Ali Abdallah Saleh, hospitalisé en Arabie saoudite depuis le 3 juin, entendrait revenir prochainement au Yémen et proposer soit le transfert de ses pouvoirs au parlement, soit la formation d'un gouvernement de coalition et un scrutin présidentiel, dit-on dans l'entourage du président yéménite. Dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté à Sanaa, demandant à Saleh de quitter le pouvoir. Le Yémen reste confronté à la fois à des manifestations pour la démocratie, une rébellion chiite au Nord, une insurrection séparatiste au Sud et un activisme croissant d'Al Qaïda dans la même région. Signe du chaos qui règne dans le pays, de nouvelles violences ont éclaté durant le week-end, surtout dans le Sud. Une frappe aérienne a tué samedi six activistes dans les environs d'un village à l'entrée de la province d'Abyan. Un responsable local a indiqué à Reuters que trois soldats avaient péri dimanche lors d'affrontements avec des militants djihadistes qui ont pris en mai le contrôle de Zinjibar, la capitale de la province. Par ailleurs, les autorités ont placé en détention le directeur d'une prison et son adjoint pour faire la lumière sur l'évasion de 63 militants d'Al Qaïda du centre de détention d'Al Makalla, dans le Sud, a annoncé dimanche la télévision d'Etat. Une évasion qui a ravivé la crainte que des islamistes profitent du chaos pour gagner encore du terrain. Les opposants à Saleh estiment que le président laisse délibérément les islamistes étendre leur pouvoir pour montrer qu'il est le seul vrai rempart contre l'extrémisme religieux. Depuis le départ de Saleh pour l'Arabie, les Etats-Unis pressent le gouvernement yéménite de mettre en oeuvre un transfert du pouvoir mais son fils, qui passait pour le futur président avant le mouvement de contestation, conserve une forte emprise sur le pays. L'intérim au pouvoir est assuré par le vice-président Abd-Rabbou Mansour, qui refuse de discuter du sort de Saleh et se concentre sur les problèmes d'approvisionnement en eau et en électricité. Par ailleurs, des dizaines de milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté à Sanaa dimanche, demandant à Saleh de quitter le pouvoir et condamnant la politique des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite, accusés de ne pas prendre nettement position contre le chef d'Etat. "La position des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite est contre notre révolution (...) Nous voulons voir la mise en place d'un conseil de transition et le départ des suppôts du régime", glisse Imar Naji, un manifestant.