Depuis que le ministre de la Justice a évoqué le caractère « illégal » de l'exigence d'un acte de mariage pour les couples souhaitant séjourner dans les hôtels, la polémique ne cesse de s'amplifier. Sur les réseaux sociaux, les avis divergent entre ceux qui soutiennent cette lecture et les autres qui y voient une atteinte aux valeurs de la religion. Et au sein des établissements hôteliers, d'aucuns s'adaptent à la nouvelle donne, tandis que d'autres campent sur leurs pratiques antérieures pour des raisons « culturelles ». Mais au-delà des débats théologiques, ce changement de paradigme est porteur de plusieurs leçons. Premièrement, l'importance de se prémunir de textes juridiques clairs pour éviter les ambiguïtés, surtout dans les affaires liées à la gestion de la société. L'idée est donc de dépasser la logique des instructions orales, qui, dans plusieurs cas, induisent vers des enfreintes à la loi.
Le fait que certains établissements hôteliers exigent encore la production des actes de mariage prouve d'ailleurs que même les déclarations d'un ministre ne suffisent pas pour changer les pratiques et les habitudes de toute une société. Seuls les documents officiels sont sérieusement pris en considération par les citoyens et les professionnels.
Cette polémique nous donne également un avant-goût de l'impact social des décisions qui touchent aux sujets tabous au sein de notre société. Alors que le nouveau texte de la Moudawana s'apprête à voir le jour, cette controverse est une sorte de baromètre qui renseigne sur la nécessité de garder un équilibre subtil dans la prochaine mouture du texte de loi, qui, tout en étant progressiste, devrait éviter d'offusquer les sentiments des Marocains.
Car, au final, l'enjeu principal de la réforme du Code de la Famille est de garantir la stabilité sociale et non pas de créer de nouvelles fractures au sein de la société.