L'association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), présidée par le Dr Moussayer khadija, spécialiste en médecine interne et en gériatrie, a organisé dernièrement avec le soutien du laboratoire Sothéma et de la Fondation Omar Tazi, une rencontre – débats entre professionnels de la santé, patients et grand public. Le thème choisi par les organisateurs a été axé sur les problèmes de sécheresse des muqueuses et de la peau communément désignés sous le terme de syndrome sec et sur sa forme la plus significative, la maladie de Gougerot-Sjögren. Nous avons profité de ce passage pour inviter le Dr. Moussayer à nous en dire davantage. L'Opinion : Dites nous docteur, comment se présente « le syndrome sec » ? Dr Khadija Moussayer : Cette maladie se présente sous forme de troubles qui se définissent par une diminution des sécrétions de certaines glandes qui provoquent une sécheresse le plus souvent buccale et/ou lacrymale mais pouvant aussi toucher d'autres organes (peau, bronches, vagin...). Or, ces sécrétions jouent un rôle de première barrière de défense contre les bactéries et les parasites et leur défaut va laisser la porte ouverte aux inflammations oculaires, caries, infections du système digestif… A quel genre de personne s'attaque t'elle plus exactement et pourquoi ? Ce syndrome sec est un phénomène fréquent mais encore trop négligé au Maroc. Un quart des personnes de plus de 60 ans en particulier en sont atteintes. Outre le vieillissement naturel de l'organisme, son origine peut s'expliquer par la prise de certains médicaments ou substances (plus de 400 spécialités pharmaceutiques sont susceptibles de provoquer un syndrome sec chez certains patients), par des infections virales (telle l'hépatite) ainsi que par certaines pathologies dont la maladie de Gougerot-Sjögren. Justement docteur, parlez nous de la maladie de Gougerot-Sjögren. Le Gougerot-Sjögren fait partie des pathologies auto-immunes (où les cellules chargées normalement de la défense de l'organisme se retournent contre lui). Il concerne essentiellement le sexe féminin dans une proportion de 9 femmes atteintes pour seulement un homme. Souvent, il se complique ou s'associe à de nombreux autres troubles auto-immuns : polyarthrite rhumatoïde, lupus, affections de la thyroïde, du foie, du sang... Quels sont les autres risques de cette maladie en de cas d'absence de prévention ? Le Gougerot peut accroître de quarante fois les risques de survenue de cancers et, en cas de grossesse, l'éventualité d'une altération du cœur du fœtus. Existe-t-il docteur des possibilités de prise en charge pour ce genre de maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS)? La prise en charge de l'ensemble de ces syndromes secs consiste d'abord en l'utilisation de substituts lacrymaux et salivaires ou de stimulants de leur sécrétion. Elle s'inscrit ensuite dans des traitements de fond si on peut en éliminer les causes. Le Gougerot-Sjögren, pour sa part, n'est actuellement pas curable mais fait l'objet d'essais concernant les nouvelles thérapies biotechnologiques, les «biothérapies », qui laissent entrevoir des espoirs prometteurs. Pour revenir à cette journée, quel en est l'objectif ciblé exactement ? Cette journée a été l'occasion d'un échange d'expériences et d'informations entre patients et professionnels de la santé. Un appel pressant de l'association AMMAIS a également été lancé aux pouvoirs publics pour autoriser l'introduction de certains médicaments – les produits pour la salive notamment – qui sont encore indisponibles dans notre pays alors qu'ils apportent un réel soulagement. On rappellera à cette occasion que cette association représente le Maroc au sein du réseau mondial de lutte contre ces maladies, « the International Sjögren's Network (ISN) ».