Révélations A l'initiative de l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca et l'Arrondissement Sidi Belyout, six lauréats de ladite école présentent leurs œuvres récentes du 2 au 20 février 2010 : Khalid Bayi, Moubarak Amane, Najat Moufid, Amel Madiou, Hassan Mounazil et Moulay Smail Zaroil. Organisée sous le signe « révélations » à la Galerie Sidi Belyout ( Rue Lion Africain, face CTM, Casablanca ), cette exposition se veut une plate forme pédagogique dont l'enjeu qualitatif est de faire voir le noyau dur des expériences plastiques menées par six lauréats qui ont pu aujourd'hui façonner un langage visuel libre et autonome. Il s'agit de six registres expressifs marqués par l'amplitude des œuvres picturales abouties qui ont retenu actuellement l'attention des férus d'art et des récepteurs avisés. Avec une aisance éblouissante, les six exposants travaillent sur les couleurs, les formes, la matière, la texture, la poéticité, le rythme, les traces pictographiques, et ce selon un langage plastique bien recherché qui se déploie en totale liberté et exprime différemment sa « nature intérieure » et ses illuminations : ce langage iconique est récurrent pendant toutes les années de leurs activités professionnelles. Après avoir réalisé avec brio des œuvres de leurs débuts qui n'étaient que des tâtonnements pour trouver leur propre voie, ces lauréats commencent à s'exprimer et à correspondre avec les différentes tendances novatrices de leur temps, ce qui permet d'affirmer qu'ils devient alors des acteurs créatifs dont la création appartient résolument au 21 siècle. Ils dépassent la particularité des espaces vécus pour ne garder que l'impression de la nature « intérieure », pure et spontanée. Pour ces artistes, les compositions picturales sont des traductions visuelles d'événements profondément spirituels. Les couleurs composent des champs qui semblent poussés par un souffle puissant sur la surface du tableau. Ces champs colorés, majoritairement délimités par des formes, structurent l'espace tout en accentuant l'idée de l'abondance. La lumière, les traces, la magie colorée des espaces, les sources surtout l'imaginaire collectif, qui est pour eux l'origine de l'âme humaine, vont profondément marquer leurs œuvres. Les soixante tableaux exposés, bien que peints ici ou ailleurs, représentent leurs réminiscences allégoriques de leurs espaces d'appartenance et de leurs repères identitaires. Mi-réalistes, mi-abstraits, les tableaux exposés se présentent comme un espace intime où la couleur tient déjà une place dominante, ce qui rend les motifs assez vivants et rythmiques. Les artistes exposants recherchent une peinture connotative qui corresponde à leur « nécessité intérieure ». C'est cette nécessité qui anime leur acte de repenser l'image avec des images et de se remettre en question. Elle est l'origine même de leurs recherches plastiques et leur « capital symbolique » qui traversera l'ensemble de leurs œuvres représentatives. A travers « Révélations », les exposants nous invitent à contempler la beauté artistique aux rythmes des palpitations particulières de leurs cœurs et de leurs états d'être. Ces jeunes artistes incorporent beaucoup de leurs rêves et de leurs fantasmes. Ils s'efforcent d'exprimer la musicalité de leurs âmes par la vie des traces et la répartition des taches multicolores. Il y a de la musique dedans. Cela leur donne une audace nouvelle pour entreprendre d'autres choses et investir d'autres voies. Cette exposition nous ramène donc dans un univers plastique où les touches de couleur sont reparties sur la surface des tableaux et ponctuent les formes pour créer une scène onirique hors du temps. Abdellah Cheikh (Critique d'art )