Avec deux autres artistes peintres marocains faisant partie d'un collectif international composé de 500 artistes plasticiens, Habib Kibari, ancien lauréat de l'Ecole nationale des Beaux-arts de Tétouan, né à Béni Mellal en 1971 et installé à Marrakech, a été sollicité par le ministère de la République de Chine pour exposer dans le Musée de Londres à partir du 1er août prochain. Sa peinture a été sélectionnée par l'Olympic Fine Art 2012 (Londres) et va être exposée pendant les Jeux Olympiques, sous le Haut patronage du Comité international Olympique, avec l'approbation dudit ministère, en partenariat avec la Société Chinoise pour la Promotion de la Culture et le Développement de l'Art, et l'Association Pékin pour la Promotion des Jeux Olympiques liés à la Culture. Olympic Fine Art 2012 sera une autre célébration de « L'art et le sport ». L'objectif de l'événement est de diffuser et d'exalter l'esprit et les idées olympiques à travers différents styles des Beaux-arts de différentes régions du monde. L'exposition a pour thème « La Tamise et la Grande Muraille embrassent le monde ». Cependant chaque artiste est libre de proposer, s'il le souhaite, une œuvre sur le thème qui reflète au mieux son style. L'exposition se tiendra au Museum de Londres avant de rejoindre celui de Pékin. Lecture dans l'œuvre de Habib Kibari. Kibari est un figuratif marocain des plus authentiques. Son registre iconographique, tel que traité, se donne comme une synthèse possible de deux mouvements de l'histoire de l'art, l'impressionnisme et l'expressionnisme considérés comme des esthétiques. Une synthèse qui condense en elle, techniquement parlant, les objectifs majeurs de la force et de la lumière. Tout dramatisme et tout euphorisme en sont cependant exclus. Reste une approche expérimentale et testimoniale pertinente. La thématique sur laquelle l'artiste a toujours travaillé focalise sur le Maroc, ses scènes de genre pittoresques, son architecture traditionnelle, sa galerie d'hommes du terroir, le Maroc comme un pays du Sud, partant les pays subsahariens aussi, qui ont en commun avec lui un certain mode de vie et une géographie humaine aux racines multiples et complémentaires. Grand voyageur, Habib Kibari a su en mémoriser les similitudes civilisationnelles au niveau du comportement, du vestimentaire, des conditions de vie, à des fins d'observation esthétiques, dont il décrit et analyse à sa manière l'aspect réaliste et les expressions vernaculaires. Sa technique, qui privilégie l'emploi du papier kraft au lieu de la toile (trop blanche !), pour sa coloration évoquant celle de la terre et pour une certaine idée de vieillissement (ou de ternissure), s'attache, par l'acrylique ou l'aquarelle, à suggérer le réel à travers un jeu de « voilement/dévoilement, laissant la révélation des formes aux effets de la lumière et du mouvement ». C'est une technique qui puise en partie sa matière graphique et conceptuelle de la poétique abstraite, qui compte en premier sur les effets et les sensations colorées, pour créer de l'émotion, et évite les contours prononcés de la représentation. Une démarche toute de discrétion, face à un dispositif de figures mentales, de souvenirs et d'images virtuelles, qui risquent de s'imposer au regard de l'artiste et le faire basculer dans une illustration à relents naturalistes. A considérer en plus, dans le travail de Kibari, cette notion d'inachevé, corollaire théorique chez lui d'une quête spirituelle, celle d'un univers libéré de sa gangue pseudo réaliste, faite de touches appliquées et de nuances évocatrices, une notion qui enrobe ledit travail de résonances nimbées, émanant comme d'une rêve hypnagogique. Habib Kibari crée à l'orée d'un monde à mi-chemin entre la réalité et la fiction. De ses multiples voyages, il lui est resté comme des visions, des échos, des sensations fugaces que sa maîtrise de l'art et l'alacrité de son style arrivent à saisir et à fixer, telles des notes de musique fuyantes.