Le Vietnam surtout, mais aussi la Chine et la Thaïlande, jouent un rôle majeur dans le trafic d'ivoire d'éléphants et de cornes de rhinocéros, provoquant le massacre de ces animaux en Afrique du Sud et centrale, souligne lundi l'organisation écologiste WWF. En Afrique centrale, le braconnage des éléphants a atteint «un niveau de crise» tandis que la chasse aux rhinocéros va «probablement aboutir à leur extinction», ajoute WWF dans un rapport. «Au regard de la hausse du braconnage des éléphants en Afrique et de la présence accrue du crime organisé dans ce commerce, on peut désormais qualifier la situation de +critique+», indique-t-il. Le Vietnam apparaît comme «la première destination» pour les cornes de rhinocéros, dont le commerce illégal alimente le braconnage en Afrique du Sud, «épicentre» de ce trafic. En 2011, le chiffre record de 448 de ces animaux ont été tués dans ce pays, et 262 sur les six premiers mois de 2012, a déploré WWF. «Beaucoup de Vietnamiens, y compris des diplomates, ont été arrêtés, ou soupçonnés, pour avoir acquis illégalement des cornes en Afrique du Sud», selon ce rapport publié avant la réunion à Genève de responsables de plusieurs gouvernements, consacrée au trafic d'animaux. «Le Vietnam doit revoir ses sanctions et réduire immédiatement ses réseaux de distribution et ses publicités sur internet pour les cornes», déclare Elisabeth McLellan, responsable du Programme mondial des espèces au WWF. La corne de rhinocéros est parée de vertus thérapeutiques et aphrodisiaques --jamais démontrées scientifiquement-- en Asie. La Chine est elle aussi pointée du doigt pour ses manquements dans le contrôle de son marché légal d'ivoire, où est écoulée de l'ivoire récupérée par exemple sur des animaux morts ou lors d'abattages autorisés. «L'afflux énorme et continu d'ivoire illégale vers la Chine laisse penser qu'elle est acheminée vers les marchés légaux», indique l'étude. WWF demande à la Chine d'améliorer ses contrôles et d'informer ses ressortissants en Afrique que quiconque pris en train d'importer illégalement en Chine des animaux sera poursuivi, et, si condamné, sévèrement sanctionné. En Thaïlande, «l'ivoire illégale est vendue ouvertement dans des boutiques fréquentées par les touristes» et «jusqu'à présent la Thaïlande n'a pas répondu de manière adéquate aux inquiétudes exprimées», souligne WWF. «La seule option crédible à ce stade est une interdiction totale du commerce de l'ivoire». Ce commerce illégal est «une menace pour les animaux mais aussi un risque pour les populations, l'intégrité du territoire, la stabilité et le respect de la loi», souligne l'organisation, qui demandent aux gouvernement de l'Afrique centrale de signer un accord de mise en oeuvre de la législation sur la vie sauvage, et de faire de son application une priorité. Le WWF signale cependant «quelques signes encourageants». «Le mois dernier, le Gabon a brûlé tous ses stocks d'ivoire (...) et le président Ali Bongo s'est engagé à accroître la protection des parcs et à s'assurer que ceux qui commettent des délits soient poursuivis et envoyés en prison». L'origine de l'ivoire brûlée n'avait pas pu être vérifiée. Le WWF s'est également félicité des progrès réalisés en Inde et au Népal, pour les rhinocéros, les éléphants et même les tigres. En 2011, le Népal n'a connu aucun braconnage de rhinocéros. Mais dans le monde, plus de 200 carcasses de tigres sont repérées chaque année sur le marché noir, soit un chiffre inquiétant «au regard des seulement 3.200 tigres vivant encore à l'état sauvage».