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Pour anticiper le changement des mentalités à l'égard de l'art au Maroc…
0PINIONS :
Publié dans L'opinion le 25 - 02 - 2010

L'art contemporaine au Maroc, ce n'est pas le joli tableau qu'on accrocherait (il y'en a des millions), ou des noms de « galeries » dissimulant de nouveaux bazars, ou des écoles spécialisées, mais plutôt « l'œuvre d'art » dont on peut découvrir l'originalité esthétique au fond de ce qu'elle porte comme dimension humaine, ou philosophique ou spirituelle, si elle en a une. Au Maroc, l'art (la peinture, la sculpture, le design, la vidéo, l'installation ou la performance), ne se définit pas, abstraction faite des mentalités (socialement) dominantes. Parce qu'en fin de compte, c'est les attitudes générales -relevant des ces mentalités- qui déterminent « l'état des lieux » (ou le processus global) dans ce domaine, concernant la production artistique, ou l'information ou la critique, ou le marché de l'art, ou le statut de tout cela dans la communication médiatique, dans l'éducation ou dans l'entendement général de la culture.
Au Maroc, en général (avec des singularités régionales), la recherche picturale s'inscrit dans le cadre de l'expression d'un patrimoine artistique et culturel ressentit et construit dans un espace -de culture musulmane- afro-judéo-arabe et amazighe ; mais ceci n'est qu'une identification qui touche la forme, la technique ou la spécificité sociétale de l'entendement artistique, car au fond, les artistes Marocains sont autant dotés de sensibilité universelle de l'Etre, vis-à-vis de la Nature, de l'Univers ou du Cosmos, de la Vie ou de la Mort, du Bonheur ou du Malheur, de la Laideur ou de la Beauté, du Matériel ou du Spirituel. Ceci, pour écarter la vision simpliste (et mercantile) qui veut présenter l'Art contemporain au Maroc comme « naïf » ou simplement d'expression graphique ou calligraphique, tout en sachant que certaines expressions de ces genres sont autant originales. A noter aussi, qu'en quelque décennies (de travail de chevalet ou de sculpture) les artistes Marocains ont pu faire exprimer en différents styles ce qui a demandé (plus ou moins en qualité, non en quantité) des siècles à d'autres artistes dans d'autres régions du monde et à travers l'Histoire ? Cependant, l'authenticité de l'expression et de la recherche ou de l'interprétation artistique au Maroc (en peinture, en sculpture, en design, vidéo ou autre) est relevée dans la forme et la lumière d'un réalisme (non orientaliste), ou dans l'expression d'un abstrait (non intellectualisant), ou dans la position du symbole ou de l'objet (non meublant), dans l'esthétique (non exhibitionniste) ou dans la thématique (non simplement académique).
Mais la peinture qui reprend au Maroc l'entendement et la tradition picturale d'autres cultures, exprime aussi un droit légitime, à condition qu'elle réussisse cette reprise au lieu de n'en faire qu'un « ridicule plagiat », ou un « adoucissant » d'aliénation culturelle, ou de confusion entre l'Art et le marketing de la déco (connu en Europe). L'identité du vrai travail d'art au Maroc fait exprimer l'universalité artistique à travers l'authenticité et la diversité d'une chaleur culturelle (et non d'une culture d'ensoleillement). Ici on ne peint pas le contexte mais on l'utilise singulièrement pour faire exprimer le message qu'on « peint » ; on ne propose pas l'exhibition ou la discussion d'un « thème » mais on le prend comme « socle discret » pour une spiritualité méditative. Dans cette expression il y'a le silence expressif d'un langage subtil. Ce genre d'expression et de recherche sérieuse existe au Maroc chez beaucoup d'artistes (connus ou pas connus), même si ce n'est pas courant sur l'avant-scène, et c'est ici que réside la recherche picturale, d'autant plus qu'elle exprime aussi un grand soucis de recherche humaine et d'épanouissement spirituel. Ceci n'a rien à voir avec la tendance (bien courante aussi) qui consiste à « décider » d'être « artiste » ou « critique d'art » simplement après un bon petit déjeuner, dans un beau matin !
« Abolir »
la complaisance
Car, L'inspiration artistique, ce n'est pas une question de tempérament personnel ou d'état d'âme passager ou de conditions matérielles ; c'est une dimension de perception à laquelle on arrive -ou on arrive pas- quand on engage l'effort de transcender la vision quotidienne ou intellectuelle, pour passer à un autre langage d'expression en art (dessin ou peinture, sculpture, ou design,..) ; le reste serait le produit de circonstance d'humeur exceptionnelle, qui se ferait répéter de différentes manières techniques (le plagia, des autres ou de soi-même..), ou alors c'est « un faux semblant » fabriqué avec préméditation pour être lancé dans le marché ( et on dirait que ça réussit pas mal de fois !..). Ceci, parce que dans la réelle dimension de l'inspiration (et de l'originalité de sa trace), on engage singulièrement l'effort de maîtrise à chaque fois pour exprimer ce qui sensibilise, ou ce qui touche l'univers global de l'imaginaire. De grands artistes Marocains ont bel et bien fait exprimer la profondeur à ce niveau (et qui sont célèbres au niveau mondial), tel que Benyessef, Habbouli, Belkahia, Rabie, Fatima Hassan,.. ou de regrettés tels que Kacimi, Lakhdar, Saladi, ou encore des critiques et chercheurs en esthétique, comme le défunt Khatibi, Amran Elmaleh, Laaroussi, Achefri, Cheikh, Adib Slaoui, Amirouch et d'autres. Tout en sachant qu'il y'a aussi au Maroc d'autres qui sont morts à l'ombre, en laissant seulement des traces qu'on reconnaîtra un jour peut-être. Et dans tout cela, l'originalité serait alors la formulation d'une expression distinguée (ne reformulant pas d'autres expressions), tout comme elle serait une chanson non chantée déjà et qui sortirait d'un rêve non revu.
Apres ces quelques décennies de pratique continue et diversifiée, les arts plastiques au Maroc commencent à affirmer à travers certains travaux et tendances une certaine identité d'expression picturale contemporaine, bien considérée à l'échelle internationale. Cependant, c'est le développement de la critique d'art (et « l'abolition » de la complaisance) qui permettra plus un jour de remettre chaque chose et chaque niveau à sa place : Présenter ou étudier le travail d'un artiste ayant un authentique parcours, ne se confond pas avec la formule de présentation et d'encouragement d'un autre qui cherche -à peine- sa voie. La même lucidité de considération s'appliquerait à des galeries (ou de galeristes), pour nuancer entre travail professionnel (avec ses intérêts mérités) et « marketing d'esprit mercantile », ne distinguant pas la spécificité du produit d'art, ni l'identité spécifiée de l'authentique artiste, qui ne passerait pas nécessairement par des liens de familles (ou de lobbys !). Et puisque les mentalités du féodalisme n'initient pas leur propre changement, il serait bien utile que la « culture de la démocratie » soit appliquée et expliquée -particulièrement- dans le domaine de l'art. Cela aurait aussi un bon accompagnement si les penseurs, les philosophes et les écrivains journalistes au Maroc se mêlent plus (en toute responsabilité) de ce que nous prétendons présenter comme « Art », pour voir s'il en est ainsi, pour ne pas laisser ceci aux jugements des « actionnaires » ou spéculateurs entre eux.
Une nouvelle gestion
de la Culture
C'est bien aussi si la nouvelle gestion du Ministère de la Culture permet d'élever la réflexion sur les arts plastiques au Maroc, ainsi que sur les moyens à mettre à la disposition de leur épanouissement et le soutien des jeunes artistes (pour maintenant et pour l'avenir), et c'est bien aussi si le privé au Maroc appuie l'art et la culture si on veut retraduire la « Trace » de notre « acte civilisationnel », au lieu d'enfoncer continuellement dans la consommation de la bouffe, du béton armé et des voitures de luxe !. Et suite à la tenue (et réussite) d'une foire internationale de l'art -récemment à Casablanca-, pourquoi ne pas initier aussi des foires régionales, ainsi que des ventes aux enchères (à la même échelle), pour la proximité de la découverte et de l'appui, et pour généraliser cette culture d'appréciation, si ce n'est pas de placement dans les œuvres artistiques. En fin, d'une manière spéciale, comment stimuler les conduites générales pour faire de la consommation d'une œuvre d'art, un penchant quotidien (ou ne serait-ce qu'annuel !..), traduisant une considération de « la création » et appuyant réellement l'intégration du « produit culturel » -peint ou écrit- dans la dynamique économique globale ? Comment alors changer une atmosphère situationnelle dans laquelle un grand -ou moyen- cadre (ou commerçant) n'achète pas une œuvre une seule fois par an, ou celle dans laquelle on relève qu'un « investisseur » Marocain (particulièrement dans le tourisme) ouvre une résidence hôtelière qui lui coûte pas moins de cinq millions de dirhams, sans réserver -ne serait-ce que- vingt milles dirhams pour des oeuvres d'artistes locaux, à mettre dans cet espace où il prétend accueillir « avec culture », et colle aux murs des « aquarelles de bazars copiées à cinquante dirhams » ?!.. Et en fin, comment mettre en valeur (dans l'esprit du citoyen en général) la vraie importance d'une vraie galerie d'art, ou d'un espace d'exposition artistique ?
Néanmoins (et au milieu de tout cela), il faut reconnaître les efforts de certaines institutions, ou de particuliers ou d'associations -et de ceux qui les soutiennent- pour faire valoriser effectivement la question culturelle et artistique ; tout comme il faut reconnaître aussi ce que cela demande réellement aux décideurs politiques et aux Communes (dans cette nouvelle ère de régionalisation !..) pour faire repasser en revue le degré -réel- de considération du culturel et des moyens qu'il faut mettre à la disposition de cela. Mais aussi -sociologiquement parlant-, il faut rappeler que l'opportunisme qui affecte certains milieux politiques (ou parfois simplement et purement commerciaux !..), doit être sérieusement contourné, à cause du « virus féodal » qu'ils portent constamment et qui menace continuellement le travail commun de développement socioculturel et artistique -aspiré- au Maroc, pour une bonne affirmation participative à l'échange international.
Boujemaa Lakhdar
Abbas Saladi


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