Depuis plus de quatre siècles, l'éducation occidentale, dont nous suivons l'exemple, était centrée sur l'école comme unique source d'apprentissage. Ces dernières décennies, ce paradigme centré sur l'école a été mis à mal par les évolutions rapides qui ont marqué la civilisation occidentale, à savoir : - l'information est devenue si abondante que la mission éducative de l'école s'est mise à assumer un rôle secondaire (ce qui a provoqué l'apparition de nouveaux mouvements tels que l'apprentissage centré sur les compétences ou le retour à l'essentiel) ; - les diplômes ne sont plus une garantie d'emploi (ce qui signifie que l'un des piliers de l'éducation formelle, à savoir l'évaluation et la délivrance de diplômes, prend une valeur relative) ; - les nouvelles sources éducatives et l'éducation informelle exercent une influence croissante (les élèves passent plus de temps devant leur télévision et leur ordinateur et leur télé-jeux que dans la salle de classe) ; - les pressions exercées par l'environnement social se sont intensifiées et ont forcé l'école à s'ouvrir et à accorder une plus large place aux compétences sociales (les établissements scolaires ont dû, par exemple, adopter des programmes préventifs pour lutter contre la violence, la délinquence, le vandalisme et la toxicomanie... - A partir des années 70 (1970), l'école européenne a dû accepter le fait qu'elle ne détenait plus le monopole de l'éducation et qu'elle n'était plus qu'une composante parmi d'autres de l'apprentissage tout au long de la vie. - Les enfants et les jeunes se sont vus accorder des droits (convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant 1989) ce qui implique une plus grande participation et une vie plus démocratique à l'école. Les recherches les plus récentes montrent que l'école doit changer pour pouvoir faire face à ces évolutions que connaît le monde. Des lignes de conduite ont donc été définies pour cette fin : - la stimulation de la socialisation politique des élèves ; - l'assurance obligatoire de la pratique directe des droits de l'Homme et la démocratie participative à l'école ; - l'élaboration d'une approche fondée sur le modèle de l'organisation apprenante ; - l'ouverture de l'école aux collectivités et à l'environnement social. Les auteurs qui s'intéressent plus particulièrement à l'apprentissage scolaire (Voir. R. Skager Organzing Schools to Encourage Self-Direction in learners, Oxford, Pergamon. 1994) qui souligne les caractéristiques suivantes : • il résulte d'un enseignement didactique ; • il considère le savoir comme factuel et incontestable ; - il est axé sur les examens finaux et les évaluations ; • il instaure le respect vis-à-vis de l'enseignement en tant qu'unique source du savoir. Du point de vue de l'éducation en général et de l'éducation à la citoyenneté, cet apprentissage passif, fondé sur la transmission du savoir et de l'autorité, donne des citoyens soumis, des travailleurs passifs et des fonctionnaires dociles. L'expérience dans ce domaine a entraîné une nouvelle perspective de l'apprentissage scolaire. L'accent n'est plus mis sur l'enseignement et la transmission didactique mais sur l'acquisition de compétences durables destinées à être employées dans divers contextes démocratiques. Aux trois fonctions traditionnelles de l'école (transmission culturelle, reproductions sociales et socialisation) vient ainsi s'ajouter une quatrième : la préparation à l'apprentissage tout au long de la vie [comme disait notre prophète (Bénédiction et Salut d'Allah sur Lui) « Demandez la science du berceau jusqu'à la tombe »]. Cette quatrième fonction présuppose : • Le passage d'un mode d'enseignement par transmission et d'un mode d'apprentissage par absorption, avec curriculum considéré comme « programme à suivre » à une approche constructive qui donne la priorité à l'expérience personnelle des élèves ; • l'interaction entre l'activité de citoyenneté (participation active, jeu de rôle, résolution des problèmes) et l'apprentissage qui se renforcement mutuellement et créent ainsi un cycle de développement ; • le passage d'un apprentissage réactif à un auto-apprentissage qui donne la priorité à l'appropriation, la prise de responsabilités, l'autonomisation, la connaissance de soi, la créativité et l'envie de continuer à apprendre. (à suivre)