Jean-Marc Ayrault a présenté mardi la «feuille de route» de son action gouvernementale, construite autour d'un «redressement dans la justice» promis sans austérité et fidèle aux promesses électorales de François Hollande. Dans un discours de politique générale d'une heure et quarante minutes au ton ferme et offensif mais sans surprise, le Premier ministre a invité les Français à «retrouver confiance en (leur) destin» malgré une «crise sans précédent». «Je revendique le sérieux et la responsabilité budgétaires. Je veux la justice fiscale. J'appelle à l'effort national. Mais je refuse l'austérité», a-t-il souligné, présentant comme acquis un redressement significatif des finances publiques pour 2013 que d'aucuns jugent extrêmement difficile à mettre en œuvre. Jean-Marc Ayrault a officiellement révisé à la baisse les prévisions de croissance du gouvernement, qui table désormais sur une croissance du PIB de 0,3% en 2012 et 1,2% en 2013 contre 0,5% et 1,7% prévu dans le programme de François Hollande. L'exécutif socialiste veut revenir à l'équilibre fin 2017, ce qui serait une première pour un gouvernement français depuis 1974. Le déficit était de 5,2% l'an dernier. «Le redressement prendra du temps, ce sera difficile mais nous réussirons», a promis Jean-Marc Ayrault. Concentré sur les affres intérieures d'un pays à qui il a déclaré sa flamme - «Comme vous, j'aime la France» -, Jean-Marc Ayrault n'a consacré à l'Europe qu'une seule page sur les 21 que comptait son discours. De la séparation des activités d'investissements et spéculatives des banques, des 150.000 emplois d'avenir en passant par la baisse de la part du nucléaire dans la production d'électricité et le relèvement du Livret A, le chef du gouvernement a confirmé les propositions électorales de François Hollande. Rupture avec l'héritage Sarkozy-Fillon Au chapitre des réformes sociétales, Jean-Marc Ayrault a confirmé le projet de proposer le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant en situation régulière depuis au moins cinq ans. Le droit au mariage et à l'adoption pour les personnes de même sexe est quant à lui annoncé pour le premier semestre 2013. Au-delà des trains de mesures, Jean-Marc Ayrault s'est présenté en rupture, sur le fond comme sur la forme, avec le précédent exécutif, même s'il s'est défendu de vouloir «lancer un débat sur l'héritage». Sous les yeux de son prédécesseur, l'UMP François Fillon, désormais député de Paris, il s'est livré à une critique en creux du précédent gouvernement conservateur par des formules telles que «Fini le temps des sommets spectacles» ou «On ne combat pas l'inertie par l'agitation». «La tentation de tout pouvoir est d'aller vite. D'imposer sa marque dès les premières heures. De tout réaliser en cent jours comme si plus rien ne devait être possible ensuite», a fait valoir l'ancien député-maire de Nantes. A la tête d'un gouvernement ayant réservé une place de choix aux femmes et à la diversité, Jean-Marc Ayrault s'est aussi posé en réconciliateur d'une France multiple, qui «aime l'idée que la Nation française soit fondée sur le désir de lui appartenir plus que sur la naissance». Alors que François Hollande s'était présenté pendant sa campagne en «adversaire» de la finance, Jean-Marc Ayrault a affirmé qu'il n'était «pas l'ennemi de l'argent». Mais c'est aux marchés, et plus spécialement aux agences de notation, qu'il a fait référence en conclusion de son discours, affirmant que les valeurs de la France n'avaient «pas de prix». «Aucune agence ne notera jamais notre rêve, parce qu'il ne relève que de votre confiance et de celle des Français», a-t-il dit avant de solliciter la confiance des députés lors d'un vote lui aussi sans surprise, les socialistes et leurs alliés disposant de la majorité absolue à l'Assemblée. L'Assemblée nationale a, sans surprise, accordé mardi sa confiance au gouvernement de Jean-Marc Ayrault, après son discours de politique générale, avec 302 voix pour, sur 527 suffrages exprimés.