A peine la piste de l'attentat déjoué sur le vol Amsterdam – Détroit, que les fabricants américains de scanners corporels sont montés au créneau, par relais politiques interposés, afin de hurler partout en Europe qu'il était urgent de doter tous les aéroports de scanners corporels pour que de jeunes apprentis – terroristes soient découverts avant de monter à bord. La belle affaire ! L'aéroport d'Amsterdam a été le premier à céder à la psychose et à se munir des scanners en question, suivi de quelques aéroports italiens car, pour Berlusconi, la cause était entendue. En France, on s'est montré plus nuancé en n'imposant aux voyageurs le passage du scanner que sur les vols vers l'Amérique. On connaît trop bien la chanson : «Pour vendre de nouveaux médicaments, inventons de nouvelles maladies..» Et le refrain continue : «Pour vendre nos scanners corporels, inventons de nouvelles menaces terroristes !»… Il ne s'agit ni de paranoïa ni de cynisme, mais d'une réalité difficile à admettre car la lutte contre le terrorisme est devenue un business à part entière et un marché dont les maîtres cherchent tous les jours à investir de nouvelles frontières. Mais, fort heureusement, cette nouvelle donne a provoqué un débat houleux concernant la dignité humaine et le droit de tout un chacun. Résultat : l'invasion annoncée, ou espérée, de scanners corporels, n'a pas eu lieu en Europe. Cependant, les fabricants et leurs suppots idéologiques ont sournoisement imposé le dilemme suivant : il faut choisir entre la sécurité pour tous et la liberté de chacun ?? Entre le marketing de la lutte contre la terreur et le terrorisme capitaliste qui veut faire de la sécurité une valeur rentable, il y a une manipulation commune à laquelle les politiciens et les démocrates ne devraient pas se résigner à céder.