Dans l'une des régions touristiques les plus convoitées de Floride, Khalid Ahnich est le premier marocain à occuper le poste honorifique de Shérif, depuis 2006 déjà. La carrure imposante et l'habit digne d'un gestionnaire d'entreprises lauréat de l'université d'Amiens, notre shérif bat en brèche l'image du cowboy du Far West américain. Profil d'un autodidacte qui, s'il n'est pas «prophète en son pays», s'est fait une place au soleil alléchant de Boca Raton. Quand politique et restauration font bon ménage Fraichement muni de son baccalauréat au Maroc, Khalid poursuit ses études en France où il obtient sa maîtrise en gestion des entreprises en 1986, après quoi le destin le mène dans le pays de l'Oncle Sam où l'attendait un poste inédit: shérif et pas des moindres villes américaines. De manager général d'une chaîne de restaurants de luxe «Maggiano's», Khalid se voit promu, grâce aux recommandations du shérif de Palm Beach, au poste de shérif et allie ainsi aussi bien la restauration que la politique. L'aboutissement prévisible vers une carrière bien méritée. S'il ne passe pas son temps à pourchasser les saboteurs de saloons et autres malfrats de cabarets, notre shérif a pour mission d'orienter et de répondre aux attentes des citoyens. Entre son devoir de shérif et la gestion du «Maggiano's», M. Ahnich trouve le temps d'élaborer des projets pour son pays natal, pour lequel il nourrit un sentiment assez fort. Il s'affaire autour de la convention de jumelage entre Boca Raton et la ville marocaine Essaouira, opération qui profitera en terme d'investissement au Maroc comme aux Etats Unis, un projet qui lui tient à coeur depuis longtemps et qu'il a pu enfin aider à réaliser. M. Ahnich a toujours eu la ferveur du pays natal même aux confins de l'Etat américain et le spleen se fait de plus en plus oppressant. Il se souvient des nombreuses visites de feu SM le Roi Hassan II aux Etats Unis; il a eu la chance d'être reçu par le Monarque à plusieurs reprises pour la solide réputation d'engagé politique qu'il s'est forgé durant toutes les années passées loin de son pays. Engagé, il l'est dans son pays hôte mais ne l'est pas moins au Maroc et ne rate aucune occasion de proclamer haut et fort la marocanité du Sahara. «C'est une fierté pour moi d'expliquer à des responsables américains notre cause nationale; j'ai découvert que certains ignorent tout de la polémique autour du Sahara marocain tandis que d'autres sont très bien renseignés sur le sujet» déclare-t-il non sans fierté. Le gouverneur de l'Etat de Floride est pris à témoin dans l'affaire du Sahara. La surprise est de taille: «Non seulement il est au fait de la question, nous apprend-il, mais il approuve la position du Maroc». Le longsome cowboy fait même de cette question nationale une priorité de ses préoccupations. Il s'est entretenu à ce sujet avec le célèbre congressman démocrate de Floride Ted Deutsch le 24 mai à propos, entre autres sujets, du plan d'autonomie au Sahara proposé par le Maroc. Du pain “national” sur la planche «Nous sommes une communauté beaucoup plus nombreuse que celle des séparatistes. Il y a environ 200 000 marocains établis aux Etats Unis alors que les séparatistes sont beaucoup moins nombreux. Et pourtant ils font plus parler d'eux que nous. C'est pourquoi nous nous démenons autant que faire ce peut afin de faire entendre notre voix, de faire de notre cause nationale un souci international, et faire connaitre notre culture, nos valeurs et nos idéaux». Du patriotisme à revendre, une culture professionnelle étoffée, un attachement inconditionnel à la terre-mère, voilà les caractéristiques d'un shérif un tantinet singulier. M. Ahnich entame radieusement son mandat de quatre autres années, pour continuer de servir les intérêts d'un pays qui a choisi de placer en lui sa confiance.