Au terme des quatre premiers mois de l'année 2012, l'économie marocaine est restée sur une trajectoire de croissance positive tout en montrant des signes d'affaiblissement au niveau de certains secteurs, particulièrement ceux en relation avec l'extérieur en raison du ralentissement de l'économie mondiale et de l'entrée en récession de la zone Euro, principal partenaire du Maroc. L'économie devrait poursuivre sa croissance à un rythme satisfaisant, en 2012, en dépit des conditions climatiques défavorables et cette croissance devrait être générée par les activités non agricoles, tandis que sur le plan agricole, et en raison de la sécheresse, une baisse de la valeur ajoutée du secteur est attendue suite à la chute de la production céréalière. Selon le dernier communiqué du ministère de l'agriculture, la récolte céréalière pour la campagne 20112012 devrait avoisiner 48 Mqx contre 88 Mqx, soit une baisse de près de 45,5%, liée à la vague de froid qu'a connu le Maroc et surtout à la rareté des précipitations. Dans ces conditions et en raison de la décélération enregistrée au niveau de certains secteurs et de la baisse de la demande adressée au Maroc, les perspectives d'évolution de l'économie marocaine au cours de l'année 2012 ont été revues à la baisse pour ressortir à 3,2% au lieu de 4,2% initialement estimés. La collecte de blé tendre de la récolte 2011 a atteint, à fin avril 2012, 22,3 Mqx, précise l'ONICL (Office national interprofessionnel des céréales) dans son dernier bulletin. Sur cette quantité, il a été utilisé par voie d'appels d'offres organisés par cet office, plus de 49% pour l'achat de blé tendre destiné à la fabrication des farines subventionnées. Au titre de la commercialisation de la récolte nationale 2011, la collecte des céréales par les opérateurs déclarés à l'ONICL, a atteint, au terme de cette période, 22,4 Mqx, constituée à 99,3% par le blé tendre. Les commerçants négociants et les coopératives ont réalisé 73% de la collecte de ce blé. S'agissant des Importations des céréales, celles-ci ont atteint, depuis le début de la campagne 2011/2012, 52,5 Mqx constituées à 47% par le blé tendre, 31% par le maïs, 12% par le blé dur et 10% par l'orge. Les importations ont régressé de 10% par rapport à la même date de la campagne précédente. S'agissant de la transformation industrielle des céréales, celle-ci a atteint, à fin avril 2012, 61,0 Mqx, marquant une augmentation de 0,5% par rapport à la même période de la campagne précédente. Au terme de cette période, la minoterie industrielle a écrasé 45% de blé tendre d'origine de la production locale. La fabrication des farines subventionnées (FNBT) est faite à hauteur de 93% du blé tendre de la production nationale. Augmentation de la production et amélioration des ventes industrielles S'agissant de l'évolution des secteurs industriels, l'enquête mensuelle de conjoncture dans l'industrie, réalisée par Bank Al-Maghrib, fait état des opinions exprimées par les chefs d'entreprise, selon lesquelles la production a augmenté au mois d'avril par rapport au mois précédent. Selon cette enquête, 51% des réponses indiquent un développement de l'activité, 29% une stagnation et 21% une régression, soit un solde positif de 30%. Pour les trois prochains mois, les industriels prévoient la poursuite de la hausse de l'activité avec un solde d'opinion de 53%. La hausse globale a été particulièrement tirée par les industries chimiques et parachimiques et les industries mécaniques et métallurgiques, alors que les trois autres branches ont connu une baisse. L'amélioration de l'activité à court terme est anticipée par les opérateurs de l'ensemble des industries à des degrés différenciés. Les ventes globales ont progressé, en avril, par rapport au mois précédent avec un solde d'opinion de 31%. Au cours des trois prochains mois, les industriels anticipent la poursuite de la hausse des ventes aussi bien locales qu'étrangères. Au même titre que pour la production, l'amélioration globale des ventes a été le fait des industries chimiques et parachimiques, ainsi que des industries mécaniques et métallurgiques. À court terme, les professionnels de l'ensemble des branches tablent sur une amélioration des ventes globales. Les nouvelles commandes reçues ont globalement stagné, recouvrant une hausse dans les industries mécaniques et métallurgiques et dans les industries électriques et électroniques et une baisse dans les autres industries. Le carnet des commandes est jugé à son niveau normal, tandis que les stocks de produits finis sont estimés supérieurs à leur niveau habituel. Evolution des prix des produits finis Les résultats de l'enquête font ressortir une augmentation des prix des produits finis, avec un solde d'opinion de 21%. 27% des réponses indiquent une hausse des prix des produits finis, 67% une stagnation et 6% une baisse. Pour les trois prochains mois, ces prix devraient poursuivre leur progression avec un solde d'opinion de 26%. Le renchérissement d'un mois à l'autre a concerné l'ensemble des branches à l'exception des industries du textile et du cuir et des industries mécaniques et métallurgiques pour lesquelles les prix des produits finis ont stagné. A court terme, les prix des produits finis devraient marquer une progression dans l'ensemble des banches. L'inflation en légère baisse de 0,2% En avril 2012, l'indice des prix à la consommation (IPC) a marqué un repli mensuel de 0,2%, soit la même évolution observée en mars. Cette baisse recouvre essentiellement celle de 1,6% des prix des produits alimentaires volatils qui ont contribué à hauteur de -0,2 point de pourcentage à la variation de l'IPC. Abstraction faite des produits volatils et de ceux administrés, l'inflation sous-jacente (IPCX) s'est établie à 0% après -0,5% un mois auparavant. En glissement annuel, l'inflation globale est ressortie à 1,2% en avril après 0,3% en mars, portant sa moyenne à 0,7% sur les quatre premiers mois de l'année. Cette évolution s'explique principalement par la hausse des prix de la composante « produits alimentaires volatils » de 4,4% et, dans une moindre mesure, par celle de l'inflation sous-jacente de 0,8%. Le déficit commercial se creuse de 6% Au terme des quatre premiers mois de l'année 2012, le déficit commercial s'est élevé à 64 milliards de dirhams, en creusement de 6% ou 3 610 MDHpar rapport à la même période de l'année précédente. Le taux de couverture des importations par les exportations s'est ainsi situé à 48,2 %, contre 48,6 à fin avril 2011. Les importations, chiffrées à 123,6 milliards de dirhams, ont enregistré une hausse de 5,2%, au lieu de 26,1% observée un an auparavant, liée principalement à l'augmentation de 13,7% de la facture énergétique. Parallèlement, les acquisitions de biens d'équipement, de consommation et de demi produits ont progressé respectivement de 7,8%, de 9,6% et de 3,1%. En revanche, les importations de produits alimentaires et de produits bruts ont accusé des baisses respectives de 11,2% et de 5,6%. Les produits énergétiques sont en hausse de 13,7% ou +3.890,3MDH. Les importations de gasoil et fuel oil se sont établies, en valeur à 11.920,8MDH contre 9.979,3MDH (+19,5% ou +1.941,5MDH) et, en volume à 1.572,9mt contre 1.538mt, soit +2,3% ou +34,9mt. Prix moyen de la tonne importée est de 7.579DH/T contre 6.488DH/T, soit +16,8%. Pour le pétrole brut, les importations se sont établies en valeur à 9.850,8MDH contre 9.527,3MDH, soit +3,4% ou +323,5MDH et, en volume à 1.409,2mt contre 1.561,8mt, soit -9,8% ou -152,6mt; Prix moyen de la tonne importée: 6.990DH/T contre 6.100DH/T, soit +14,6%. Les exportations ont atteint 59,6 milliards de dirhams, en accroissement de 4,3% par rapport à l'année précédente, contre 27,2% en avril 2011. Cette évolution résulte de l'augmentation de près de 3% des ventes de phosphates et dérivés et de 4,8% des autres exportations. Ces dernières sont passées de 42,9 milliards à 45 milliards de dirhams, en liaison notamment avec les améliorations enregistrées par les ventes de crustacés, mollusques et coquillages, ainsi que par celles de conserves de poissons et de produits résiduels de pétrole respectivement de 7,9%, de 32,1% et de 67,1%.