La situation des jeunes et leurs revendications pressantes, portant sur des ambitions légitimes et figurant en tant que droits politiques, économiques et sociaux doivent déterminer et motiver toutes politique publique. Pour ces raisons fondamentales qui mettent en jeu le devenir des Marocains, les questions et les problématiques de la jeunesse doivent être abordées avec la conscience et la responsabilité que requièrent les enjeux qu'elles comportent Elles doivent être appréhendées dans toute leur dimension et leur profondeur dans la perspective de restituer pleinement à la jeunesse sa place et son rôle dans la société et l'économie marocaines. Les jeunes marocains ne pâtissent pas seulement de la situation du marché du travail lorsqu'ils en sont exclus. Leur insatisfaction s'exprime même lorsqu'ils ont un emploi. Les jeunes scrutent les horizons et regardent hors du marché du travail qui ne leur procure aucune satisfaction et 37% portent leur regard au-delà des frontières de leur pays. Dans la partie qui suit, le rapport de la Banque mondiale intitulé « Royaume du Maroc, Promouvoir les opportunités et la participation des Jeunes » examine la situation des jeunes marocains qui ont accédé au marché du travail et leurs projet d'émigrer. Alors que les jeunes hommes et femmes luttent pour accéder au marché du travail, ceux qui ont réussi à intégrer la population active font largement état d'emplois de faible qualité. Les types d'emplois que les jeunes obtiennent sont essentiels à leur bien-être. Au Maroc, les jeunes travaillent pour la plupart (près de la moitié) en tant que salariés dans des entreprises privées. Les autres formes communes d‘emploi sont : aides familiales (15,5% de tous les jeunes ayant un emploi) et stagiaires (10%). Les postes dans le secteur public sont rares -seulement 5% des jeunes y accèdent- même si ces emplois restent très convoités : 46% des jeunes ayant répondu à l‘enquête ont déclaré préférer les emplois du secteur public à ceux du privé ou au statut de travailleur indépendant. L'importance du secteur public en tant que source d'emplois a toutefois diminué chez les jeunes. Parmi la population active des moins jeunes, âgés de 30 à 64 ans, 11,6% travaillent dans le secteur public, près de deux fois le pourcentage des jeunes qui travaillent. Il n‘est pas non plus surprenant que l‘activité non salariée soit, elle aussi, moins fréquente chez les jeunes que parmi la population active moins jeune. La grande majorité de jeunes femmes des zones urbaines -près de 4 sur 5- sont des salariées du secteur privé. Quelques 10% des jeunes femmes employées des zones urbaines travaillent dans le secteur public. Dans les zones rurales, les jeunes femmes qui ont un emploi travaillent généralement dans le secteur privé (environ 40%), alors qu‘un peu plus de 25% sont des aides familiales. Parmi les jeunes hommes des zones urbaines et rurales, les emplois dans le secteur privé sont les plus courants. Ceci étant, comparé aux femmes, les secteurs dans lesquels les hommes travaillent en tant que salariés sont plus diversifiés, surtout dans les zones urbaines. Exemple : alors que pratiquement aucune jeune femme ne travaille comme apprentie ni n‘exerce d‘auto-emploi, 11,5% des jeunes hommes des milieux urbains sont apprentis et environ 15% travaillent comme indépendants (à l‘intérieur comme à l‘extérieur de chez eux). Environ 88% des jeunes employés n'ont pas de contrat de travail. Ainsi, la plupart des jeunes travaillent dans le secteur informel, comme dans d'autres pays de la région MENA. Fait intéressant, parmi les employés moins jeunes (âgés de 30 à 64 ans), l‘incidence des emplois informels est plus faible, mais le pourcentage reste très élevé (environ 81%). Lorsque d‘autres indicateurs du caractère formel de l‘emploi sont utilisés, comme les cotisations à un régime de sécurité sociale ou les prestations d‘assurance-maladie à travers l‘emploi, le tableau est encore plus sombre -surtout pour ce qui concerne les travailleurs plus âgés. Seulement 11,4% des jeunes qui ont un emploi cotisent à la Caisse de Sécurité sociale et seulement 9,7% bénéficient d‘une assurance-maladie. Contrairement aux emplois du secteur informel, ceux du secteur formel sont accompagnés de certaines prestations en complément du salaire. La sécurité sociale est la prestation la plus courante qui accompagne les emplois bénéficiant d‘un contrat de travail -78% des jeunes ayant un contrat de travail bénéficient de cette prestation sociale. La sécurité sociale est légèrement plus rare dans les zones rurales avec 62% de jeunes ayant un emploi dans le secteur formel qui en bénéficient; ceci étant, sa couverture est considérablement plus faible chez les jeunes ruraux (33%) que chez les jeunes urbains (68,4%). La troisième prestation sociale la plus courante est la prime de congés, dont bénéficient 39,6% des jeunes travaillant dans le secteur formel. La formation est rarement accordée comme prestation; si parmi les jeunes urbains, 17% ont indiqué en avoir bénéficié, aucun en revanche n‘en a bénéficié parmi le faible nombre de travailleurs du secteur formel dans les zones rurales. Quel que soit le faible nombre d'emplois informels dans les zones urbaines, le fossé entre les jeunes femmes et les jeunes hommes dans l'emploi informel des zones urbaines est assez prononcé : 40% de toutes les femmes employées ont un contrat de travail pour 13% des hommes. Il est aussi probable que le faible taux d‘emploi des femmes est dû à la faible prévalence des femmes dans le secteur informel. Les zones rurales n‘offrent pratiquement pas d‘emplois dans le secteur formel aux femmes et très peu aux hommes (environ 6%). Niveaux de sous-emploi élevés Une analyse approfondie des formes d'emploi révèle que les jeunes travailleurs sont confrontés à des niveaux de sous-emploi élevés, ce qui signifie qu'ils travaillent moins d'heures qu'ils ne le souhaitent. L‘incidence du sous-emploi chez les jeunes travailleurs est pratiquement deux fois plus élevée chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes 29% comparé à 16%. La situation est pire chez les jeunes des zones rurales, hommes et femmes, que celle qui sévit en milieu urbain : dans les zones rurales, près d‘un tiers des jeunes adultes (hommes et femmes) indiquent être sous-employés. Ceci est dû en grande partie à l‘expansion des emplois informels dans le secteur rural. Par ailleurs, peu de jeunes femmes urbaines (10%) indiquent être sous-employées car un grand nombre d‘entre elles détient un emploi dans le secteur formel. Le sous-emploi est fortement associé au secteur informel, source importante d'emplois temporaires.