Le ministère israélien des Affaires étrangères a lancé une offensive diplomatique contre la démarche des Palestiniens qui veulent demander l'adhésion de leur Etat à l'ONU en septembre, rapporte vendredi le quotidien Haaretz. Cela au moment où on annonce l'arrivée de deux ministres du cabinet Merkel dans la région pour tenter de dissuader les Palestiniens de demander une reconnaissance de leur Etat par l'ONU. Le ministère israélien des Affaires étrangères a formé un "Forum de septembre" et demandé à tous ses ambassadeurs de rendre compte de leurs efforts pour persuader les chancelleries de s'opposer à la campagne onusienne des Palestiniens, affirme le journal, qui cite des documents confidentiels internes des Affaires étrangères. "Notre but est d'avoir le nombre maximum de pays s'opposant au processus de reconnaissance d'un Etat palestinien par l'ONU", écrit le directeur général du ministère Rafael Barak dans un mémorandum, selon Haaretz. Ce texte ordonne aux diplomates israéliens à l'étranger de rencontrer "les hommes politiques les plus haut placés" et de faire campagne auprès des associations locales, des médias et de l'opinion publique contre la reconnaissance d'un Etat de Palestine. La diplomatie israélienne cible notamment l'Union européenne (UE), divisée sur la question. Plusieurs pays européens, dont la France, ont laissé entendre qu'ils songeaient à reconnaître la Palestine si la voie des négociations restait bloquée. Le directeur du département Europe de l'Ouest des Affaires étrangères, Naor Gilon, espère "créer un bloc important d'Etats de l'UE qui exprimeront leur opposition le plus tôt possible à la démarche unilatérale palestinienne", selon le journal. Les dirigeants palestiniens comptent toujours demander l'adhésion de la Palestine sur les lignes de 1967 à l'ONU lors de la session annuelle de l'Assemblée générale, faute de perspective de négociation avec Israël. "Nous avons dit aux responsables américains que l'option d'aller au Conseil de sécurité de l'ONU pour demander l'adhésion de l'Etat de Palestine sur les frontières de 1967 était une option sérieuse de la direction palestinienne, qui est déterminée à explorer toutes les options", a déclaré cette semaine le négociateur Saëb Erakat, au retour d'une mission aux Etats-Unis. Les dirigeants palestiniens se disent prêts à se retourner vers l'Assemblée générale en cas de veto, attendu, des Etats-Unis au Conseil de sécurité. Berlin veut dissuader les Palestiniens Par ailleurs, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, et celui au Développement, Dirk Niebel, se rendront aujourd'hui lundi et demain mardi au Proche-Orient dans une tentative de dissuader les Palestiniens de demander une reconnaissance de leur Etat par l'ONU, a annoncé M. Niebel au Spiegel. "Nous devons convaincre les Palestiniens qu'une déclaration unilatérale d'indépendance est le mauvais chemin" pour sortir du blocage dans le processus de paix au Proche-Orient, a déclaré M. Niebel à l'hebdomadaire allemand. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait annoncé qu'il voulait profiter de l'Assemblée générale des Nations-Unies à New York, cet automne, pour demander une reconnaissance de l'Etat palestinien, si le processus de paix n'avait pas repris d'ici là. La chancelière allemande Angela Merkel avait déjà jugé contreproductif une telle démarche, début mai, à l'issue d'un entretien avec M. Abbas, en visite à Berlin. Plutôt que de chercher une reconnaissance explicite et immédiate, les ministres allemands vont suggérer aux Palestiniens de soumettre au Conseil de sécurité une résolution appelant à la création d'un Etat sur les bases des frontières de 1967. Cette proposition pourrait avoir le soutien des Etats-Unis, puisque le président américain Barack Obama s'était prononcé, le 19 mai, pour la première fois en faveur de cette solution, lors d'un discours sur le Proche-Orient au département d'Etat à Washington. "Les frontières d'Israël et de la Palestine devraient être fondées sur les lignes de 1967 avec des échanges sur lesquels, les deux parties seraient d'accord, afin d'établir des frontières sûres et reconnues pour les deux Etats", avait alors déclaré M. Obama. Toutefois, au sein de l'UE, Berlin est relativement isolé sur cette ligne. De nombreux pays de l'Union européenne, dont la France, se sont dit prêts à reconnaître unilatéralement l'Etat palestinien. "Ce serait grave que l'Europe soit désunie sur cette question", a d'ailleurs reconnu M. Niebel dans l'hebdomadaire allemand. Outre le président Abbas et le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, M. Westerwelle rencontrera également son homologue israélien Avigdor Liebermann et le Premier ministre Benjamin Netanyahu.