Cher ami fumeur, Sidi KAFA (fumeur ou demandeur de sevrage tabagique). Sidi KAFA, vous avez fumé durant 10 ans, peut-être plus : 20 ans, 30 ans ... ! Vous en avez assez, et fortement informé et motivé, vous avez décidé d'en finir! Félicitations pour votre décision d'arrêter; elle est courageuse et merveilleuse; la méthode que vous avez choisie (arrêt total et brutal du tabac, plutôt que progressif) est - de l'avis de tous les pneumologues - la plus efficace. Aucun danger à arrêter de cette façon ; bien au contraire... votre entreprise est bénéfique et rentable grâce à laquelle vous vous libérez d'une servitude, d'une dépendance à la fois PHYSIQUE et PHARMACOLOGIQUE (nicotinique au niveau du cerveau) et PSYCHOLOGIQUE et COMPORTEMENTALE (habitudes personnelles largement répandues dans toutes les couches sociales). Entreprise colossale et formidable car elle vous met à l'abri des maladies gravissimes qui menacent le fumeur et que vous n'êtes pas sans connaître: - Les CANCERS au pluriel (cancer du poumon, cancer de la gorge, cancers digestifs ...) ; - Les MALADIES RESPIRATOIRES CHRONIQUES et INVALIDANTES : annoncées par l'essoufflement, d'abord progressif puis au moindre effort, la toux et l'expectoration, l'apparition de l'asthme, de la bronchite chronique, de l'emphysème !... etc ; - Les MALADIES CARDIO-VASCULAIRES: infarctus du myocarde qui peut être mortel, accident vasculaire cérébral avec ou sans hémiplégie, artérite des membres inférieurs nécessitant parfois une amputation, (sans oublier l'atteinte de l'artère honteuse responsable de l'impuissance sexuelle) ; il s'agit là de pathologies lourdes, parfois associées à des comobidités (obésité, stress, diabète, hypertention artérielle, syndrome d'apnée du sommeil) qui menacent le pronostic vital; mais avant d'en arriver là, leur évolution est souvent jalonnée par des complications, des épisodes infectieux aigus itératifs, des crises d'asthme, des suppurations bronchiques, des pneumopathies fébriles nécessitant, outre l'arrêt du travail, des traitements plus ou moins prolongés. Ces traitements soulagent ou contrôlent en partie les symptômes mais leurs effets secondaires - toujours présents à des degrés variables - s'ajoutent aux méfaits du tabagisme, contribuant ainsi à affaiblir davantage les moyens de défense de l'organisme. Cher SIDI KAFA, Vous connaissez donc les facteurs de risque cardio-vasculaires et respiratoires. Vous n'ignorez pas non plus les méfaits exercés par le tabagisme sur l'entourage familial et professionnel : le tabagisme passif est le nom que l'on donne à cette pollution tabagique; ses effets néfastes chroniques occasionnent chez le non-fumeur des troubles multiples allant de la simple intolérance respiratoire aux crises d'asthme, voire le cancer du poumon en passant par les infections respiratoires basses. Chez le tout petit enfant, la maturité du système respiratoire n'est atteinte qu'à l'âge de 4-5 ans, ce qui le rend particulièrement vulnérable. Est également particulièrement vulnérable le fœtus dans le ventre de sa mère car la nicotine - présente dans le sang maternel - traverse la barrière du placenta et perturbe le développement intra-utérin du fœtus: il y a souvent naissance prématurée ou naissance à terme d'enfants chétifs exposés aux problèmes de santé divers. Je voudrais à peine évoquer le problème de l'état de santé du porte- feuille des fumeurs: Je leur conseille souvent d'ouvrir un livret d'épargne au nom de leur (s) enfant (s) : en mettant dans ce livret en moyenne 1000 dirhams par mois, ils épargneraient en 20 années de tabagie la coquette somme de 240.000 dh !! On pourrait s'amuser en parallèle à estimer le capital santé respiratoire du non-fumeur: lui bénéficie d'un bonus inestimable. LA POURSUITE DE L'ARRET DE FUMER NECESSITE UN TRAVAIL SUR SOI AU QUOTIDIEN: pourquoi fumer ? Pourquoi allumer encore cette cigarette ? Voici quelques conseils pratiques dans ce sens: - Eviter au début les amis qui fument ; - Faire savoir autour de soi sa décision d'arrêter ; - Supprimer ou changer certaines habitudes qui s'accompagnent de cigarette ; - Supprimer l'alcool et les boissons fortes. Boire beaucoup d'eau: ça calme, ça désintoxique. Choisir une alimentation saine et pas grasse car risque de prise de poids (2 ou 3 kilos, pas graves en soi) ; - Ménager des moments de repos et de détente dans la journée: sieste, séances de yoga, moments de spiritualité tels que la prière à la mosquée en groupe, lecture du Coran en groupe (après la prière d'Al Maghrib par exemple) ; - Faire des promenades de santé régulièrement, associées à des activités physiques (piscine, vélo, golf...) ; - Prendre des vacances rapprochées ou des week-ends prolongés propices à l'arrêt. Un congé de maladie de quelques jours pourrait même être envisagé ; - Faire des cures thermales (Moulay Yacoub) ; - Lire; adhérer à des clubs; participer à des activités culturelles sont des dérivatifs appréciables. Enfin, «communiquez avec votre appareil respiratoire plusieurs fois par jour » en faisant des respirations profondes plusieurs fois par jour : la sensation de plénitude et de bien-être respiratoire, en un mot de bonheur, que vous ne tarderez pas à percevoir encourage l'ex-fumeur et compense ses efforts. Le recours à la pharmacologie peut être utile et aider dans certains cas : il s'agit du traitement nicotinique de substitution qui a l'avantage d'apporter la seule nicotine sans les goudrons cancérigènes de la cigarette. Pour conclure, il faut savoir que le sevrage tabagique doit être envisagé pendant des périodes propices dépourvues de stress, telles que les vacances, des événements heureux comme le mariage, une naissance, une convalescence, au sortir d'une maladie, d'une opération chirurgicale. Mais le mois du Ramadan me paraît la période la plus favorable au sevrage tabagique car c'est le mois des sacrifices, des abstinences, des refus, mais aussi de l'espérance et de la volonté. Une éventuelle rechute qui surviendrait ne doit pas être source de découragement et de culpabilisation, mais, au contraire, une incitation à recommencer puisqu'on a été capable d'arrêter une première fois. Cher ami KAFA, vous voilà bien armé pour mener à bien votre entreprise de sevrage tabagique: vous êtes amplement informé, vous avez aussi votre volonté et votre motivation. Vous avez enfin les conseils pratiques et le soutient permanent des pneumologues qui applaudissent votre courage.