- Les médias jouent-ils vraiment un rôle essentiel dans la diffusion de la culture authentique ? - Est-ce que nous pouvons nous fier, sans aucun souci, aux productions médiatiques des biens culturels ? - Les émissions télévisées et les films au cinéma ont-ils la capacité de prendre la place des livres en papier ? Ce sont là quelques questions, qui ont traversé mon esprit, en parcourant l'ouvrage passionnant et intéressant de Rémy Rieffel à savoir « Sociologie des médias ». Cette œuvre procède à la correction de certaines croyances erronées de certains de nos intellectuels. Avant de répondre aux questionnements précédents nous devons reconnaître que les médias accomplissent une mission indéniable dans la diffusion, à grandes échelles, de produits culturels : livres, musique, films, expositions picturales, représentations théâtrales. Ils les font connaître au grand public et aux masses populaires. Mais ont-ils pour autant une place réelle dans les analyses littéraires et artistiques. Faudrait-il nous contenter des bribes de culture émis par le support médiatiques, mêmes les plus récentes, à savoir l'Internet pour prétendre être cultivés et prendre connaissance des références de base, qui ne sont autres que les livres. A cet égard, Rieffel nous rappelle qu'à l'époque actuelle la culture obéit à la loi du marché, c'est pourquoi il faudrait recourir, comme il dit, aux techniques du marketing car « la culture se vend de plus en plus en fonction de rentabilité, d'efficacité et de stratégies de promotion très élaborées ». (p. 67). Affirmons que les médias ont contribué largement à ce côté industriel de la culture, puisque deux phénomènes récents ont renforcé la loi de l'offre et de la demande ainsi que de l'aspect économique des productions culturelles : a) la création de multinationales de la communication qui dominent journaux, livres, programmes, films, disques… b) la mondialisation qui favorise les pays riches à consolider leur hégémonie sur les marchés des biens culturels des pays pauvres. « Les grands groupes de communication jouent sur tous les tableaux et tentent d'obtenir une suprématie incontestée en maîtrisant toutes les formes de production et de diffusion de la culture ». (p. 68) Dans ce contexte de compétitivité atroce et inégale l'édition, petite et moyenne, se trouve dans des difficultés immenses pour publier des ouvrages, peu rentables, et qui sont en général, d'une valeur incontestable. D'où le danger qui guette la publication de livres de sciences sociales (sociologie, histoire, psychanalyse, économie, essai…), qui régressent devant les publications à gros tirages de grand groupes, mais de valeur contestable et éphémère. La même remarque est valable pour les productions cinématographiques et médiatiques, car aujourd'hui, des groupes industriels considèrent les journaux comme n'importe quelles autres marchandises. Par conséquent, ils n'accordent pas d'importance aux côtés intellectuel et informatif des journaux. Ces remarques nous poussent à affirmer que les industrie culturelles, régies par les médias, contribuent malheureusement à l'uniformisation et par conséquent à la dévalorisation des produits intellectuels : (livres, journaux, films, disques…). Néanmoins pour parer à cet aspect négatif les auditeurs et spectateurs sont appelés à user fortement de leur esprit critique. Pour nous ce qui fait la valeur d'une culture c'est ses particularités, son originalité, sa spécificité et ses apports nouveaux et positifs à la civilisation humaine. C'est pourquoi il est vital pour le public des produits culturels diffusés médiatiquement d'être vigilants et de décortiquer la graine de l'ivraie. Il s'agit d'éviter, à tout prix, toute consommation aveugle de ces produits sans les avoir analyser en profondeur, sans revenir à leurs références d'origine car on risque de tomber dans la médiocrité, la dénaturation et la décadence de la culture vraie et authentique. La problématique soulevée par le chapitre 4 du livre « Sociologie des médias » intitulé « Les médias contre la culture ? » est digne d'intérêt et d'étude, car si la diffusion d'œuvres littéraire et artistique par les différents moyens des mass-médias (presse, audio-visuels, Internet, cinéma etc) est en fait louable, elle reste cependant très insuffisante, car rien ne peut remplacer la réception personnelle et directe de ces œuvres. C'est pourquoi nous appelons à leur étude effective avant de les voir sur les écrans (ou même après) et surtout de procéder individuellement à leurs analyses approfondies. - A suivre -