SAR la princesse Lalla Meryem a pris part, mardi à Paris, à l'inauguration par le président François Hollande, du département des Arts de l'Islam au sein du prestigieux musée du Louvre, qui a pu voir le jour grâce à la générosité de plusieurs donateurs français et du monde arabo-musulman, dont notamment SM le Roi Mohammed VI. Au musée du Louvre, SAR la princesse Lalla Meryem, qui a été saluée par le chef de l'Etat français, a assisté au discours inaugural prononcé par le président Hollande dans lequel il a notamment rendu hommage à la «générosité» et «la haute conscience» des mécènes, en premier lieu SM le Roi Mohammed VI, qui ont permis «de rendre ce moment possible». Son Altesse Royale a par la suite visité, aux côtés du président Hollande et des autres illustres hôtes, les nouveaux espaces dédiés aux Arts de l'Islam et suivi la présentation guidée du projet architectural et des objets exposés, par le directeur du département, Mme Sophie Makariou. A l'issue de cette visite guidée, SAR la princesse Lalla Meryem a assisté au dévoilement par le président Hollande de la plaque commémorative de l'inauguration de ce prestigieux département, avant de signer le livre d'or. SAR la princesse Lalla Meryem était accompagnée notamment des conseillers de SM le Roi, Mme Zoulikha Nasri et Taïeb Fassi-Fihri ainsi que du chargé d'affaires de l'ambassade du Maroc en France, M. Riad Ramzi. Ont assisté à cet événement phare de la rentrée artistique en France, notamment le ministre français de la culture, Aurélie Filipetti, le prince Alwaleed bin Talal bin Abdulaziz Al-Saoud, président de la fondation éponyme, le Premier ministre de l'Etat du Koweït Cheikh Jaber Moubarak Al-Hamad Al-Sabah, et le président de la république d'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, et les représentants d'autres mécènes individuels ou d'entreprises françaises qui ont soutenu financièrement la construction de ces nouveaux espaces. La création de ce nouvel espace pour abriter une riche collection des meilleures pièces des arts islamiques a été décidée par le président Jacques Chirac en 2003 alors que son successeur Nicolas Sarkozy en a posé la première pierre en 2008. Le Louvre expose désormais dans ce nouvel espace digne d'une grande civilisation, plus de 3.000 pièces issues des trésors en sa possession et de ceux provenant du Musée des arts décoratifs de Paris (près de 18.500 objets au total). L'objectif est de donner à voir aux visiteurs français et étrangers, dans un même lieu, les oeuvres reflétant l'apogée de la création artistique à travers le vaste espace où rayonnait l'Islam, de l'Espagne à l'Inde, durant douze siècles (VIIe au XIXe siècle). Le Maroc dans la collection du département des Arts de l'Islam du musée du Louvre Avec son nouveau département dédié aux Arts de l'Islam, le célèbre musée parisien Le Louvre met en lumière une grande civilisation à travers une collection d'oeuvres inédites témoignant de la diversité des créations artistiques issues de mille deux cent ans d'histoire et d'un territoire déployé sur trois continents, allant du Maroc à l'Inde. «Les oeuvres provenant du Maroc occupent une place de choix dans le parcours de cette civilisation qui s'étend de l'Espagne à l'Inde et du VIIe au XIXe siècle», souligne, citée par la MAP, Mme Gwenaëlle Fellinger, directrice adjointe du Département inauguré mardi par le président François Hollande en présence notamment de SAR la Princesse Lalla Meryem. La direction du Louvre a tenu à inclure parmi les pièces phares de sa précieuse collection, l'une des plus riches et plus belles du monde dans le domaine des arts de l'Islam du VIIe au XIXe siècle, des chefs d'oeuvres d'origine marocaine, a-t-elle affirmé. Au cours de son voyage au sein des différents volets de la création islamique, le visiteur des nouveaux espaces du Louvre pourra notamment découvrir ainsi des fragments des minbars de l'antique mosquée phare de Marrakech, la Koutoubia (2-ème quart du XIIe siècle), de la Mosquée-université Al Qarawiyn (milieu du XIIe siècle) ou encore de la Médersa Bou Inaniya (milieu du XIVe siècle) de Fès. Il serait aussi tenté de s'arrêter près des «très beaux linteaux et des corbeaux de bois sculpté provenant de Fès et de Rabat et datés de l'époque Mérinide (XIVe siècle)», qu'il pourrait apprécier autant qu'»un coffre fabriqué à partir de linteaux mérinides», selon la responsable du département. Les linteaux et corbeaux de bois en cèdre (pièce de bois, en saillie supportant les extrémités d'une corniche, d'une poutre, d'un linteau ou une galerie en encorbellement) de cette époque sont représentatifs des techniques de maçonnerie et d'architecture mérinide. Ces oeuvres, précise-t-elle, appartiennent au musée parisien du Quai Branly qui «a choisi de les déposer dans le nouveau département pour qu'elles y soient présentées». Pour ce qui est des dynasties almohades et almoravides durant leur règne en Espagne, Mme Fellinger retient comme pièce majeur de l'exposition «le lion provenant de Monzon que l'on date des XIIe-XIIIe siècles». «Il s'agit d'un très beau lion de bronze à queue articulée, servant probablement de bouche de fontaine», explique-t-elle. Ce lion aurait été trouvé dans les années 1860 à Monzon de Campos, dans la province de Palencia en Espagne. Si la qualité des pièces issues de l'Andalus sous le règne des dynasties marocaines est affirmée, la responsable du musée reconnait que leur part dans la collection reste relativement faible par rapport au nombre total des oeuvres exposées. Pour expliquer cet écart, la spécialiste française évoque «des raisons historiques». La principale a trait, dit-elle, au choix du protectorat français, dans la première moitié du XXe siècle «au moment où la plupart des collections d'art islamique se développaient», de fonder des musées sur place, ce qui a fait que «peu d'oeuvres ont trouvé le chemin de Paris». De plus, ajoute-elle, «les fouilles qui étaient alors menées au Maroc privilégiaient les périodes antiques». Certes, depuis l'indépendance, les périodes islamiques ont gagné, selon elle, la faveur des archéologues et des historiens de l'art, «les accords internationaux stipulent toujours que le produit des fouilles reste au Maroc». Outre les créations artistiques d'origine marocaine, la collection met en vedette une panoplie de pièces issues d'une vaste aire géographique, dont une «Aiguière d'al-Mughira» (Espagne, Cordoue, 968), une «Tête de prince en stuc sculpté» (Iran, XIIIe siècle), un «Baptistère de saint Louis» (Syrie, second quart du XIVe siècle), et un «Poignard à tête de cheval», Inde, XVIIe siècle. Au total, le nouveau département du Louvre réservé aux Arts de l'Islam accueille sur une superficie de 2800 m2, une collection riche de plus de quinze mille objets, complétée par les trois mille cinq cent oeuvres déposées par le musée des Arts décoratifs voisin. Ces oeuvres qui témoignent de la diversité d'inspiration et de la créativité des terres d'Islam, sont mises en valeur dans des espaces «entièrement nouveaux et repensés», aménagés sur deux niveaux dans la cour Visconti, l'une des plus ornées du Palais du Louvre. «Véritable prouesse architecturale», la couverture forme un nuage doré flottant au-dessus de la muséographie, une «aile de libellule» comme la nomme Mario Bellini, co-concepteur du projet avec l'architecte Rudy Ricciotti ou simplement «un tapis volant», comme l'ont baptisé les ouvriers du chantier. «Nous attendons énormément de public dans ces nouvelles salles. Mais c'est aussi une façon de mettre à disposition des 8,5 millions de visiteurs annuels du musée des oeuvres qui, pour beaucoup, étaient jusqu'à présent en réserve», souligne la directrice adjointe du Département.