Mustapha Ahchouch est le directeur technique actuel, en homme très expérimenté en tant qu'instructeur de la confédération africaine et par la suite de la fédération internationale, sillonnant les pays d'Afrique pour diriger des stages d'entraîneurs. C'est le plus titré de nos entraîneurs nationaux toutes catégories. Il nous parle avec une franchise poignante sur la situation de notre volley-ball marocain. Question : Durant la saison écoulée, sous la gestion du comité provisoire, quelles ont été les activités de la commission technique ? Réponse : « En tant que coordinateur et directeur technique, j'ai accentué mon objectif sur notre équipe nationale juniors, étant donné ses résultats très significatifs en progression certaine. Il suffit de noter les victoires en médailles d'or de 2004, de 2006 et la médaille de bronze en 2010 en Libye après un 2/3 très significatif qui avait failli faire perdre la sélection égyptienne, en demi-finale, à deux points d'écart. Ceci avait permis à nos jeunes de participer à deux championnats du monde, sans oublier de citer que ces progrès on les doit au système sport/études du centre de Bellevue. Ainsi, en concertation avec le comité provisoire j'ai établi un programme de préparation comprenant des stages au Maroc et à l'étranger pour des tournois internationaux afin de participer au Championnat d'Afrique des Nations. Malheureusement, la CAVB avait décidé de reporter cette manifestation à une date ultérieure. De ce fait, il n'était plus question de poursuivre ces préparations, il faut attendre la nouvelle date du championnat d'Afrique ». Q. : Comment cela fait-il qu'aucun communiqué n'avait été établi à ce sujet pour informer la presse ? R. : « Je pense qu'on a manqué un peu de communication à ce sujet mais il faut dire qu'on était surpris par ce report juste à quelques jours de la date officielle ». Q. : Comment sera effectué le choix du futur directeur technique ? R. : « Je me suis posé la question, et je ne sais s'il sera désigné par le ministère de la Jeunesse et des Sports ou par décision du futur comité directeur ». Q. : La tâche sera difficile pour le futur directeur technique, vu notre niveau en équipe nationale séniors qui est au plus bas. Votre avis ? R. : « Le fait de diriger des stages internationaux me donne une idée sur le niveau de notre équipe séniors, et j'ai le regret de dire qu'on est dépassé de loin. Notre niveau technique est le signe d'une réalité qui fait mal. Dirigeants, entraîneurs, arbitres et joueurs sont convaincus de cette vérité. Le volley-ball en Afrique évolue très rapidement et si on ne suit pas cette évolution l'écart ne cessera de se creuser ». Q. : Que faire pour remédier à ce problème ? R. : « Il faut concevoir un travail à long terme, établir un projet ambitieux, mais il faut aussi qu'il soit réaliste. Depuis trente ans on n'avait pu avoir au moins une troisième position, et plus grave c'est notre septième rang lors du dernier Championnat d'Afrique qu'on avait organisé à Tétouan. Quand on est à ce niveau il vaut mieux faire abstraction de toutes participations internationales pour un certain temps en attendant d'améliorer notre niveau de jeu. Il faut donc en préalable procéder à une formation élargie des entraîneurs, et surtout adopter le système d'un championnat par ligues, sans oublier de créer des commissions techniques pour chacune de ces ligues. Je précise que cela concerne la catégorie des jeunes. Après un recensement de l'état des lieux, il faut programmer des projets à court, moyen et long termes, et agir de sorte à augmenter le nombre des licenciés. On avait toujours des problèmes de gestion car sur 123 entraîneurs diplômés, seulement 30% sont engagés par les clubs, comment ainsi parler de développement du volley-ball. Tous les clubs doivent avoir des entraîneurs diplômés, et ils sont nombreux à engager des entraîneurs, oui passionnés du volley-ball, mais qui ne sont pas diplômés ». Q. : Vous soulevez la gestion des ligues, puis les clubs sans entraîneurs diplômés, comment résoudre ces problèmes alors que des clubs souffrent d'une insuffisance de budget de fonctionnement ? R. : « Si on intègre les ligues il faut absolument lui établir un budget spécial de fonctionnement et je ne pense pas que cela posera un problème. Mais au niveau des clubs oui, cela concerne au moins 90% des clubs de la première et seconde division. Ce qu'il faut c'est en préalable aider les ligues pour l'accomplissement des projets de formation de joueurs, entraîneurs et arbitres. Au niveau des clubs, le comité directeur ne peut concevoir que des aides matérielles telles que ballons et filets et aussi les dispenser de certains frais dont ils doivent s'acquitter obligatoirement ». Q. : Etes vous candidat à la présidence de la prochaine direction technique ? R. : « En effet, je me porte candidat, pour cela j'ai un projet de travail très sérieux qui dépend de la réalité de ce sport au Maroc, et pour cela je suis très ambitieux ». Q. : Pour conclure ? R. : « Le volley-ball traverse une période très difficile et le rôle du futur comité directeur est surtout de hisser le niveau de ce sport. Pour cela, il faut lui laisser le temps nécessaire car c'est un travail de longue haleine, mais il faut passer à l'action. Il faut être tous solidaires pour cela, l'être aussi avec l'association des entraîneurs, dont je félicite la création, elle a son mot à dire dans le développement du volley-ball. Enfin, je souhaite que le comité provisoire ne se retire pas tout de suite après les élections, attendre au moins trois mois encore afin de superviser le processus du décollage ».