De grosses choses se préparent pour les énergies renouvelables. Objectif: porter la part de ces énergies vertes dans la production électrique (de près de 5% actuellement) à 18% en 2012 avant d'arriver à 25% en 2030. Mais pour y arriver, la réglementation du secteur s'impose. Celle-ci devra, au-delà de l'encadrement légal et de la régulation, favoriser les investissements. Le premier projet vise principalement le développement de la production de l'énergie électrique à partir de sources d'énergies renouvelables. Il fixe également les modalités d'accès au réseau électrique. Révolution solaire... Quant au deuxième projet, il prévoit la transformation du centre de développement des énergies renouvelables (CDER) en agence. L'objectif est d'étendre les missions de l'établissement, notamment à l'efficacité énergétique, renforcer ses structures et en moderniser les méthodes de gestion. Le premier projet permet aux personnes morales (publiques/privées) ou physiques de produire, en concurrence avec l'ONE, de l'électricité à partir d'énergies vertes. La réalisation des installations de production, dont la puissance est supérieure ou égale à 2 mégawatts, est soumise à une autorisation provisoire. Si l'installation n'est pas réalisée dans un délai de trois ans, l'autorisation est systématiquement retirée. Quant à l'autorisation définitive, elle est valable pour une durée de 25 ans. Période qui peut être prorogée pour une période similaire. Cependant, si l'installation n'est pas mise en service dans l'année qui suit l'obtention de l'autorisation définitive, cette dernière devient caduque. Il en est de même lorsque l'exploitant suspend ses activités pour plus de deux années consécutives sans justification valable. Etant nominative, cette autorisation ne peut être transférée à un tiers sans l'accord de l'administration. Si l'exploitant a un projet de changement de capacité, ou de techniques initiales installées, il doit d'abord en obtenir l'aval. A l'expiration de la durée accordée pour l'exploitation, cette dernière devient propriété de l'Etat. Pour le volet commercialisation, l'exploitant dispose d'un droit d'accès au réseau électrique. Les modalités d'accès à ce réseau sont établies par une convention entre le gestionnaire du réseau et l'exploitant. Cette convention précise aussi les conditions de raccordement au réseau, les formalités commerciales de transport de l'énergie par le gestionnaire du réseau. Avec le Plan solaire marocain, la loi sur l'énergie solaire et la création de l'Agence Nationale pour les Energies Renouvelables, une avancée environnementale majeure se profile dans le ciel de notre pays. Il n'y a plus que quelques mesures à lancer en parallèle pour que la société marocaine entre de plain pied dans l'univers des énergies de demain. Par exemple, si dans le cadre du PERG (Programme d'Electrification Rurale Généralisée) on décide de doter massivement nos campagnes en énergies renouvelables, pour les 20 ou 30 prochaines années, une rupture sera faite par rapport à un modèle énergétique où le bois est le combustible le plus utilisé, et un grand pas aura été fait vers une structure nouvelle qui protège nos forêts d'un pillage quotidien et permanent, qui autorise l'autonomie de production à l'échelle régionale et locale, et qui va contribuer lentement mais sûrement à assoire une certaine souveraineté énergétique. Si l'aéroport Mohammed V va devenir en 2012 la première place aéroportuaire au monde à fonctionner essentiellement avec de l'énergie produite à partir d'une centrale éolienne (les aéroports de Rabat, Tanger, Marrakech et Agadir vont suivre...), c'est qu'il est impératif, et légitime surtout, de mettre en place des programmes sectoriels de production tous azimuts des ER, principalement dans le tourisme et l'hôtellerie, l'industrie, l'artisanat, le bâtiment (isolation thermique, chauffage, chauffe-eau solaire...) et les transports en commun... Un programme spécifique devra être consacré aux hammams (bains maures) qui massacrent chaque jour des milliers de tonnes de bois : des solutions existent sur le plan technologique, et on ne peut continuer de parler de développement durable alors qu'on laisse en paix un mode culturel qui pousse nos forêts à l'agonie et qui compromet donc le bien-être des générations futures ! Pour que la révolution, in fine, soit effective et durable, il y a un point sur lequel il va falloir trancher dans le bon sens : que le matériel technique destiné aux infrastructures solaires (photovoltaïque et solaire thermique : à ne pas confondre !) soit fabriqué au Maroc, histoire de minimiser le coût de revient. Cela ne sert à rien de fabriquer des voitures chez nous si les batteries vont être importées continuellement des Etats-Unis, d'UE, voire de Chine. Ne nous débarrassons pas de notre dépendance vis-à-vis des énergies fossiles en la remplaçant par une nouvelle dépendance par rapport aux équipements solaires et éoliens.