La Banque Africaine de Développement a accordé un prêt d'environ 1,2 milliard de dirhams au Maroc en appui au Plan Maroc Vert a annoncé le ministère des Finances. L'accord de prêt a été signé le 7 septembre à Rabat entre le Maroc et l'institution financière africaine est destiné au financement d'un programme entrant dans le cadre du Plan Maroc Vert qui vise à l'amélioration de la production agricole et les conditions de vie des populations agricoles et rurales ainsi que la préservation des ressources en eau de plus en plus rares, à travers la mise en place de synergies intersectorielles qui associent la dimension de l'économie d'énergie à celle de l'économie d'eau dans le secteur agricole du pays. Le programme d'appui de la BAD au Plan Maroc Vert a fait l'objet d'un rapport d'évaluation. Le document de programme propose un prêt d'appui aux réformes pour le secteur agricole en soutien au Plan Maroc Vert (PMV) ciblant particulièrement l'eau agricole. La durée d'exécution du Programme d'Appui au Plan Maroc Vert (PAPMV) est de 24 mois dabs le cadre d'un prêt BAD de 105 millions € (équivalent à 90 millions d'UC) en deux tranches Selon le document du bailleur de fonds, le PAPMV propose de soutenir la mise en œuvre du PMV [2008-2020] en visant un appui ciblé à la gestion durable, la valorisation et la préservation de l'eau agricole dans un contexte de raréfaction croissante de ces ressources. Il a pour objectif stratégique de contribuer au renforcement de la compétitivité du secteur agricole pour une croissance économique inclusive. Son objectif spécifique est d'améliorer le climat des affaires et la gestion durable de l'eau agricole. Respectant une ‘'logique en cascade'' le PAPMV cible quatre séries de réformes pour l'eau agricole : i) Réformes visant la modernisation des infrastructures de l'eau agricole et un pilotage stratégique ; ii) Réformes visant l'amélioration de la gouvernance et la gestion durable de l'eau agricole ; iii) Réformes visant l'amélioration de la productivité et la valorisation de l'eau agricole et le climat des affaires ; iv) Réformes visant la promotion du genre, la protection des ressources en eau et l'économie de l'énergie. Le document rappelle que les autorités marocaines sont engagées, depuis plusieurs années, dans un vaste programme de réformes visant à instaurer les bases d'une croissance rapide et équilibrée susceptible de résorber les déficits économiques et sociaux. Le nouveau Gouvernement, mis en place suite aux élections législatives de Novembre 2011, a mis l'accent, à l'issue des évènements du ‘'Printemps Arabes'', sur un développement inclusif. Le Programme du Gouvernement (2012-2016), présenté au Parlement en Janvier 2012, a porté sur des engagements structurés autour de 5 grands piliers : (i) le renforcement de l'identité nationale unifiée ; la consolidation de l'Etat de droit, de la régionalisation avancée et de la bonne gouvernance; la mise en place d'une économie compétitive et diversifiée; le développement et la mise en œuvre de programmes sociaux et le renforcement de la position du Maroc au niveau international. C'est dans ce contexte que le Maroc a ouvert un vaste chantier de réformes structurelles et sectorielles, parmi lesquelles l'agriculture1. Le Plan Maroc Vert a d'ailleurs été élaboré et validé en avril 2008 par les autorités marocaines pour concrétiser ces réformes et promouvoir des investissements permettant de : - imprimer au secteur agricole une nouvelle dynamique ; - faire face aux nouveaux enjeux (crise alimentaire, opportunités d'emplois, fragilité des ressources, ...) et valoriser au mieux les potentialités ; - intégrer l'amont et l'aval de production et accompagner la profonde mutation que connaît le système agro-industriel. Développementsocio-économique, contraintes et défis Le Maroc a engagé des réformes structurelles profondes afin de soutenir la croissance2, qui s'est établie à 4,8% en 2011. Le revenu par habitant a presque doublé au cours de la dernière décennie pour atteindre 2.939 $EU en 2010. Les perspectives de croissance à moyen terme sont bonnes, et se basent sur la volonté des autorités à consolider la résilience de l'économie, à travers la poursuite des réformes engagées et la mise en œuvre de stratégies sectorielles et de soutien de la demande intérieure. Toutefois, le Maroc est confronté aux deux principaux défis, que sont les incertitudes liées au contexte politique actuel de l'Afrique du nord et la crise de la dette de la zone euro, principal partenaire commercial et financier du Maroc. Le déficit budgétaire (dons inclus) devrait rester élevé en 2012, à hauteur de 5% du PIB, avant d'amorcer une tendance à la baisse, et atteindre l'objectif 4% du PIB fixé par le Gouvernement. L'augmentation de la masse salariale, qui représente plus de 11% du PIB, en est la principale explication et s'inscrit dans la réponse du gouvernement aux revendications sociales de 20113. L'inflation a pu être maitrisée, s'établissant à 0,9% en 2010 et 2011, après des taux de 3,7% enregistrés en 2008 en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires. La position extérieure du Maroc est également déficitaire, avec un déficit du compte courant de 6,5% du PIB et des réserves officielles en baisse, représentant 5,2 mois d'importation en 2011. Néanmoins, la qualité de la gestion de la dette a valu au Maroc l'amélioration de sa notation par Standard & Poor's4, maintenue après les élections législatives de décembre 2011. Selon la Banque, l'effort d'intégration dans l'économie mondiale a été poursuivi à travers la signature de nombreux accords de libre-échange (ALE) qui ont abouti au récent « statut avancé » accordé par l'UE. Concernant le climat des affaires et la compétitivité, les récentes évaluations montrent que le pays se rapproche de plus en plus des meilleures pratiques internationales. Selon le rapport «Doing Business» de 2012, le Maroc gagne 20 places, passant de la 115ème à la 94ème place sur 183 pays et selon le rapport sur la compétitivité mondiale 2011-2012, le Maroc gagne deux places, passant de la 75ème place à la 73ème sur 142 pays, avec un score de 4,16 sur 7, contre 4,08 en 2010. Le Maroc a enregistré des performances appréciables, sur le plan de la lutte contre la pauvreté, avec la réduction du taux de pauvreté au niveau national, de 15,3% en 2000 à 9% en 2010. Toutefois, la pauvreté reste élevée en milieu rural (14,5%) contre seulement 4,8% en milieu urbain en 2010. En effet, bien que la population rurale ne représente que 46% de la population totale, les campagnes abritent les deux tiers (2/3) des pauvres. Et en milieu rural, 80% des pauvres tirent leurs revenus de l'agriculture. Le taux d'alphabétisation reste faible au plan national (59,5% en 2008) et accuse un important déficit en milieu rural (43,3%), chez les femmes (48,1%) et chez les plus de 50 ans (28,2%). L'implication des femmes dans l'activité économique est encore limitée, avec un taux d'activité au niveau national de 27,9% contre 76,9% pour les hommes. Les jeunes quant à eux enregistrent des taux de chômage élevés (31,6%). En 2010, le taux de scolarisation net au primaire était de 96,4% tandis que le ratio fille/garçon au primaire se situait à 97,9. Le taux d'achèvement du cycle collégial s'est également amélioré en s'établissant à 64,6% contre 48% en 2008/2009. Pour la santé le taux de mortalité infanto-juvénile (30,5 décès pour mille naissances vivantes en 2011) et celui de la mortalité maternelle (112 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011) demeurent encore élevés malgré les progrès accomplis suite à la mise en œuvre du programme de réforme de la couverture médicale de base en faveur des plus démunis. La deuxième phase (2011-2016) de l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH - lancée en mai 2005 et qui a enregistré des résultats positifs, notamment des avancées notables en matière de réalisation des ODM), vient d'être lancée, poursuivra les efforts en matière de réduction des disparités sociales. Selon l'appréciation de la Banque, le gouvernement marocain entend poursuivre les réformes entamées ces dernières années, en vue de consolider la croissance économique et de réaliser les ambitieux programmes d'investissement public qu'il a formulé. Il continuera également la mise en œuvre des principales stratégies sectorielles lancées, en soutien à la diversification économique et au renforcement du potentiel de croissance. A ce titre, le PMV est un instrument clé de la stratégie du gouvernement marocain, l'agriculture constituant un secteur à fort potentiel de productivité et de création d'emplois. Il participe de l'effort du gouvernement à relever les défis majeurs que sont : - la disparité régionale, la persistance de la vulnérabilité et le niveau élevé du chômage, en particulier chez les jeunes; - la fragilité des ressources (notamment l'eau) : Le Maroc est confronté à des problèmes de gestion durable des ressources naturelles, liés particulièrement à la pression sur les ressources hydriques, à la surexploitation des nappes souterraines et des terres arables, à la pollution atmosphérique et au surpâturage et au déboisement. La raréfaction des ressources en eau constitue, une contrainte majeure, compte tenu des effets conjugués des besoins croissants du pays liés à la pression démographique et l'appel des secteurs concurrents (eau potable, agriculture, tourisme, industrie, etc.) et aussi les effets que peuvent générer les changements climatiques. Les modes d'exploitation et de gestion exposent ces ressources à une fragilité de plus en plus croissante; - la diversification insuffisante des exportations et leur forte concentration sur les marchés européens ; - un climat des affaires peu attractif ; (v) les effets du changement climatique : le Maroc a dû faire face, ces trente dernières années, à 20 années sèches avec 3 épisodes de sécheresse ayant duré chacun quatre années consécutives. Cette situation fragilise le pays et le place dans la gamme des pays à stress hydrique. Le Maroc devra, en conséquence, faire face aux défis de la rareté des ressources en eau.