Karim n'avait pas l'habitude de se rendre dans un hammam. Il se contentait de prendre une douche quotidienne et le dimanche, c'est la toilette complète à la salle de bain. C'est pour lui donc une découverte qu'il va faire. A l'entrée du hammam, il y a « el guelssa » où les gens changent leurs habits et gardent le maillot ou « el mizare » comme les personnes d'un certain âge l'appellent. Karim fait comme les autres et demande à Si Zoubir s'il n'y a pas un risque qu'on leur vole leurs habits ! « Non, lui dit-il. Ici, on laisse les habits sales ; quant aux habits propres, on les mets dans un « koubbe » (un seau en bois) qu'on amène à l'intérieur du hammam. Si tu as une montre ou de l'argent, il faut les confier au « guellasse » qui va te les rendre à ta sortie ». Si Zoubir et Karim entrent à l'intérieur du hammam qui était réparti en 3 salles : La première, à peine tiède, c'est là où on met ses habits propres avant de sortir à l'extérieur. La deuxième salle est chaude mais supportable. Quant à la troisième, elle est très chaude et c'est là où il y a « el berma », une fontaine pleine d'eau chaude qu'on va verser dans les seaux en bois (« lekbab »). Karim, à peine entré dans la troisième salle, sort en courant car il n'arrive pas à supporter la chaleur, contrairement à Si Zoubir qui l'appréciait fort parce que ça lui permet « ikammed laâdimate ». Karim se met au milieu. « Al kyass » lave la place qu'il a choisie et l'entoure de quatre « kbab » pleins d'eau chaude et un autre d'eau froide. Après un quart d'heure passé à la troisième salle, Si Zoubir rejoint Karim. Le masseur s'occupe d'eux et les débarrasse des impuretés, leur fait un massage et les lave. Après avoir lavé les cheveux au shampooing, le masseur leur passe le savon, les lave et les laisse pour faire leur toilette intime et leurs ablutions (« al ghasle »). Karim apprécie fort ce bain, se sent en forme et espère y revenir une autre fois, même si les gouttes froides (Zaâf) qui tombaient du toit de temps à autre sur son corps nu le gênaient. Il sort le premier, laissant Si Zoubir faire ses ablutions sans précipitation. Il paie le « guellass », récupère sa montre et sa gourmette en or et attend la sortie de Si Zoubir qui ne va pas tarder à le faire et qui préfère se reposer quelques instants au frais. Il avait mis son « seroual quendrissa », un sous-vêtement, un « kmiss » et une « farajia » avant de mettre des bas et sa « belgha » qui n'était pas neuve. Si Zoubir met sa jellaba noire et une « taguiya » et veut payer le « guellass ». - « C'est déjà fait ! », lui dit-il. Il appelle le « kyass » qui attend non loin et lui remet un billet de 100 dhs. Miloud le remercie fort. Karim n'a pas fait attention à ce point car il aurait dû payer le « kyass ». A leur retour à la maison, ils ont trouvé que Bahya leur a préparé un jus d'orange naturel et frais. C'était merveilleux de constater cette entente entre Si Zoubir et son épouse.