Entre étiquetage précis, conditionnement hermétique, règles d'usage et de sécurité, mention de contre indications, contrôle stricte, jusqu'à aujourd'hui non réglementés, il est tout à fait normal d'enregistrer une hausse de cas d'intoxications par produits d'entretien domestiques, survenues la plupart du temps accidentellement, atteignant surtout les enfants de moins de 5 ans. Plusieurs variétés de produits qui facilitent les tâches ménagères sont étalées dans les supermarchés, les épiceries, ou rentrant dans le cadre de l'informel, vendues même par terre ou écoulées dans des bidons par les commerçants ambulants, à l'exemple de l'eau de javel artisanal. D'ailleurs, tout passe, les produits de nettoyage, ceux de désinfection à usage domestique, ce sont des substances chimiques utilisées dans la vie courante à l'intérieur des maisons. Le Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance du Maroc parle de 5826 cas d'intoxications par produits d'entretien ménagers, entre 1980 et 2008, avec une létalité de 1,7%. De quoi tirer la sonnette d'alarme, d'autant plus que ce sont les enfants de moins de cinq ans (75,4%) qui en pâtissent, par inadvertance, imprudence, négligence, non surveillance des parents ou carrément transvasement dans les bouteilles d'eau ou de limonades etc... Les victimes peuvent souffrir de lésions graves, des affections du système digestif et de l'appareil respiratoire, des troubles de la vue, de séquelles parfois handicapantes, nécessitant parfois des prises en charge lourdes. Les décès surviennent dans 1,1% des cas. Le mauvais usage peut avoir des effets nocifs pour la santé : intoxication, brûlures, allergies mais aussi pour l'environnement. La problématique dans la prise en charge clinique est due au manque d'informations sur la composition chimique exacte des produits. Le CAP propose de mentionner dans l'étiquetage la classe du produit et la symptomatologie clinique engendrée en cas d'intoxication. Mais aussi de conscientiser la population sur les risques et la conduite à tenir, car, parmi les gestes interdits aussi bien par les intoxiqués que par les médecins, en cas d'intoxication par détergent, c'est les vomissements provoqués et l'ingestion d'eau ou de lait. L'étude rétrospective, réalisée par le Centre Anti Poison du Maroc a enregistré, entre 1980 et 2010, soit en 29 ans, 5826 déclarations par courrier ou par téléphone, d'intoxications par produits d'entretien ménagers, abstraction faite des piqûres et des envenimations par les scorpions. Avec une prévalence de 91,5% en milieu urbain dont 96,8% à domicile. Les bébés marcheurs, dont l'âge varie entre 1 et 4 ans, surtout de sexe masculin sont les plus touchés. Les adultes, surtout de sexe féminin, sont victimes du non respect des consignes d'utilisation. Parmi les produits les plus incriminés figure l'eau de javel dans 65,1% des cas, suivie de l'esprit de sel (déboucheur des canalisations) dans 83% des cas. Débattre de ce sujet, a réuni plusieurs experts et médecins, au Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance, le 1er mars, autour de l'évaluation de l'expérience du CAP du Maroc, de la nécessité de sensibilisation sur les dangers encourus par ces produits et de la conduite à tenir devant une intoxication par produits d'entretien manager caustique. Profils épidémiologiques, Aspects cliniques et thérapeutiques, Sécurité, Aspects réglementaires et éducatifs ont été les thèmes choisis. Il a été procédé à une mise au point sur la réglementation des détergents qu'ils soient de forme liquide, pâte, poudre, pain…, pour baignoire, tapis, parquet, vitre, chaussures, pour des appareils audio... ainsi que la prévention et la conduite à tenir standardisée en cas d'intoxication par ces produits caustiques, brûlants et acides. Les médecins conférenciers ont surtout mis l'accent sur la gravité de l'utilisation de l'esprit de sel (HCL), le plus dangereux, et qui ne répond à aucune norme de sécurité, ni d'étiquetage et à l'eau de javel ambulatoire dont la gravité est liée à la quantité ingérée et à la concentration : 24% ou 12% ainsi qu'à l'usage de la soude. Une éducation à travers des campagnes de sensibilisation et une réglementation s'imposent donc. Ainsi qu'une collaboration multisectorielle entre les parents ou société civile, les professionnels de la santé et les industriels