Avec le Plan solaire marocain, la loi sur l'énergie solaire et la création de l'Agence Nationale pour les Energies Renouvelables, une avancée environnementale majeure se profile dans le ciel de notre pays. Il n'y a plus que quelques mesures à lancer en parallèle pour que la société marocaine entre de plain pied dans l'univers des énergies de demain. Par exemple, si dans le cadre du PERG (Programme d'Electrification Rurale Généralisée) on décide de doter massivement nos campagnes en énergies renouvelables, pour les 20 ou 30 prochaines années, une rupture sera faite par rapport à un modèle énergétique où le bois est le combustible le plus utilisé, et un grand pas aura été fait vers une structure nouvelle qui protège nos forêts d'un pillage quotidien et permanent, qui autorise l'autonomie de production à l'échelle régionale et locale, et qui va contribuer lentement mais sûrement à associer une certaine souveraineté énergétique. Si l'aéroport Mohammed V va devenir en 2012 la première place aéroportuaire à fonctionner essentiellement avec de l'énergie produite à partir d'une centrale éolienne (les aéroports de Rabat, Tanger, Marrakech et Agadir vont suivre...), c'est qu'il est impératif, et légitime surtout, de mettre en place des programmes sectoriels de production tous azimuts des ER, principalement dans le tourisme et l'hôtellerie, l'industrie, l'artisanat, le bâtiment (isolation thermique, chauffage, chauffe-eau solaire...) et les transports en commun... Un programme spécifique devra être consacré aux hammams (bains maures) qui massacrent chaque jour des milliers de tonnes de bois : des solutions existent sur le plan technologique, et on ne peut continuer de parler de développement durable alors qu'on laisse en paix un mode culturel qui pousse nos forêts à l'agonie et qui compromet donc le bien-être des générations futures ! Pour que la révolution, in fine, soit effective et durable, il y a un point sur lequel il va falloir trancher dans le bon sens : que le matériel technique destiné aux infrastructures solaires (photovoltaïque et solaire thermique : à ne pas confondre !) soit fabriqué au Maroc, histoire de minimiser le coût de revient. Cela ne sert à rien de fabriquer des voitures chez nous si les batteries vont être importées continuellement des Etats-Unis, d'UE, voire de Chine. Ne nous débarrassons pas de notre dépendance vis-à-vis des énergies fossiles en la remplaçant par une nouvelle dépendance par rapport aux équipements solaires et éoliens. Pour conclure, la révolution solaire devra toucher également le département des Finances qui devra fournir l'effort nécessaire en vue de détaxer les produits utilisés dans l'énergie renouvelable.