Le taux de fécondité, nombre moyen d'enfants qu'a une femme, n'est pas un simple baromètre qui permet de prévoir la croissance ou la réduction de la population. Il peut également être une mesure de la qualité de la vie des femmes, qu'elles n'aient pas d'enfants, ou qu'elles en aient quelques-uns ou beaucoup. D'autres facteurs sont liés à cet indicateur de la taille des familles, de la population nationale ou de la population mondiale: santé, éducation, opportunités économiques, égalité des femmes et droit des femmes à décider du nombre d'enfants et de l'espacement des naissances, sans coercition de leur conjoint, de leur famille, de leur communauté ou d'une politique nationale. Dans les pays développés, le taux de fécondité moyen est d'environ 1,7 enfant, soit moins que le taux de remplacement qui est de 2,1. Dans les pays les moins avancés, le taux de fécondité est d'environ 4,2 et il atteint 4,8 en Afrique subsaharienne. Au niveau mondial, toutefois, les taux de fécondité diminuent progressivement depuis le milieu du siècle dernier. Chaque région et chaque pays possède des caractéristiques spécifiques qui influent sur le nombre d'enfants qu'ont les femmes. Les faits indiquent que la réduction de la fécondité a, jusqu'ici, accéléré la croissance économique et réduit la pauvreté. Les réductions de la fécondité ont été obtenues grâce à des améliorations de la santé reproductive, de la santé de l'enfant, de l'éducation et de l'autonomisation des femmes. Dans tous les pays, les parents ont décidé d'avoir moins d'enfants afin de pouvoir leur offrir de meilleurs chances. Des taux de fécondité élevés peuvent s'accompagner de coûts élevés dans les domaines de l'économie, de la santé et de la société dans certains pays. Au Mozambique, par exemple, « les taux de fécondité élevés sont un problème de santé publique », notamment dans le cas des mères dont les grossesses sont espacées de moins de deux ans et qui sont de ce fait affaiblies et plus vulnérables aux maladies. Les mères enceintes risquent de « ne pas avoir le temps de veiller à leur propre santé ou à celle de leurs autres enfants ». Et dans les régions rurales du Mozambique, en particulier dans le nord, ce sont les femmes qui sont chargées de tous les travaux agricoles et, si une grossesse ou une maladie les empêche de produire suffisamment de nourriture pour la famille, les enfants risquent de souffrir de la faim ou de malnutrition. L'autonomisation des femmes en tant que condition essentielle pour amener les populations à se stabiliser d'elles-mêmes et pas sous l'effet d'exigences de l'Etat est également un thème central des mesures subséquentes et une pierre de touche de l'élaboration des politiques. En parallèle à l'autonomisation des femmes, des hommes et de leur famille pour effectuer des choix judicieux et en matière de reproduction est venu s'inscrire l'engagement de la communauté internationale d'assurer, d'ici 2015, l'accès aux soins de santé reproductive, notamment à la planification familiale. Un tel accès a été reconnu comme une condition nécessaire au libre choix du nombre d'enfants et de mesures visant l'espacement des naissances. Un effet escompté de toute une série de mesure visant à autonomiser les individus, à promouvoir le développement, à améliorer la santé et à élargir l'accès à l'éducation, est que les taux de fécondité évolueraient pour se rapprocher du taux de remplacement de 2,1 enfants par femme (l'un de ces enfants étant une fille, future mère de la génération à venir). En 2011, le monde n'est plus qu'à trois ans de la date butoir adoptée au Caire et à quatre ans de celle dont il a été convenu pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, lesquels fixent de nombreuses cibles et vue de l'amélioration des conditions de vie et du respect des femmes et des filles. Certains pays atteignent certaines de ces cibles, mais l'accès à la planification familiale constitue une exception notable, de même que la garantie de l'exercice du droit des femmes à prendre elles-mêmes les décisions touchant à reproductive. On estime qu'aujourd'hui, dans les pays en développement, 215 millions de femmes en âge de procréer pratiqueraient la planification familiale si seulement elles y avaient accès. Des centaines de milliers de femmes meurent toujours chaque année de causes liées à la grossesse, un grand nombre de ces décès étant évitables. Dans certains pays, le manque d'accès à la planification familiale est dû à la faiblesse des réseaux de transport qui oppose un obstacle insurmontable à la livraison de fournitures dans les régions isolées. Dans d'autres, les forces culturelles et l'inégalité des sexes empêchent les femmes d'exercer leurs droits en matière de reproduction, alors que les services et les fournitures de planification familiale sont aisément disponibles. Dans d'autres encore, la demande de contraceptifs fléchit, pour une combinaison de raisons économiques et sociales qui n'ont pas toutes été élucidées par les démographes et les autres spécialistes qui étudient ces tendances.