Le Réseau National des Sciences et Techniques de la Mer (REMER) se tourne énormément vers l'environnement et en fait son nouveau cheval de bataille. Créé le 13 novembre 1996, ses laboratoires, initialement au nombre de trois, travaillaient séparément sur le milieu marin, avant d'être regroupés pour former un groupe de recherche, ce qui a donné naissance la même année à la création du Géoscience Marine (GSM). L'idée a bien marché, à tel point qu'une année après, deux autres labos s'y sont joints. L'année suivante le réseau s'est renforcée par d'autres laboratoires, tels le laboratoire de Physiologie marine et le laboratoire de Biochimie marine, et l'année d'après le laboratoire de Géosciences marines. Six équipes complémentaires travaillent en sciences de la mer. Une chaire UNESCO a été accordée au GSM intitulée “ Formation et Recherche en sciences de la mer “. Pour d'amples précisions, nous avons rencontré le Pr universitaire et chercgeur Mohamed Moncef, membre de l'Association ASMAPE, de la Société Internationale de limnologie (SIL), l'Association Marocaines des Sciences de la Mer (AMASMER) et coordinateur bilatéral du REMER. L'Opinion : On a l'impression que le REMER se tourne énormément vers l'environnement ? Mohamed Moncef : Une des priorités du REMER c'est l'environnement marin. Il y a également le volet ressources marines et tout particulièrement la ressource halieutique qui est beaucoup plus du ressort de l'Institut National de Recherche Halieutique. Mais pour nous, l'environnement est bien étudié et bien représenté, tant scientifiquement qu'humainement, ce qui est très important pour l'avenir du Maroc. Vous avez également assuré l'accueil de la 2ème réunion du groupe ABE-LOS de la COl/UNESCO. Comment cela s'est-il passé ? L'idée est venue en 2001, lorsque la Commission Océanographique Intergouvernementale de l'UNESCO (COI) a créé l'Organe Consultatif d'Experts en Droit de la Mer : Advisory Body of Experts in the Law of the Sea, c'est-à-dire ABE-LOS. Son mandat se résume globalement à mettre le droit de la mer au service de la recherche scientifique marine. En tant que scientifiques, nous disons que la science n'a pas de frontières !! Malheureusement, sur le plan politique, il y a des frontières et des modalités administratives par lesquelles il faut passer. En effet, pour réaliser un projet de recherche plurinational marin dans n'importe quel pays, se pose d'abord le problème des autorisations pour exercer cette recherche. Ce problème a été largement discuté dans la 1ère réunion d'ABE-LOS au Siège de l'UNESCO à Paris en 2001. A ce volet s'est ajouté le point relatif au transfert des technologies. Pour être dans le groupe ABE-LOS, la COI avait demandé au Maroc (et ses autres Etats membres) de nommer un expert en sciences de la mer et un autre en droit de la mer pour représenter le pays. J'ai eu l'honneur de représenter mon pays sur le plan scientifique avec un collègue juriste, M. Miloud Loukili. J'ai donc représenté le Maroc à ABE-LOS I au siège de l'UNESCO à Paris, en juin 2001 (mon collègue n'ayant pas pu m'accompagner pour des contraintes professionnelles de dernière minute). J'ai donné l'un des six grands exposés programmés, c'était le seul d'un pays en voie de développement. J'ai axé mon intervention sur le bilan de la recherche scientifique marine au Maroc et les possibilités d'aide internationale pour la promotion de ce secteur primordial dans notre pays. Cet exposé a eu un écho très favorable auprès des experts, ce qui a été clairement mentionné dans le rapport d'ABE-LOS I, diffusé à tous les pays membres de la COI. A la fin de mon intervention, j'avais fait quelques recommandations en proposant notamment de “ décentraliser “ les activités de l'UNESCO, par l'organisation de telles réunions très importantes dans un pays en voie de développement et de là, j'ai lancé l'invitation du Maroc. Et la recommandation a été suivie ? Oui. j'ai par la suite été contacté par l'UNESCO en octobre 2001, pour organiser ABELOS II à El Jadida. Ca a été un énorme travail : signature de l'accord entre l'UNESCO et le Gouvernement du Maroc, organisation pratique : accueil, hôtellerie, sécurité, déplacements, interprétariat, moyens logistiques….Cette manifestation a donc été organisée par l'Université Chouaïb Doukkali, Faculté des Sciences d'El Jadida, la COI/ UNESCO et le REMER avec le soutien de la Province d'El Jadida, du SCAC et du Conseil Municipal d'El Jadida, ce qui a largement contribué à sa réussite. Le jour J, 33 délégations de 33 pays, quatre organisations internationales (ONU, UNESCO, FAO, ABELOS), ont été accueillies à l'aéroport de Casablanca et acheminées à El Jadida, lieu de la rencontre. Je ne vous cache pas, qu'en tant que responsable national de l'organisation, je dormais de moins en moins à l'approche de la date du 6 mai 2002. Je voulais montrer à toutes les délégations que nous sommes un pays en voie de développement certes, mais parfaitement à la hauteur des grands événements. Au final, cela a été un succès éclatant et les remerciements ont été généraux même par les membres du Conseil Exécutif de la COI réunis lors de la 36ème session à Paris en juin dernier et à laquelle j'ai pris part. En tant que Marocain qui aime son pays, j'en suis très heureux et très fier car cela marque la réussite d'une action décentralisée de l'UNESCO dans un pays comme le nôtre. Lors de la clôture d'ABELOS II, j'ai lu publiquement et adressé au nom de tous les participants du groupe ABELOS, un message de gratitude à Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Quelles furent alors les principales recommandations d'ABELOS II ? Après cinq journées de travail et de débat, nous nous sommes mis d'accord sur les trois recommandations suivantes : - Le sous-groupe “ Transfert de Technologie Marine “devra continuer à travailler, en coopération avec l'UN/OLA/DOALOS (Division des affaires océaniques et du droit de la mer de l'Organisation des Nations Unies, qui dépend du Bureau des affaires juridique), sur l'élaboration d'un préprojet de critères et directives sur le Transfert de Technologie Marine, en vue de leur adoption possible par la 22ème session de l'Assemblée de la COI. Le sous-groupe travaillera essentiellement par courrier électronique. - Le sous-groupe sur les procédures internes de la COI s'efforcera d'optimiser les procédures qui concernent les projets de la recherche scientifique entrepris par ou sous les auspices d'organisations internationales, en coopération avec l'UN/OLA/DOALOS. Les échanges se feront par courrier électronique. - Le secrétariat de la COI, en coopération avec l'UN/OLA/DOALOS, mettra en place un questionnaire relatif à l'octroi des autorisations pour la recherche scientifique marine, toujours afin de simplifier les procédures administratives pour la recherche scientifique. La concertation s'effectuera également par courrier électronique. Né le 25 décembre 1959 à El Jadida, Mohamed Moncef y suit ses études primaires et secondaires. En 1982, il est un des premiers bénéficiaires du Programme d'Actions Intégrées financé par le SCAC, et finalise une thèse de 3ème cycle en Hydrobiologie/Hydroécologie (1986). Il poursuit ses recherches avec une thèse d'Etat ès sciences (1993) dans la même spécialité. Enseignant - chercheur à l'Université d'El Jadida depuis 1987, il est également responsable du laboratoire d'Hydrobiologie et de deux unités de formation et de recherche (UFR Doctorat et UFR DESA) dans cette université. Il est coordinateur du Groupe “ Sciences de la Mer “ d'El Jadida et du REMER au niveau bilatéral. Son engagement est également privé, en tant que Président de l'Association Marocaine de Protection de l'Environnement pour la section des Doukkala (Province d'El Jadida). Il est également membre de plusieurs associations scientifiques (SIL, UOF, AFL, AMASMER…).