Un porte-parole du président yéménite Ali Abdullah Saleh, Ahmed al-Sufi, a déclaré mardi que le chef de l'Etat est prêt à démissionner d'ici la fin de l'année dans le cadre d'un transfert "constitutionnel" de pouvoir. M. Al-Sufi a précisé à l'Associated Press qu'Ali Abdullah Saleh a informé lundi soir de ses intentions les commandants militaires et divers responsables, dont tribaux. Le président yéménite, a ajouté le porte-parole ne veut pas transférer le pouvoir à l'armée. On ignore si ces déclarations suffiront à calmer la situation, en particulier après l'intervention sanglante des forces de sécurité qui a fait une quarantaine de morts parmi les manifestants vendredi. Lundi, des chars et véhicules blindés se sont déployés dans la capitale yéménite Sanaa après la décision de trois officiers de l'armée yéménite de rejoindre les rangs de l'opposition. Le général Ali Mohsen al-Ahmar, proche du président Ali Abdallah Saleh, était le commandant de la 1ère Division blindée, dont les unités se sont déployées lundi sur la place principale de Sanaa. C'est là que se tiennent les rassemblements de l'opposition depuis le début du mouvement il y a un mois. Le général Al-Ahmar a annoncé sa décision dans un message transmis par un de ses collaborateurs aux dirigeants de l'opposition. Deux autres officiers, des généraux de brigade, ont également quitté l'armée. Tous trois appartiennent à la même tribu que le président Saleh. Mais à l'issue d'une réunion du Conseil de défense présidée par le chef de l'Etat Ali Abdallah Saleh, les forces armées yéménites ont assuré lundi, dans un communiqué, qu'elles empêcheraient toute atteinte à « la légalité ». "En ces moments difficiles (...) marqués par les tentatives de certains de de porter atteinte à la démocratie, à la constitution en faisant fi de la volonté du peuple exprimée lors d'élections libres et honnêtes, les forces armées annoncent qu'elles resteront fidèles au serment prononcé devant la direction politique conduite par le président Saleh", indique le communiqué. "Ce serment porte sur la protection de la légalité constitutionnelle, de la sécurité et de la stabilité (du pays) et des acquis de la révolution, de la réunification (des deux Yémen) et de la démocratie", a rappelé le texte. "Les forces armées n'autoriseront aucune atteinte à la légalité constitutionnelle, à la démocratie, à la sécurité de la nation et à celle des citoyens", a conclu le texte. Ce communiqué a été publié à la suite du ralliement à la contestation de nombreux gradés de l'armée, dont des généraux, à travers le pays. Le président Saleh a limogé le gouvernement en totalité dimanche, alors que les manifestations réclamant son départ ont été réprimées dans le sang ces derniers jours. Depuis un mois, une centaine de personnes ont été tuées. La journée de vendredi a été la plus sanglante. Les tireurs embusqués du gouvernement ont tué plus de 40 manifestants, des violences condamnées par les Nations unies mais aussi par les Etats-Unis, alliés du président yéménite. Un responsable de l'opposition a affirmé que des discussions étaient en cours avec le président pour trouver une issue pacifique à la crise. L'une des hypothèses envisagées prévoit un départ du président et l'instauration d'un conseil militaire pour diriger le pays jusqu'à des élections présidentielles et législatives.