Noor Slaoui sera l'un des fers de lance de l'équipe marocaine d'équitation, aux Jeux Olympiques de Paris. Elle explique pourquoi s'être lancée dans une telle aventure, et ce que cela implique pour elle et ses chevaux. - Noor Slaoui, vous êtes la première cavalière représentant le Royaume et le monde arabe aux épreuves du concours complet (triathlon équestre) au Jeux Olympiques de Paris. Dans quel état d'esprit êtes-vous : ressentez-vous de la joie ou bien plutôt beaucoup de stress ? - Je dirai que c'est un mix entre joie et stress. C'est de l'excitation (sourire). J'ai hâte d'y participer et de représenter le Maroc pour la première fois. C'est un grand honneur pour moi. - Le Concours complet est la discipline équestre la plus large, la plus exhaustive, la plus exigeante sans doute aussi. Qu'est-ce qui vous a poussée à choisir cette discipline en particulier ? - J'ai découvert le Concours complet assez tard, quand j'ai déménagé en Angleterre pour mes études. Sur la route pour arriver à l'Université, je voyais tout le temps de nombreuses personnes pratiquer du Complet. Dans ce pays, l'équitation est une discipline reine et où le cheval est omniprésent. Je me suis rendue compte que la plupart des équipes internationales venaient ici pour se baser et s'entraîner. Je suis ensuite tombée amoureuse de cette discipline équestre, notamment le cross-country, qui est la discipline phare du Concours complet, qui provoque énormément d'adrénaline et de sensation de liberté que j'adore. - Dans cette discipline, on a besoin d'un cheval polyvalent pour ces trois étapes. Votre cheval "Cash in Hand" l'est-il devenu avec les entraînements où est-ce qu'on naît polyvalent ? -"Cash in Hand" a toujours été polyvalent mais certainement il y a toujours une discipline dans laquelle un cheval est meilleur qu'un autre. Certains sont gâtés par la nature et bons pour le dressage, qui sert à démontrer l'élégance des mouvements du cheval. D'autres sont très bons sur le cross-country, où le cavalier est appelé à parcourir des obstacles naturels et fixes. Certains ont besoin de beaucoup de travail à faire sur le saut d'obstacles, un test qui nécessite de la précision. Donc oui, les deux critères sont importants. - Pouvez-vous nous décrire une semaine type d'entraînement ? - Les entraînements varient en fonction de certains critères. Dans mon écurie j'ai 17 chevaux. Chacun d'entre eux a son programme selon son niveau, son âge... C'est vrai que "Cash in Hand" a un programme très varié. Durant la saison d'entraînement, il nage pendant le premier jour de la semaine. Le deuxième jour sera consacré au "water treadmill", tandis qu'au troisième il peut aller sur une piste de galop pour travailler son cardio, il peut sauter le lendemain, ensuite faire du dressage. Arrive le temps d'une balade le sixième jour, suivi d'un jour de repos. N'empêche d'adapter ce programme aux compétitions disputées. - Au Maroc, les sports équestres se sont développés dernièrement, mais restent peu accessibles aux plus jeunes. Que faudrait-il faire pour les populariser davantage ? - C'est vrai que ce sport est en développement ces dernières années. La Fédération Royale Marocaine des Sports Equestres (FRMSE) fait énormément de choses pour développer les sports équestres et les rendre accessibles aux jeunes. Les personnes intéressées par ces sports ont également leur part de responsabilité dans ce sens. Il est important d'avoir une bonne connaissance du cheval et un amour pour l'animal. Cet amour vient en premier, le sport vient en deuxième lieu. Propos recueillis par Safaa KSAANI Portrait Une jeune cavalière pleine d'avenir Noor Slaoui a pratiquement su monter à cheval avant de marcher. Cette passion pour l'équitation, la jeune femme l'a cultivée depuis l'âge de quatre ans, lorsqu'elle montait sur les mulets dans les vallées avant de découvrir les chevaux. Depuis, cette passion ne l'a plus quittée. Ensuite, Noor s'est inscrite dans un club à Darwaza, à Casa, où elle faisait de l'équitation de loisir. Alimentée par cette envie d'être cavalière professionnelle, elle s'envole vers la France après son baccalauréat pour y rejoindre l'Ecole nationale d'équitation, où elle passera son monitorat d'équitation. Elle s'inscrit ensuite à l'université de Warwick en Angleterre où elle étudie les sciences politiques. C'est à ce moment que la cavalière âgée de 27 ans découvre la discipline du concours complet, comme elle nous l'explique dans notre interview ci-dessus. Au fil du temps, Noor Slaoui fait partie des plus jeunes cavaliers au classement mondial, et compte bien continuer à se perfectionner pour courir les plus grandes compétitions du monde entier. Noor Slaoui marquera l'Histoire en devenant la première cavalière à représenter le Royaume et les pays arabes aux épreuves olympiques de Paris du Concours Complet qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août 2024.