La Zone Economique Exclusive marocaine se caractérise par une grande diversité des ressources halieutiques englobant près de 500 espèces réparties sur l'ensemble des côtes nationales avec une prédominance de l'exploitation des petits pélagiques qui constituent l'essentiel de la production (plus de 80% des captures en volume). Sur le plan des échanges commerciaux des produits de la pêche, le Maroc est l'un des pays les plus actifs à l'export. La conserve de sardine représente le produit phare qui place le Maroc comme leader mondial sur ce marché et lui attribue une part importante dans les exportations mondiales des produits de la mer. 10L'évolution récente des exportations marocaines des produits de la mer montre une tendance haussière, sur la période 2004-2010, aussi bien en valeur qu'en quantité avec un pic de 13,2 milliards de dirhams enregistré en 2008. La régression en valeur enregistrée en 2009 (-7%), au moment où les exportations en volume ont continué à progresser (+10%), est due principalement à la baisse des prix sur le marché international. Par ailleurs, une baisse remarquable du volume des exportations a été enregistrée en 2011 (-40% en volume et -9% en valeur), suite à la baisse du volume de la production halieutique, dont notamment la production des pélagiques. Facteurs explicatifs de l'évolution des exportations des produits de la mer En termes de structure, les exportations en valeur sont assurées essentiellement par trois principales formes de produits à savoir, le congelé (41%), les conserves et semi-conserves (38%) ainsi que le frais (13%). Par ailleurs, l'intégration de la variable espèce dans l'analyse de cette structure permet de conclure que seuls quatre produits comptent pour 77% des exportations à savoir, les céphalopodes congelés (27%), les conserves de pélagiques composées essentiellement de la sardine (37%), le poisson frais portant essentiellement sur le poisson blanc et les autres poissons (8%) et les crustacés congelés portant principalement sur les crevettes décortiquées (6%). Par destination, les produits marocains de la pêche sont vendus dans plusieurs pays à travers le monde avec une extension, ces dernières années, vers les pays d'Afrique. Néanmoins, le marché européen demeure le principal débouché absorbant près de 70% des exportations marocaines des produits de la mer. Les exportations vers l'Afrique, quant à elles, ont presque triplé sur la période 2000-2011, passant de 570 millions de dirhams à plus de 1.530 millions de dirhams avec un pic de 1.900 millions de dirhams en 2010. Ce marché présente encore d'énormes potentialités pour les exportations marocaines. Par ailleurs, il est important de relever le recul, pendant la dernière décennie, des exportations des produits de la mer destinées à l'Asie, notamment le Japon, se situant à 727 millions de dirhams en 2011 contre 2.700 millions de dirhams en 2000 (soit une baisse de 73%). Les produits de la mer marocains sont exportés pour une grande part vers l'UE (77% de la valeur totale des exportations des produits de la mer pendant la période 2008-2011). Ces exportations destinées à l'UE sont composées à hauteur de 45% du congelé (notamment les céphalopodes et les crustacés), de 30% de conserves et semi-conserves de pélagiques et de 17% du poisson frais. La proximité géographique est l'une des principales raisons de cette distribution. En outre, l'Afrique constitue actuellement le second plus important marché avec 11% du total exporté, place occupée auparavant par l'Asie qui a enregistré, depuis 2003, une baisse continue de ses importations en produits de la mer en provenance du Maroc. Néanmoins, les exportations vers le marché africain demeurent limitées aux conserves de pélagiques qui représentent 86% du total de la valeur des exportations sur ce marché. Cette concentration sur ce marché s'explique, notamment, par l'éloignement géographique et l'absence de logistique de transport. On note également une concentration sur le marché japonais où le congelé représente 76% de la valeur totale des exportations de produits de la mer vers l'Asie. Pour déterminer les origines de l'évolution de la performance et de la contre-performance des exportations des produits de la mer durant la dernière décennie, on a procédé à la décomposition de l'évolution des exportations en deux effets : « effet structure » et « effet performance ». L'effet structure est obtenu en annulant l'impact des différences en terme de performance d'une période à l'autre, pour ne considérer que l'importance des différences des répartitions par produit. Ainsi, l'effet structure produit se manifeste lorsque le taux de croissance des exportations d'un pays augmente (recule) en raison d'une exposition plus importante à un type de bien dont le marché est en forte (faible) croissance. Quant à l'effet performance, il est obtenu en annihilant les divergences structurelles, pour n'évaluer que l'écart de performance. Il mesure l'amélioration ou la dégradation des exportations, toutes choses égales par ailleurs, c'est-à-dire à structure de produit inchangée. Ainsi, la décomposition de l'évolution des exportations des produits de la mer sur la période 2002-2011 a permis de conclure que l'évolution de la croissance s'explique principalement par un effet performance important. Quant à l'effet structure, il n'explique qu'une faible partie de l'écart de croissance. A titre d'exemple, sur un écart de croissance positif de 56,3 points en 2005 par rapport à 2004, l'effet structure n'explique que 0,1 point alors que l'effet performance explique 56,2 points.D'après les résultats de la décomposition de l'écart de croissance des produits de la mer d'une année à l'autre, en termes d'effet structure et d'effet performance, il ressort que: · L'effet structure par composante de produits de la mer exportés durant la période 2000-2011 montre une évolution plus au moins stable, impliquant que la structure des produits de la pêche est demeuré quasiment inchangée (ou stable). · Du fait de son faible poids, l'effet structure positif n'a pas permis de résorber l'écart de croissance négatif enregistré sur plusieurs périodes. · L'effet performance positif enregistré en 2005 par rapport à 2004 et celui enregistré en 2010 par rapport à 2009 a été réalisé grâce aux contributions positives des produits congelés, alors que la croissance enregistrée en 2008 par rapport à 2007 est expliquée par l'amélioration des performances en premier des conserves suivis du congelé. Il s'avère donc que la structure des exportations marocaines des produits de la pêche n'a pas permis de s'affranchir des effets liés à la contre performance sur le marché mondial. En effet, l'effet structure, même s'il demeure positif, reste très limité pour contenir l'effet performance. Marché de l'Union européenne L'évolution des exportations marocaines des céphalopodes congelés sur le marché de l'UE entre 2000 et 2011 montre une hausse remarquable de leur valeur entre 2004 et 2008, passant de 330 millions de dirhams à 760 millions de dirhams sur cette période, grâce à l'augmentation du volume exporté, notamment, vers l'Espagne. La baisse en valeur enregistrée en 2009 et 2010 est due à la baisse du prix du poulpe. A ce niveau, il est à signaler que les exportations marocaines de céphalopodes congelés vers le marché espagnol sont composées, en valeur, de poulpe (75%) et de calmar et seiche (25%). Par ailleurs, malgré la baisse de 14% du volume exporté en 2011 par rapport à 2010, une amélioration de la valeur de ces exportations à été enregistrée (+16%). De même, les exportations de conserves et de semi-conserves de pélagiques sont en croissance continue sur la période 2000-2010, suite à une augmentation du tonnage exporté vers l'UE, conjuguée à une amélioration du prix depuis l'année 2005. La baisse enregistrée en 2011 résulte du recul du tonnage exporté. Quand aux crustacés congelés, la croissance de la valeur des exportations depuis 2004 est expliquée essentiellement par la hausse des prix des crevettes congelées sur le marché mondial concomitante à une demande de plus en plus croissante du produit. De leur côté, les exportations de poissons frais montrent une évolution stable aussi bien en volume qu'en valeur sur toute la période 2000-2009 avec une progression en valeur de 55% et de 16% respectivement en 2010 et 2011, suite à l'augmentation du prix sur le marché international.