Le syndicat des retraités du Maroc intensifie son appel pour une hausse des pensions des veuves, qui peinent à joindre les deux bouts dans un contexte économique difficile. Le débat sur l'augmentation des pensions des veuves refait surface. Un sujet délicat qui touche autant les femmes privilégiées que celles en situation de précarité extrême. Reprendre le cours de sa vie après le décès d'un conjoint n'est jamais facile. Dans ce contexte, le syndicat des retraités du Maroc a exprimé son inquiétude face à la situation sociale des veuves et des retraités, demandant qu'elles bénéficient d'une pension entière de leur conjoint décédé, au lieu de la moitié (50%) actuelle. Le syndicat a également dénoncé l'indifférence face à ces revendications légitimes, formulées par l'UMT et d'autres organisations, en faveur de l'amélioration des conditions de vie des veuves à travers les différentes caisses de retraite (Caisse marocaine de retraite, Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite, régime collectif d'allocation de retraite, et CNSS). Dans une autre initiative, le syndicat a appelé le gouvernement à accorder une augmentation générale de 1.500 dirhams des pensions des retraités, afin de compenser l'impact de l'inflation qui pèse lourdement sur les ménages de classe moyenne. A cet égard, il a aussi exigé l'application de l'article 68 de la loi sur la Caisse nationale de sécurité sociale, qui stipule un réajustement des pensions de vieillesse, d'invalidité et de survivants à chaque augmentation des prix. Face à la volatilité des prix des produits de première nécessité, le syndicat a réclamé une revalorisation du montant minimum des pensions pour qu'il soit aligné sur le salaire minimum en vigueur. De plus, il a renouvelé son appel aux autorités, notamment au ministère des Finances et à la Direction générale de la CNSS, pour relever le plafond des salaires pris en compte pour le calcul des pensions de retraite, en le portant à 10.000 dirhams, contre les 6.000 dirhams actuels. Cet appel rejoint celui de l'activiste Stéphanie Willman Bordat, associée fondatrice de MRA Mobilising for Rights Associates, qui a souligné que de nombreuses veuves peinent à vivre dignement et à nourrir leurs enfants. Elle évoque, à cet effet, l'exemple bouleversant d'une jeune veuve de 16 ans, contrainte de nouer des relations avec des hommes pour nourrir ses enfants, en raison de la violence, des préjugés et de la discrimination, ainsi que d'une pension médiocre. Elle raconte dans un rapport d'Amnesty International que si elle avait eu les moyens économiques, elle n'aurait pas eu besoin de recourir à ces relations pour se protéger. Même son de cloche pour certains députés, qui ont appelé à une augmentation du montant minimum des pensions des veuves à 1500 dirhams, estimant que la somme actuelle est insuffisante. Ils ont exprimé leurs préoccupations face aux conditions de vie difficiles des veuves, exacerbées par l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat. Il a ainsi été noté que, selon eux, 75 % des retraités du régime de sécurité sociale perçoivent des pensions inférieures à 2000 dirhams. Les députés ont également demandé des informations sur la part des dépenses allouées aux veuves parmi les 34.000 bénéficiaires estimés. Cette même vision a été soutenue par M. Maaloum Bouchaïb, Président de l'Union des Syndicats des Retraités du Maroc, qui a souligné : « Les veuves vivent dans une précarité extrême. Elles se retrouvent souvent avec seulement 1000 dirhams après la mort de leur mari, tout en devant s'occuper de leurs enfants. C'est une souffrance insupportable ». Il a poursuivi, en ajoutant : « Dans certains cas, les veuves finissent par mourir elles aussi, laissant leurs enfants sans aucun soutien financier pour survivre. Certaines ne touchent que 100 dirhams, une situation d'une gravité alarmante ».