Le Fonds Monétaire International vient de publier un nouveau rapport sur l'économie de l'Afrique subsaharienne. Il recommande que les décideurs doivent se livrer à un véritable exercice d'équilibriste conciliant la quête d'une stabilité macroéconomique à la réponse aux besoins de développement et à l'assurance de l'acceptabilité sociale et politique des réformes. C'est un document qui passe au peigne-fin la situation économique des pays de l'Afrique subsaharienne. Il s'agit du dernier rapport Fonds monétaire international (FMI), qui vient de tenir ses Assemblées annuelles avec la Banque Mondiale à Washington.L'institution financière prévoit, dans son rapport sur les perspectives régionales, une croissance de 3,6% cette année en Afrique subsaharienne. Dans leur analyse, les experts du Fonds soulignent que l'inflation, tout en reculant moyennement, reste à deux chiffres dans près d'un tiers des pays. Cependant, ils déplorent une stabilisation de la dette publique « à un niveau élevé », au moment où le fardeau croissant du service de la dette « prive les pays des ressources nécessaires aux dépenses de développement ». Ils reconnaissent aussi que les pays d'Afrique subsaharienne évoluent dans un paysage économique complexe marqué à la fois par des progrès et des vulnérabilités persistantes.Bien que les déséquilibres globaux aient commencé à se résorber, la situation est hétérogène pour les pays subsahariens, indique le FMI. La croissance régionale est globalement atone et inégale, note le document, lequel prévoit une modeste reprise l'année prochaine à 4,2%. Selon l'institution financière internationale, les conditions de financement « demeurent restrictives », alors que « l'interaction complexe entre la pauvreté, le manque de débouchés et la mauvaise gouvernance, conjugués à des hausses du coût de la vie et à des difficultés à court terme liées aux ajustements macroéconomiques, nourrissent les frustrations sociales ».
Recul de l'inflation Pour Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique au sein du FMI, la performance économique est inégale alors que de nombreux pays de la région comptent parmi les économies à la croissance la plus rapide au monde. En effet, les pays riches en ressources naturelles, en particulier les exportateurs de pétrole, continuent d'enregistrer des taux de croissance plus faibles. De son côté, Antonio David, chef adjoint au FMI en charge de l'Afrique, met en avant les réformes qui portent leurs fruits. A l'en croire, il s'agit de la réduction des déséquilibres macroéconomiques grâce à des efforts d'ajustement. Il fait remarquer que l'inflation s'est réduite et près de la moitié des pays présentent des taux qui sont déjà conformes aux cibles. Tout cela grâce à un resserrement de la politique monétaire qui a été réalisé par plusieurs pays. « À la suite de ces efforts-là, la dette s'est stabilisée autour de 58% du PIB. Certes, c'est un niveau encore élevé, mais au moins, elle est sur une trajectoire stable », insiste Antonio David. Ce qui fait dire à Abebe Aemro Selassie que si une certaine amélioration des déséquilibres macroéconomiques est indéniable, la croissance reste insuffisante pour réduire de manière significative la pauvreté ou relever les défis substantiels du développement dans la région. Le rapport constate, par ailleurs, l'urgence de la création d'emplois, la divergence économique entre les pays riches en ressources et les pays qui n'en ont pas, et les effets positifs de la lutte pour une plus grande égalité des sexes. Dans ce contexte, soutient le rapport, les décideurs doivent se livrer à un véritable exercice d'équilibriste conciliant la quête d'une stabilité macroéconomique à la réponse aux besoins de développement et à l'assurance de l'acceptabilité sociale et politique des réformes, recommande le FMI. Mettre en œuvre les réformes nécessaires
L'Afrique subsaharienne peut relever ces défis et progresser vers une croissance plus durable et plus inclusive, note M. Selassie. « Toutefois, la voie à suivre nécessite un calibrage minutieux des politiques et un engagement ferme à mettre en œuvre les réformes nécessaires tout en gérant les pressions sociales ». Les prévisions indiquent, d'autre part, que l'inflation devrait poursuivre sa trajectoire descendante l'année prochaine, avec des baisses considérables, notamment en Angola, au Ghana et au Nigeria. Cependant, il faut quand même essayer de ne pas avoir une combinaison de politiques budgétaires et monétaires qui soient trop restrictives et qui puissent exacerber les frustrations et les agitations sociales, lit-on dans le rapport. Pour le cas du Nigeria, le FMI préconise la fin des subventions au carburant au moment où le prix du carburant explose. Antonio David estime que ces mesures, essentielles pour assurer la stabilité macroéconomique, ont certainement des coûts à court terme et les populations le sentent. On préconise par exemple de commencer par changer les prix des produits qui sont consommés par les couches les plus aisées, avant de passer à des produits qui sont consommés par les plus pauvres.