Nicolas Sarkozy a donné son accord écrit en 1994, comme ministre du Budget, au versement de commissions en marge d'un contrat d'armement qui est au centre d'une affaire de corruption politique présumée, selon la déposition d'un haut fonctionnaire publiée jeudi par Mediapart. Sollicité par Reuters, le cabinet de Nicolas Sarkozy a indiqué ne faire aucun commentaire sur des procédures judiciaires. Nicolas Sarkozy a nié dans les médias depuis plusieurs années toute malversation dans ce dossier. L'hypothèse des juges est un détournement partiel, à des fins de financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan (contrat «Agosta», 84 millions d'euros) et de frégates à l'Arabie saoudite (contrat «Mouette», 200 millions d'euros) dans les années 1990. Un lien est soupçonné entre l'imbroglio sur les paiements de commissions au Pakistan et un attentat à Karachi qui a tué onze Français travaillant sur les sous-marins, en 2002. Nicolas Sarkozy était porte-parole de la campagne Balladur. Patricia Laplaud, haut fonctionnaire à l'époque au budget, a déclaré à la police le 3 juillet que le «balourd», en jargon une surcharge de commissions alors légales versées en marge des gros contrats, avait suscité de sa part une sollicitation du ministre. «En raison du balourd et de l'importance du contrat, il nous fallait un accord écrit de notre ministre (Nicolas Sarkozy - NDLR), que nous avons obtenu. Le contrat Mouette était un contrat important. Une note avait été envoyée au cabinet du ministère afin d'obtenir cet accord», a-t-elle ajouté. Les investigations ont montré que l'argent ainsi versé a bénéficié à un intermédiaire, Ziad Takieddine, mis en examen aujourd'hui plusieurs fois. Des retraits en espèces ensuite en Suisse semblent correspondre. Le lien avec les très importantes sommes en espèces versées aux comptes de la campagne Balladur ne semble pas cependant établi. Le nom de Nicolas Sarkozy figurait déjà au dossier car il aurait, selon un rapport de la police luxembourgeoise, approuvé la création de structures off-shore au Grand-Duché, supposées avoir servi à des malversations, ce qu'il nie. Cette procédure se développe alors que l'hypothèse d'un retour de Nicolas Sarkozy au premier plan n'est pas écartée. Une audition comme témoin est juridiquement possible mais toute mise en cause relèverait de la Cour de justice de la République. Diverses autres enquêtes sont susceptibles de l'inquiéter, notamment celle visant la fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.