D'après un entretien avec Dr Bouhaj Sahib, chercheur en sciences politiques, titulaire d'un doctorat spécialité : "Connaissance de l'action politique", thèse soutenue sous le thème « Le pouvoir régional entre la complexité de la centralisation et la contrainte de la modernisation politique », le pouvoir régional en tant que paradigme scientifique autorise actuellement une approche intermédiaire permettant l'intégration des dimensions des variables politiques. L'analyse des rapports de l'Etat avec les structures régionales notamment l'étude du pouvoir régional, vise à l'insérer dans un cadre politique pour cerner dans le possible la dialectique qui existe entre la centralisation et la décentralisation. Par conséquent, l'une des grandes forces de la décentralisation, c'est la rupture avec l'homogénéisation des politiques qui caractérise la centralisation. Celle-ci entraîne les lenteurs qui s'expliquent par la complexité des procédures pour le traitement des dossiers locaux. Dans cette perspective, le centralisme est un élément dominant dans la forme traditionnelle d'organisation. On peut affirmer que tous les Etats de tiers monde sont confrontés à ce problème. La décentralisation semble être un moyen énormément souhaitable pour atténuer un large éventail de problème. Elle se présente comme un moyen pour la société civile pour l'appropriation de nouveaux champs de compétences. Le Discours royal du 3 janvier 2010 a bien défini les dimensions structurelles de la régionalisation. Et le Message royal du 9 mars 2011 dessine une feuille de route éblouissante en vue de la modernisation politique des structures de l'Etat. La régionalisation avancée est dorénavant une structure multidimensionnelle de développement et de démocratisation. La Monarchie au Maroc est omniprésente, et le projet de régionalisation avancée ne doit point remettre en cause l'identité des Marocains. SM le Roi Mohammed VI a fait de cette régionalisation un prélude à une nouvelle dynamique de réforme institutionnelle caverneuse. En dépit de la grande problématique de la centralisation et décentralisation que revêt l'étude de la problématique du pouvoir régional, il n'en demeure pas moins que les dimensions de ce pouvoir sont aussi multiples ce qui rend ce concept difficile à cerner, car il renvoie à l'étude des rapports de l'Etat à l'espace. Il conduit à s'interroger sur la nature du pouvoir, ses formes d'organisation, ainsi que, les modalités de partage du pouvoir entre le centre et la périphérie. La modernisation politique du Maroc exige la promotion de la décentralisation et la représentation locale des différentes tendances politiques, en imposant l'épanouissement d'unités régionales ayant une certaine autonomie décisionnelle. L'amorce d'une réflexion politique sur le pouvoir régional au Maroc a toujours été conditionnée par des enjeux politiques. L'idée même de la région ne peut être comprise en dehors du contexte historique et politique dans lequel elle s'est construite. Il est certain que la régionalisation dans notre pays depuis 1971 n'est pas envisagée dans le but de permettre l'émergence d'un pouvoir régional face au pouvoir central, dans la mesure où, le pouvoir régional est conçu comme le soutien du pouvoir central, ainsi que, la prééminence du pouvoir politique sur le pouvoir administratif au niveau de la centralisation de décision. Le Maroc se trouve ainsi enfermé dans un cercle de contradictions et de confrontations allant au-delà de la ligne de démarcation habituelle entre traditionalisme et modernisme. En effet, l'étude de la problématique du pouvoir régional à travers la complication de la centralisation ne relève pas seulement du domaine juridique mais aussi politique. Ce qui permet de poser comme étude politique, au nom de la modernisation de l'Etat et des pouvoirs vis-à-vis la région en tant qu'entité décentralisée le problème des rapports entre le centre et la périphérie. L'exercice du pouvoir régional par le conseil régional en tant que structure de l'action régionale en regard du pouvoir politique central. Par ailleurs, une autre dimension s'impose, c'est que la décentralisation représente le système administratif qui confie aux collectivités locales le pouvoir de gérer leurs propres affaires par l'intermédiaire de leurs représentants élus, agissant sous la tutelle du pouvoir central. Néanmoins, la décentralisation n'affaiblit qu'en apparence l'autorité de l'Etat, en contrepartie, elle contribue à son renforcement du moment où elle le décharge des missions routinières et des réglementations techniques pour qu'il puisse s'occuper des directives politiques. La décentralisation au Maroc a connu une évolution proportionnelle disant dans les trois dernières décennies, mais elle n'est pas arrivée à s'affirmer, dans la mesure où, il y a des limites intrinsèques de la décentralisation au niveau communal et que ce dernier constitue le seul échelon décentralisé. La province comme étant une collectivité déconcentrée dépasse la région qui constitue seulement un cadre de programmation et d'action économique et sociale pour les autorités de l'Etat. De ce fait, la centralisation était justifiée par l'existence très faible de moyens humains qualifiés. Il est à rappeler que les compétences transférées par les textes du 30 septembre 1976 sont caractérisées par l'imprécision ce qui ne permet pas d'avoir une vision claire sur leur étendue. Ainsi, les chartes communales de 2002 et 2009 avaient un caractère plus technique que politique. Dans cet ordre d'idées, le mode d'organisation communale au Maroc s'inspire de celui des pays occidentaux, dans la réalité, les principes qui régissent la vie communale sont un mélange de modernité et de tradition, à travers des éléments combinés à savoir : les lois, traditions, stratégies politiques, religion, etc. ; ces éléments font l'institution communale. Dans les communes rurales les facteurs de légitimité restent dominés par l'histoire, la religion et la coutume, et la réalité du pouvoir est assurée principalement par le représentant de l'Etat. En revanche, la tendance est plutôt en faveur de la modernité politique en milieu urbain, dans la mesure où, les assemblées communales urbaines ont des élus de haut niveau et des moyens humains et financiers importants. De surcroît, la province qui constitue dans la réalité la structure territoriale la plus affirmée, et celle qui compte le plus dans le système politico-administratif territorial marocain à travers son rôle de la préservation de l'ordre politico-social et la sécurité, n'a pas connu une évolution par rapport à la commune. Le rôle important conféré au gouverneur au niveau de la province marginalise l'assemblée provinciale. Les différents colloques dédiés à la régionalisation, il y a eu une conclusion qui s'inflige : il ne peut pas y avoir un seul modèle de régionalisation, et aucun modèle ne peut être extrapolable, dans la mesure où, il est le contrecoup d'une histoire, d'une culture, d'un contexte spécifique à chaque pays. Force est de constater que la régionalisation a toujours été présente dans le Maroc traditionnel, les tribus au Maroc ont assidûment bénéficié d'une régionalisation, mais il s'agissait d'un modèle rétréci. Aujourd'hui, le Maroc a surpassé l'étape du traditionalisme. Le Royaume perçoit par cette régionalisation avancée balisé dans le conflit du Sahara, c'est la fameuse manière d'accorder plus de vraisemblance à la solution de l'autonomie. Il a pris des engagements vis-à-vis de la communauté internationale. Le concept de la régionalisation avancée devient dynamique voire entreprenant, car il consent à redéfinir stratégiquement l'emplacement de chaque nationaliste via le rôle et les missions qu'il doit fignoler en tant que citoyen vis-à-vis de toutes les problématiques qui émeuvent notre pays.