussite de bout en bout. Le public conquis et enthousiasmé s'est laissé emporter au gré de la musique, comme effleuré par une caresse ou bercé par un chuchotement. A l'issue du spectacle les applaudissements, forts et rythmés, de l'auditoire étaient ressentis comme une véritable reconnaissance de l'agréable émotion qu'il avait si longtemps contenue tout au long du concert. Rappelons que l'O.P.M a permis à des artistes professionnels, issus de plusieurs pays, de se produire au Maroc, notamment Galina Chistiakova (Piano-Russie), Sara Danesphpour (Piano-USA), Madoka Fukami (Piano- Japon), Sasha Grynuk (Piano-France), Yoonie Han (Piano-Corée du Sud), Oliver Holt (Direction-France), Minsoo Hong (Piano- Corée du Sud), Dina Bensaid (Piano-Maroc), Laurence Janot(Soprano- France),Dorothée Lorthiois (Soprano-France), Mikhail Morosov (Piano- Russie), Esther Park (Piano-USA) , Hongbo Quan (Piano-Chine), R'chid Regragui (Direction-Maroc), et Eric Salha (Ténor-France). Un brassage qui nous a fait vivre des moments riches en diversité culturelle. Et qui va à la rencontre du projet culturel marocain.