Au Maroc comme partout ailleurs dans les pays musulmans, Ramadan change les mœurs, les modes de vie, crée de nouvelles tendances et impose de nouvelles règles de conduite et de nouveaux rapports, autres que ceux dont on a coutume durant les onze mois de l'année. Ce mois sacré bouleverse bien des habitudes mais la tradition reprend momentanément le dessus durant cette période propice aux retrouvailles familiales autour du ftour ou du dîner. Le Ramadan c'est aussi cette ambiance festive durant la nuit, source de joie et de plaisirs. En effet, des familles et des jeunes prennent d'assaut les terrasses des cafés alors que d'autres préfèrent flâner des heures durant sur les grandes artères animées. Cette joie de vivre est ressentie de tous même par les enfants, quoique pas habitués à sortir tardivement la nuit. Après le ftour, les mosquées ne désemplissent pas et la prière des taraouihes, très prisée en ce mois sacré, rassemble un grand nombre de fidèles jeûneurs. Ancré dans le vécu marocain, le beldi, véritable univers culturel et civilisationnel, n'a pas perdu son attractivité. Au contraire, il s'affirme d'année en année, notamment pendant ramadan, où les femmes et les hommes se mettent en tenues traditionnelles, qu'ils prennent le soin de préparer chez le couturier au préalable. Chakroune Mohamed, vendeur de tissus traditionnels (beldi) à la médina de Rabat, a confié qu'une bonne partie de son chiffre d'affaires est réalisée pendant le mois sacré de ramadan. Le caractère religieux et traditionnel est fortement lié à ce mois et on remarque un regain d'intérêt pour les tenues traditionnelles, notamment pour les enfants dont les articles vendus ont considérablement augmenté dernièrement, a-t-il ajouté. Le Ramadan c'est aussi une table bien garnie. Chebbakia, Mssemen, Sellou, Harira sont présents sur toutes les tables marocaines. Une tournée dans les commerces permet de constater que les prix proposés répondent à toutes les bourses et les gens ne se retiennent pas, dès lors qu'il s'agit de l'alimentaire. Bouchra, une pâtissière qui travaille à domicile, a indiqué que le rythme de travail augmente considérablement avant et pendant le mois de Ramadan, assurant qu'une forte demande concerne des variétés spécifiques de gâteaux marocains, en particulier ceux à base de miel et d'amende. Mon chiffre d'affaires enregistre une hausse significative pendant ce mois sacré et il y en a pour toutes les bourses, mais je remarque de plus en plus de personnes qui réclament de la qualité malgré une légère hausse des prix de certaines matières premières qui peut être expliquée par la forte demande, a-t-elle fait savoir. De son côté Fatima, qui a converti son snack en un magasin de vente de gâteaux à l'occasion du mois sacré, a noté que son commerce connaît une affluence record pendant le Ramadan, grâce notamment "aux variétés orientales que je mets à la disposition de mes clients". Ce mois est également une période de dur labeur pour les femmes. Des mets de tous genres sont servis sur la table pendant le ftour, qui constitue une belle occasion pour recevoir les proches et les amis. Latifa, une femme au foyer, confie à ce propos, qu'"il faut savoir s'organiser pour concilier entre les courses, le ménage, la prise en charge des enfants et la préparation des repas", ajoutant que "la fatigue finit par prendre le dessus". Ramadan est aussi synonyme d'habitudes télévisuelles ancrées. Les téléspectateurs n'ont que l'embarras du choix entre feuilletons de tous genres, sitcom et films. Les chaînes de télévision rivalisent entre elles et concoctent un programme ramadanesque copieux pour répondre à tous les goûts télévisuels. Les Marocains se préparent comme il se doit pour accueillir cet "hôte d'exception", qu'est le Ramadan, un mois de ferveur et d'abondance.