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Développement humain : La santé et l'éducation,deux grandes entraves CMB: Nécessité d'une mise à niveau des infrastructures hospitalières et des ressources humaines
Sur le plan social, l'année 2011 a été marquée par l'émergence de nouvelles formes de contestations et l'augmentation du nombre de conflits du travail. L'Etat y a répondu par un recentrage de la politique publique, d'ordre structurel, notamment par le lancement de la deuxième phase de l'Initiative Nationale de Développement Humain et l'annonce de la généralisation du Régime d'Assistance Médicale (RAMED), ainsi que par des actions à court terme visant à amortir les effets de la contestation (accord social du 26 avril, annonce du recrutement des diplômés chômeurs dans la fonction publique, poursuite et augmentation de l'effort public de soutien à la subvention des prix des biens de première nécessité et des produits énergétiques). Néanmoins, la poursuite des tendances actuelles au niveau des politiques publiques risque d'affecter non seulement les équilibres des finances publiques, mais aussi la cohésion sociale. Face à l'ampleur des déficits sur le plan social et compte tenu des attentes de la population et de l'importance des efforts consentis par la collectivité, il est impératif en particulier d'accroître l'efficacité du système de santé et du dispositif d'éducation-formation, et de mener des actions visant la réduction des inégalités sociales, notamment entre les genres. L'instauration d'un climat social apaisé apparaît comme un préalable à la mise en oeuvre de ces grands chantiers. Un développement humain insuffisant Les déficiences au niveau des secteurs de l'éducation et de la santé continuent d'entraver le développement humain de notre pays. Elles sont en grande partie imputables à des problèmes de gouvernance, mais elles découlent également d'une insuffisance d'effectifs dans ces secteurs et d'un accès limité de la population à leurs services, en particulier pour les femmes rurales. Elles se traduisent principalement, pour l'éducation- formation, par les faibles performances du secteur, et pour la santé, par l'inadaptation de l'offre de soins aux besoins de la population, notamment en milieu rural. Ce constat, sur l'éducation et la santé, peut faire l'objet d'une lecture synthétique à travers l'indice de développement humain. En effet, malgré l'amélioration de la valeur de l'indice en 2011, le Maroc se maintient depuis 2009 au rang 130. Ce sont les sous-indicateurs en matière d'éducation et de santé qui sont à l'origine de ce classement de notre pays. Le changement du mode de calcul n'apporte pas de modification de la position du Maroc, indiquant que le problème est structurel. En outre, l'IDH ajusté aux inégalités n'est que de 0,409 en 2011, contre 0,582 pour l'indice standard. En particulier, l'indice d'éducation ajusté aux inégalités n'est que de 0,242. Dans ces conditions, le Maroc gagnerait à orienter ses politiques publiques vers la réduction des inégalités dans le domaine de l'éducation, ainsi que dans celui de la santé. Une amélioration significative du développement humain ne pourra avoir lieu, sans des progrès sensibles en matière d'amélioration de l'accès des femmes aux services d'éducation et de santé, ainsi que de réduction des inégalités hommes/femmes et de participation économique et politique des femmes. En effet, selon le rapport Gender Gap Index du WEF, le Maroc a perdu en 2011 deux places reculant du 127ème rang au 129ème sur 134 pays. Si le pays a progressé au niveau de l'indicateur de l'éducation, il reste handicapé par le sous-indicateur relatif à l'analphabétisme où il occupe le rang 125. Le Maroc est mal classé sur le volet participation politique de la femme (102) où il dispose d'un indice d'inégalité de 0,067 contre une moyenne de 0,185 pour l'ensemble des pays représentés, avec notamment un indice de 0,12 pour le nombre de femmes parlementaires contre une moyenne de 0,22. Le classement du pays est également impacté par l'indicateur relatif à la participation économique avec un indice de 0,418 contre une moyenne de 0,588. En effet, malgré les progrès réalisés sur le plan de l'égalité des salaires, le Maroc accuse un retard au niveau de la part dans la force de travail (0,34 contre 0,68) et de la présence féminine au niveau des postes de responsabilité (0,15 contre une moyenne de 0,26). Indicateurs de santé défavorables En ce qui concerne l'offre de soins, l'analyse des données disponibles montre que le nombre d'établissements de santé de base est passé de 2 626 en 2009 à 2 689 établissements en 2011, dont 1 938 en milieu rural et 751 en milieu urbain 1 . Des progrès ont été enregistrés se traduisant par l'allongement à 75 ans de l'espérance de vie à la naissance 2 ; la mortalité maternelle s'élève ainsi à 112 pour mille naissances contre 135 dans les pays à indice de développement humain moyen et 192 en moyenne dans les pays arabes (Rapport PNUD 2011). Par contre, le taux de mortalité infantile a atteint 30,2 pour mille en 2010, soit l'un des plus élevés au monde. Cependant, et contrairement à plusieurs pays, la poursuite de la tendance à la baisse de la mortalité maternelle et infanto-juvénile constatée, certes réduite à 30,5 au Maroc entre 1990 et 2010 mais toujours élevée, (44 dans les pays à indice de développement humain moyen et 49 dans les pays arabes, Rapport PNUD 2011), devrait permettre à notre pays d'atteindre les objectifs de développement du millénaire 4 et 5 à l'horizon 2015. Selon l'enquête nationale sur la population et la santé familiale de 2011, l'état nutritionnel des enfants et des femmes a de graves conséquences, avec près de 14,9% des enfants de moins de 5 ans présentant un retard de croissance. Ces chiffres traduisent à la fois la détérioration et les insuffisances de l'infrastructure sanitaire, le manque de personnel (médecins et personnel soignant) ainsi que des formes de laxisme dans la prise en charge des patients (absentéisme, corruption, maîtrise insuffisante du temps aménagé). L'ensemble de ces facteurs se manifeste par de longs délais de prise en charge des malades. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le degré de couverture de la population par les soins notamment anténatals, a connu une amélioration entre 2000 et 2009. Mais les progrès restent trop lents eu égard aux insuffisances à combler, pour pouvoir améliorer sensiblement l'état de santé de la population, en particulier des femmes enceintes en milieu rural. Une couverture médicale partielle et une gouvernance fractionnée La réforme de la couverture médicale obligatoire de base a été lancée à la fin de 2005 grâce au régime de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) pour les salariés et titulaires de pensions, régime géré par la Caisse Nationale des Organismes de Prévoyance Sociale (CNOPS) pour les salariés du secteur public et par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) pour les salariés du secteur privé. Au cours des cinq premières années de l'AMO, tous les salariés et titulaires de pensions des secteurs public et privé ont été soumis à l'obligation de la couverture médicale de base. La population couverte en 2011 représente 33% de la population totale. L'éventail de soins a été élargi, notamment aux soins ambulatoires, à l'exception des soins dentaires pour les assurés de plus de 12 ans en ce qui concerne la CNSS. Les budgets de l'AMO des deux caisses CNSS et CNOPS restent excédentaires à la fin de 2011. Toutefois, l'exécution des dépenses suit un rythme beaucoup plus élevé que celui des ressources, en particulier pour la CNOPS, qui doit faire face à des départs massifs à la retraite dans le secteur public dans un contexte de limitation des embauches. En outre, le risque lié aux maladies chroniques de longue durée, qui concerne 2,7% de l'ensemble des bénéficiaires, requiert plus de 50% des dépenses globales des deux régimes. Le Régime d'assistance médicale aux personnes économiquement pauvres (RAMED) qui a fait l'objet d'une phase expérimentale dans la région pilote de Tadla-Azilal depuis 2009, bénéficie aujourd'hui à 230 000 personnes, qui ont un accès facile aux soins dans les établissements sanitaires publics. Après évaluation, adaptation des dispositifs réglementaire et opérationnel actuels, et la réalisation de travaux préparatoires, l'extension à l'ensemble des régions du Royaume de ce régime, ciblant 28% de la population totale, soit 8,5 millions de personnes en régime de croisière, est programmée durant l'année 2012. Toutefois, cette extension suppose une mise à niveau conséquente des infrastructures hospitalières, des ressources humaines et une offre de médicaments à la mesure des attentes et des besoins de la population. La généralisation de la couverture médicale nécessite cependant la mise en place d'un régime approprié au profit des artisans, des indépendants, des professions libérales et des étudiants. Malgré les avancées réalisées, la gouvernance du système national de couverture médicale doit encore être améliorée pour assurer sa cohérence d'ensemble, améliorer les mécanismes de péréquation et de solidarité entre toutes ses composantes, et consolider la place du régulateur, à savoir l'Agence Nationale de l'Assurance Maladie (ANAM), dans le pilotage du système.